19 AOÛT 2022
Aimer = vivre
Dans son homélie d’aujourd’hui, le frère André Descôteaux, O.P., nous écrit un hymne à l’amour, l’amour poésie, l’amour essentiel, l’amour qui donne et redonne vie.
LIVRE DU PROPHÈTE ÉZÉKIEL (37, 1-14)
En ces jours-là, la main du Seigneur se posa sur moi, par son esprit il m’emporta et me déposa au milieu d’une vallée ; elle était pleine d’ossements. Il me fit circuler parmi eux ; le sol de la vallée en était couvert, et ils étaient tout à fait desséchés. Alors le Seigneur me dit : « Fils d’homme, ces ossements peuvent-ils revivre ? » Je lui répondis : « Seigneur Dieu, c’est toi qui le sais ! » Il me dit alors : « Prophétise sur ces ossements. Tu leur diras : Ossements desséchés, écoutez la parole du Seigneur : Ainsi parle le Seigneur Dieu à ces ossements : Je vais faire entrer en vous l’esprit, et vous vivrez. Je vais mettre sur vous des nerfs, vous couvrir de chair, et vous revêtir de peau ; je vous donnerai l’esprit, et vous vivrez. Alors vous saurez que Je suis le Seigneur. »
Je prophétisai, comme j’en avais reçu l’ordre. Pendant que je prophétisais, il y eut un bruit, puis une violente secousse, et les ossements se rapprochèrent les uns des autres. Je vis qu’ils se couvraient de nerfs, la chair repoussait, la peau les recouvrait, mais il n’y avait pas d’esprit en eux. Le Seigneur me dit alors : « Adresse une prophétie à l’esprit, prophétise, fils d’homme. Dis à l’esprit : Ainsi parle le Seigneur Dieu : Viens des quatre vents, esprit ! Souffle sur ces morts, et qu’ils vivent ! »
Je prophétisai, comme il m’en avait donné l’ordre, et l’esprit entra en eux ; ils revinrent à la vie, et ils se dressèrent sur leurs pieds : c’était une armée immense ! Puis le Seigneur me dit : « Fils d’homme, ces ossements, c’est toute la maison d’Israël. Car ils disent : “Nos ossements sont desséchés, notre espérance est détruite, nous sommes perdus !” C’est pourquoi, prophétise. Tu leur diras : Ainsi parle le Seigneur Dieu : Je vais ouvrir vos tombeaux et je vous en ferai remonter, ô mon peuple, et je vous ramènerai sur la terre d’Israël. Vous saurez que Je suis le Seigneur, quand j’ouvrirai vos tombeaux et vous en ferai remonter, ô mon peuple ! Je mettrai en vous mon esprit, et vous vivrez ; je vous donnerai le repos sur votre terre. Alors vous saurez que Je suis le Seigneur : j’ai parlé et je le ferai – oracle du Seigneur. »
ÉVANGILE DE JÉSUS CHRIST SELON SAINT MATTHIEU (22, 34-40)
En ce temps-là, Les pharisiens, apprenant que Jésus avait fermé la bouche aux sadducéens, se réunirent, et l’un d’entre eux, un docteur de la Loi, posa une question à Jésus pour le mettre à l’épreuve : « Maître, dans la Loi, quel est le grand commandement ? » Jésus lui répondit : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de tout ton esprit. Voilà le grand, le premier commandement. Et le second lui est semblable : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. De ces deux commandements dépend toute la Loi, ainsi que les Prophètes. »
Homélie
Si vous me demandiez quel est mon chansonnier préféré, je répondrais : Jean Ferrat. Son disque Jean Ferrat chante Aragon que j’ai découvert adolescent reste encore aujourd’hui un de mes favoris. « Que serais-je sans toi qu’un cœur au bois dormant, que cette heure arrêtée au cadran de la montre, que serais-je sans toi que ce balbutiement? » Et cette autre chanson « Aimer à perdre la raison » ou encore « Heureux celui qui meurt d’aimer ». Si, un jour, je me retrouve dans un CHSLD, j’espère que les chanteurs ou chanteuses qui viendront me divertir chanteront ces chansons et non pas « Voulez-vous danser grand-mère? Voulez-vous valser grand-père? Tout comme au bon vieux temps! » Non, ce n’est pas ma tasse de thé.
Ferrat chante l’amour comme le cœur de chaque vie, ce qui l’oriente, ce qui lui donne sens, ce qui l’ouvre à la richesse infinie de la vie et de sa beauté, ce qui déploie une nouvelle dimension. Comme le dit Victor Hugo « Quand l’amour s’introduit dans la vie; elle n’est pas assez grande pour la contenir »! Que serait un cœur humain sans amour? Que serait la vie sans amour?
Nous savons que l’amour peut accomplir des miracles. Je ne sais pas par quel hasard : sur mon adresse Facebook je retrouve des courtes vidéos de chiens et de chats abandonnés ou maltraités qui reprennent goût à la vie et qui, d’agressifs, deviennent joyeux et affectueux parce qu’ils sont accueillis et aimés. Nous savons tous qu’il en est de même pour le cœur humain, et, en particulier, celui des enfants. L’amour fait des miracles. L’amour non seulement est à l’origine de la vie, mais la recrée.
Il est donc heureux que le Seigneur Jésus place au centre de la vie, au cœur des commandements qui conduisent à la vie, l’amour. L’amour de Dieu, l’amour du prochain et l’amour de soi-même. Il rejoint ainsi une intuition partagée par, j’imagine, presque tout le monde même si nous pouvons être blessés parce que nous aimons ou parce que nous ne sommes pas aimés.
Hier, le prophète Ézéchiel affirmait que Dieu changerait nos cœurs de pierre en cœurs de chair, capables d’aimer, mettant en nous son Esprit ». Aujourd’hui, Ézéchiel, alors qu’il voit tous ces ossements se revêtir de chair et redevenir des êtres humains, entend cette prophétie divine : « Je mettrai en vous mon esprit, et vous vivrez. J’ouvrirai vos tombeaux et vous en ferai remonter, ô mon peuple ».
Aimer pour vivre, mais la vie a une fin. « Que reste-t-il de nos amours? Que reste-t-il de ces beaux jours? Un souvenir qui me poursuit sans cesse ». Non, l’amour ne s’éteint pas avec nous : il est éternel. Il est divin. Dieu est amour. Et parce qu’il est amour, il est vie! Ce matin, accueillons le Dieu de la vie, le Dieu de l’amour qui donne une dimension d’éternité à nos amours et, ce faisant, à nos vies.
Rappelons-nous ce que saint Jean écrivait dans sa première lettre « Parce que nous aimons, nous savons que nous sommes passés de la mort à la vie. Celui qui n’aime pas demeure dans la mort ». (1 Jn 3, 14)
Fr. André Descôteaux, O.P.
PRIÈRE
accorde-nous de vivre dans un monde
où les événements se déroulent selon ton dessein de paix,
et où ton Église connaisse la joie de te servir dans la sérénité.
Par Jésus Christ, ton Fils, notre Seigneur et notre Dieu,
qui vit et règne avec toi
dans l’unité du Saint-Esprit,
Dieu, pour les siècles des siècles.