Homélie, 24ème lundi du Temps Ordinaire

12 SEPTEMBRE 2022

Communion de vie

Aujourd’hui, le frère Jean-Louis Larochelle, O.P., nous fait part des difficultés auxquelles certaines des premières communautés chrétiennes ont fait face tout en tentant de rester fidèles au message du Christ.
 
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Homélie

Nous sommes spontanément portés à idéaliser les premières communautés chrétiennes. Nous les imaginons souvent ferventes et capables de bien soutenir leurs membres. Et comme ces communautés étaient marginales et marginalisées, nous les imaginons aussi aptes à bien résister aux pressions sociales. À nos yeux, ce n’était pas des milieux où l’on rencontrait la médiocrité et le laisser-aller. Un tel relâchement aurait rapidement mené à la dissolution rapide de ces communautés. Mais les historiens du christianisme nous rappellent que s’il y a eu des communautés remarquables aux origines, il y a eu aussi, et en parallèle, de jeunes communautés chrétiennes qui n’ont pas réussi à relever de manière significative le défi de la fidélité au Christ Jésus et à son Évangile.

Nous savons par exemple que saint Paul a eu une véritable admiration pour la communauté qu’il avait fondée en l’an 58 dans la ville de Philippe. C’est Lydia, la femme d’affaires marchande de pourpre, qui l’avait accueilli chez elle et qui avait, en plus, soutenu matériellement la nouvelle communauté. Saint Paul ne dit-il pas : « Je rends grâces à mon Dieu chaque fois que j’évoque votre souvenir : toujours, en chaque prière pour vous tous, c’est avec joie que je prie, à cause de la part que vous avez prise avec nous à l’Évangile depuis le premier jour jusqu’à maintenant »? (Ph 1,3-5) Mais ce n’est pas du tout le même discours qu’il tient avec la communauté de Corinthe. Cette dernière, il l’avait fondée en l’an 50, avec l’appui de Priscille et Aquila, un couple chrétien fortuné. Mais le développement de cette communauté ne s’est pas déroulé comme prévu. En l’an 56, il écrit à ses membres parce qu’il y a des divisions sérieuses entre eux (cf. I Co 1, 11-13), parce qu’il y a des cas d’inconduite morale grave (cf. I Co 1, 1-5). Et dans le passage que nous avons lu tout à l’heure, il leur reproche à la fois leur manque de solidarité dans leur façon de célébrer l’Eucharistie et leur lecture superficielle du sacrement. Les gens mieux nantis économiquement semblent manger à part des petites gens et des esclaves. Brisure évidente de la fraternité fondée sur la communion au Christ. En plus, il observe que ces Corinthiens nouvellement baptisés manifestent une compréhension insuffisante de l’Eucharistie. La table partagée le Jour du Seigneur ne doit pas être un simple rappel du geste de la Dernière Cène mais l’accueil, dans la foi, de la vie même du Christ ressuscité.

Il faut reconnaître ici que saint Paul demandait à ces nouveaux baptisés un énorme changement de registre. Car vivre l’Évangile dans la ville portuaire de Corinthe constituait un véritable défi. Corinthe était une ville très diversifiée et pluraliste. Elle comptait à l’époque au moins un demi-million d’habitants. Toutes les races et toutes les religions se côtoyaient de même que bien des visions de la vie. C’était un monde éclaté. Le choix de faire sienne la vision évangélique rencontrait beaucoup de défis. Et les incompatibilités entre les diverses visions religieuses et philosophiques et la foi au Christ ne sautaient pas nécessairement aux yeux de tous les nouveaux chrétiens. D’où les attitudes et les comportements que saint Paul identifiait comme inacceptables.

À voir ce qui se passait à Corinthe, nous sommes invités à reconnaître que toute communauté chrétienne vivant dans un milieu pluraliste a besoin d’une catéchèse continue pour que la consistance de la foi de ses membres puisse se maintenir. Et dans nos sociétés matérialistes contemporaines, il faut convenir que c’est la dimension spirituelle qui est surtout menacée. En particulier, il importe de maintenir vive la conviction que participer à l’Eucharistie, c’est communier à la vie même du Christ Jésus. Car c’est dans cette communion de vie que nous pouvons progressivement en arriver à agir comme lui, à aimer comme lui et à servir comme lui. Puisse cette grâce nous être accordée!

Fr. Jean-Louis Larochelle, O.P.

 

PRIÈRE

Seigneur Dieu,
toi qui unis les cœurs des fidèles dans une seule volonté :
donne à ton peuple d’aimer ce que tu commandes
et de désirer ce que tu promets,
pour qu’au milieu des changements de ce monde,
nos cœurs s’établissent fermement là
où se trouvent les vraies joies.
Par Jésus Christ, ton Fils,
notre Seigneur et notre Dieu,
qui vit et règne avec toi
dans l’unité du Saint-Esprit,
Dieu, pour les siècles des siècles.
∞ Amen.