9 SEPTEMBRE 2022
Un regard favorable
Aujourd’hui, le frère Carlos Ariel Betancourth Ospina, O.P. nous invite à imiter le regard miséricordieux de Dieu afin d’éviter la tentation de juger les autres.
PREMIÈRE LETTRE DE SAINT PAUL APÔTRE AUX CORINTHIENS (9, 16-19.22-27)
Frères, annoncer l’Évangile, ce n’est pas là pour moi un motif de fierté, c’est une nécessité qui s’impose à moi. Malheur à moi si je n’annonçais pas l’Évangile ! Certes, si je le fais de moi-même, je mérite une récompense. Mais je ne le fais pas de moi-même, c’est une mission qui m’est confiée. Alors quel est mon mérite ? C’est d’annoncer l’Évangile sans rechercher aucun avantage matériel, et sans faire valoir mes droits de prédicateur de l’Évangile.
Oui, libre à l’égard de tous, je me suis fait l’esclave de tous afin d’en gagner le plus grand nombre possible. Avec les faibles, j’ai été faible, pour gagner les faibles. Je me suis fait tout à tous pour en sauver à tout prix quelques-uns. Et tout cela, je le fais à cause de l’Évangile, pour y avoir part, moi aussi.
Vous savez bien que, dans le stade, tous les coureurs participent à la course, mais un seul reçoit le prix. Alors, vous, courez de manière à l’emporter. Tous les athlètes à l’entraînement s’imposent une discipline sévère ; ils le font pour recevoir une couronne de laurier qui va se faner, et nous, pour une couronne qui ne se fane pas.
Moi, si je cours, ce n’est pas sans fixer le but ; si je fais de la lutte, ce n’est pas en frappant dans le vide. Mais je traite durement mon corps, j’en fais mon esclave, pour éviter qu’après avoir proclamé l’Évangile à d’autres, je sois moi-même disqualifié.
ÉVANGILE DE JÉSUS CHRIST SELON SAINT LUC (6, 39-42)
En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples en parabole : « Un aveugle peut-il guider un autre aveugle ? Ne vont-ils pas tomber tous les deux dans un trou ? Le disciple n’est pas au-dessus du maître ; mais une fois bien formé, chacun sera comme son maître.
Qu’as-tu à regarder la paille dans l’œil de ton frère, alors que la poutre qui est dans ton œil à toi, tu ne la remarques pas ? Comment peux-tu dire à ton frère : “Frère, laisse-moi enlever la paille qui est dans ton œil”, alors que toi-même ne vois pas la poutre qui est dans le tien ? Hypocrite ! Enlève d’abord la poutre de ton œil ; alors tu verras clair pour enlever la paille qui est dans l’œil de ton frère. »
Homélie
L’Évangile de ce jour nous parle de l’orgueil des pharisiens. Le fait de juger les autres en les condamnant est un signe sans équivoque d’intolérance, qui naît de l’orgueil – la poutre dans notre propre œil -, qui nous empêche de nous voir tels que nous sommes et nous amène à croire que nous sommes meilleurs que les autres.
Le jugement sur nos frères et sœurs ne nous appartient pas. Il appartient à Dieu dont nous devons imiter la compréhension patiente envers la faiblesse humaine. Le pharisaïsme puritain est toujours vivant, malheureusement. C’est une attitude mentale qui fausse notre relation avec Dieu et avec nos frères ; tout cela parce qu’il nous aveugle, nous rendant incapables de nous voir tels que nous sommes.
Chaque membre de la communauté, qu’il soit dirigeant ou simple membre, doit être attentif à la tentation de devenir juge ou procureur pour juger ou corriger un autre frère.
Maintenant, si « le disciple n’est pas au-dessus du maître », un chrétien doit suivre les traces de Jésus. Et Il a accepté tout le monde, chaque personne avec ses défauts, à commencer par ses apôtres. Et Il n’a pas condamné les faibles, mais a essayé de les aider, comme il l’a fait avec la femme adultère.
Toute notre relation avec les autres doit reposer sur une modalité très simple et un secret très efficace : l’amour. Aimer les autres comme Dieu nous aime tous, comme Il nous accepte tels que nous sommes, nous comprend et nous invite à la conversion.
La correction fraternelle est bonne quand elle est une médiation de la charité et un
exercice de sa propre conversion et de celle des autres.
Le témoignage chrétien d’un visage serein, compréhensif et tolérant, contrairement à un geste inquisiteur, est évident. C’est pourquoi nous nous sentons tous à l’aise en présence d’un ami ou d’un conseiller qui ne porte pas de jugement sur nous, qui ne nous juge pas en nous condamnant. C’est ainsi que Dieu est.
Toute la loi du Christ se résume dans l’amour. Par conséquent, nous devons procéder avec amour et sympathie lorsque nous excusons les défauts des autres et valorisons leurs qualités auprès des autres. Bien que personne n’ait toutes les vertus, chacun excelle dans certaines. Et n’oublions pas que nous avons aussi des défauts qui agacent nos frères et sœurs. Et pourtant, nous voulons qu’ils nous comprennent et nous acceptent, et réciproquement.
Je termine ma réflexion par une question : nous soucions-nous de porter un regard favorable sur les gens qui nous entourent, de valoriser leurs aspects positifs et de minimiser les aspects négatifs ?
Je voudrais finir ma prédication aujourd’hui, le 9 septembre, en faisant mémoire de Saint-Pierre Claver, prêtre jésuite espagnol envoyé à Cartagena de Indias, en Colombie, ma patrie, en 1615.
Il s’est destiné à assister les esclaves avec ses soins médicaux, ses conseils et sa catéchèse. Tandis que les esclaves étaient détenus à Cartagena, attendant d’être achetés et emportés à divers endroits, le père Claver les instruisait et les baptisait, il prenait soin de leurs besoins et les défendait de leurs oppresseurs.
Ses cendres reposent maintenant dans l’église qui porte son saint nom, à Cartagena de Indias.
Fr. Carlos Ariel Betancourth Ospina, O.P.
PRIÈRE
tu as fait de saint Pierre Claver l’esclave des esclaves,
et tu lui as donné la force de leur venir en aide
avec une patience et une charité admirables;
accorde-nous, à son intercession,
de rechercher ce qui plaît à Jésus Christ
et d’aimer notre prochain en actes et en vérité.
Par Jésus Christ, ton Fils, notre Seigneur et notre Dieu,
qui vit et règne avec toi
dans l’unité du Saint-Esprit,
Dieu, pour les siècles des siècles.