25 AOÛT 2022
Il frappait ses compagnons
Aujourd’hui, le frère André Descôteaux, O.P., nous montre que l’évangile contient des enseignements très actuels qui nous concerne directement, même dans nos problèmes sociétaux les plus modernes.
PREMIÈRE LETTRE DE SAINT PAUL APÔTRE AUX CORINTHIENS (1, 1-9)
Paul, appelé par la volonté de Dieu pour être apôtre du Christ Jésus, et Sosthène notre frère, à l’Église de Dieu qui est à Corinthe, à ceux qui ont été sanctifiés dans le Christ Jésus et sont appelés à être saints avec tous ceux qui, en tout lieu, invoquent le nom de notre Seigneur Jésus Christ, leur Seigneur et le nôtre. À vous, la grâce et la paix, de la part de Dieu notre Père et du Seigneur Jésus Christ.
Je ne cesse de rendre grâce à Dieu à votre sujet, pour la grâce qu’il vous a donnée dans le Christ Jésus ; en lui vous avez reçu toutes les richesses, toutes celles de la parole et de la connaissance de Dieu. Car le témoignage rendu au Christ s’est établi fermement parmi vous. Ainsi, aucun don de grâce ne vous manque, à vous qui attendez de voir se révéler notre Seigneur Jésus Christ.
C’est lui qui vous fera tenir fermement jusqu’au bout, et vous serez sans reproche au jour de notre Seigneur Jésus Christ. Car Dieu est fidèle, lui qui vous a appelés à vivre en communion avec son Fils, Jésus Christ notre Seigneur.
ÉVANGILE DE JÉSUS CHRIST SELON SAINT MATTHIEU (24, 42-51)
En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Veillez, car vous ne savez pas quel jour votre Seigneur vient. Comprenez-le bien : si le maître de maison avait su à quelle heure de la nuit le voleur viendrait, il aurait veillé et n’aurait pas laissé percer le mur de sa maison. Tenez-vous donc prêts, vous aussi : c’est à l’heure où vous n’y penserez pas que le Fils de l’homme viendra.
« Que dire du serviteur fidèle et sensé à qui le maître a confié la charge des gens de sa maison, pour leur donner la nourriture en temps voulu ? Heureux ce serviteur que son maître, en arrivant, trouvera en train d’agir ainsi ! Amen, je vous le déclare : il l’établira sur tous ses biens.
« Mais si ce mauvais serviteur se dit en lui-même : “Mon maître tarde”, et s’il se met à frapper ses compagnons, s’il mange et boit avec les ivrognes, alors quand le maître viendra, le jour où son serviteur ne s’y attend pas et à l’heure qu’il ne connaît pas, il l’écartera et lui fera partager le sort des hypocrites ; là, il y aura des pleurs et des grincements de dents. »
Homélie
« Veillez, car vous ne savez pas quel jour votre Seigneur vient! » La consigne du Seigneur est claire. Il demande à ses disciples de ne pas s’assoupir. Ils sont envoyés comme Jésus a été envoyé. Une petite précision, il semblerait qu’au temps de Jésus, dans les masures, il était plus rapide de percer silencieusement un mur que de s’attaquer à la porte!
Veillez. Ainsi en est-il de ce serviteur vigilant que le Maître, à son retour, trouve au travail. Cependant, et c’est le cas le plus intéressant, il y a celui qui oublie qu’il n’est qu’un intendant. Un serviteur, avec des responsabilités particulières, mais un serviteur quand même. Les biens qui lui sont confiés ne lui appartiennent pas. Les serviteurs ne sont pas ses esclaves. Au lieu de gérer comme un bon intendant ayant à cœur les intérêts de son maître, il ne pense qu’à lui, mangeant et buvant avec les ivrognes et frappant ses compagnons.
Je me demande si cette petite parabole ne s’adresse pas à nous, l’humanité, à qui Dieu a confié sa création pour en être son intendant. Nous ne sommes pas les propriétaires de la création. Nous sommes des créatures parmi d’autres créatures. Nous n’avons pas à nous prendre pour Dieu. Il nous est demandé de faire fructifier, de déployer les promesses que recèle notre terre non seulement pour nous, mais pour le bien de l’ensemble de la création.
Mais que voyons-nous? Nous mangeons et buvons au point d’exploiter inconsidérément les ressources de la planète. Le 22 juillet 2022 correspond à la date à partir de laquelle l’humanité a consommé l’ensemble des ressources que la terre peut reconstituer en une année. En somme, pour régénérer ce que nous consommons aujourd’hui, il nous faudrait l’équivalent de 1,75 terre en termes de surface. Nous entamons le capital naturel nécessaire au maintien de la vie sur la terre. En 1986, cette date était le 31 décembre. Autrement dit, il y a moins de 40 ans, nous consommions ce que la terre était capable de donner.
Selon un rapport des Nations-Unies, au total, ce sont près d’un million d’espèces animales et végétales qui risquent l’extinction dans les décennies à venir. « Il frappait ses compagnons ».
Et le climat! La sécheresse qui frappe l’ouest de l’Europe et des états comme la Californie aux États-Unis. Sécheresse accompagnée de terribles orages, de tornades, de chutes de grêle destructrices. Ici, quand nous allons en Estrie, il nous faut faire attention aux tiques qui se sont étendues grâce au réchauffement climatique!
Au rythme où vont les choses, le Maître n’aura pas à nous jeter dehors, là où il y aura des pleurs et des grincements de dents. Nous nous en chargeons nous-mêmes.
Aujourd’hui, nous faisons mémoire de saint Louis. Même s’il a vécu à une époque où ces considérations de survie de la planète n’existaient pas, il nous donne l’exemple d’un roi qui a été un bon intendant. Il s’est assuré que ses commettants étaient traités avec justice et qu’ils pouvaient trouver le nécessaire à leur existence. On peut être roi et ne pas vivre que pour soi et exploiter les ressources de son royaume pour satisfaire ses caprices. Que saint Louis nous éclaire, et particulièrement nos dirigeants, pour qu’ils aient le courage des décisions pour le bien de notre maison commune. Quant à nous, frères et sœurs, veillons!
Fr. André Descôteaux, O.P.
PRIÈRE
réponds sans te lasser à notre appel :
inspire-nous de discerner ce qui est juste
et dirige-nous pour que nous puissions l’accomplir.
Par Jésus Christ, ton Fils, notre Seigneur et notre Dieu,
qui vit et règne avec toi
dans l’unité du Saint-Esprit,
Dieu, pour les siècles des siècles.