Homélie, 22ème samedi du Temps Ordinaire

3 SEPTEMBRE 2022

Au service de la libération humaine

Aujourd’hui, le frère Mateus Domigues da Silva, O.P., nous rappelle à quel point Jésus considérait l’amour de Dieu ainsi que l’amour et le bien-être du prochain comme supérieurs en priorité aux rites et aux règles religieuses.

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Homélie

Le sens général de cet épisode (Lc 6, 1-5) n’est pas difficile à saisir. On reproche à Jésus d’autoriser ses disciples à arracher des épis au jour du sabbat ; or, en employant David comme paradigme, Jésus montre que, pour en finir avec la faim, tout est permis, même désobéir au Décalogue.

Il me semble qu’ici le problème n’est ni le Décalogue ni le commandement concernant le sabbat. Le problème, c’est quand la religion et ses lois sont instrumentalisées, en devenant une barrière pour la libération de gens et de peuples. Si c’est le cas, dans l’évangile du jour, la question du sabbat est sans aucune importance – il pourrait être n’importe quel autre commandement.

À la lumière de cet évangile (Lc 6, 1-5), je me demande tout de même : pourquoi la faim de ses disciples permet à Jésus de relativiser un commandement révélé par Dieu ?

D’après la révélation biblique, c’est parce que, ce que l’on fait ou pas à leur égard c’est à Dieu lui-même, manifesté en Jésus-Christ, le Fils de l’Homme, qu’ont est en train de le faire. Lorsque nous abandonnons un nécessiteux, c’est Dieu que nous abandonnons. Lorsque nous privons quelqu’un de manger, même si c’est à cause de la religion et en tout respect aux commandements divins et à la loi du Seigneur, c’est Dieu que nous privons. De même, quand nous soulageons sa souffrance, c’est à Dieu que nous le faisons.

Parmi les croyants, il peut y avoir une tendance à sacraliser des livres, des traditions, des institutions, des bâtiments, des normes, des rites et des doctrines, tandis que, d’après Jésus, les seules choses sacrées sont Dieu et le prochain.

Ces messages surprenants nous incitent à tourner nos regards vers ceux qui souffrent. Pas de religion véritable si ce n’est pas en défendant les plus démunis, en soulageant leur souffrance et en restaurant leur dignité. Point de commandement divin si ce n’est pas pour le bien-être humain.

Jésus vient à notre rencontre dans chaque personne qui souffre, il nous regarde, nous interroge et nous interpelle. Rien ne nous approche autant de lui que d’apprendre à regarder avec attention et tendresse le visage de ceux qui souffrent. Nulle part ailleurs nous ne pourrons reconnaître de manière plus authentique le visage de Jésus.

Il nous faut donc changer de façon de penser, d’être et d’agir. Il faut que, désormais, la religion ne soit plus source d’aliénation, mais un noyau de résistance, un instrument de critique sociale et culturelle permanente, une source de vie, qu’elle soit donc libératrice et révolutionnaire. Bref, il faut que nous apprenions que le Fils de l’Homme est le maître du sabbat, puisque le sabbat n’a de sens qu’à condition d’être au service de la libération humaine.

Fr. Mateus Domingues da Silva, O.P.

 

PRIÈRE

Seigneur Dieu,
tu veilles sur tes peuples avec bonté,
et tu les gouvernes avec amour ;
par l’intercession du bienheureux pape Grégoire,
accorde un esprit de sagesse à ceux qui ont reçu de toi
la charge de conduire l’Église :
que les progrès du troupeau fidèle
fassent la joie éternelle de ses pasteurs.
Par Jésus Christ, ton Fils, notre Seigneur et notre Dieu,
qui vit et règne avec toi
dans l’unité du Saint-Esprit,
Dieu, pour les siècles des siècles.
∞ Amen.