2 JUIN 2022
Jouer la musique de l'unité
Aujourd’hui, Gustavo Adolfo Garay Ortega nous explique ce désir de Jésus d’unité parfaite entre êtres humains et entre la Trinité Divine et l’Humanité, une harmonie éternelle vers laquelle il veut que nous tendions.
LIVRE DES ACTES DES APÔTRES (22, 30 ; 23, 6-11)
En ces jours-là, Paul avait été arrêté à Jérusalem. Le lendemain, le commandant voulut savoir avec certitude de quoi les Juifs l’accusaient. Il lui fit enlever ses liens ; puis il convoqua les grands prêtres et tout le Conseil suprême, et il fit descendre Paul pour l’amener devant eux.
Sachant que le Conseil suprême se répartissait entre sadducéens et pharisiens, Paul s’écria devant eux : « Frères, moi, je suis pharisien, fils de pharisiens. C’est à cause de notre espérance, la résurrection des morts, que je passe en jugement. »
À peine avait-il dit cela, qu’il y eut un affrontement entre pharisiens et sadducéens, et l’assemblée se divisa. En effet, les sadducéens disent qu’il n’y a pas de résurrection, pas plus que d’ange ni d’esprit, tandis que les pharisiens professent tout cela. Il se fit alors un grand vacarme. Quelques scribes du côté des pharisiens se levèrent et protestèrent vigoureusement : « Nous ne trouvons rien de mal chez cet homme. Et si c’était un esprit qui lui avait parlé, ou un ange ? »
L’affrontement devint très violent, et le commandant craignit que Paul ne se fasse écharper. Il ordonna à la troupe de descendre pour l’arracher à la mêlée et le ramener dans la forteresse.
La nuit suivante, le Seigneur vint auprès de Paul et lui dit : « Courage ! Le témoignage que tu m’as rendu à Jérusalem, il faut que tu le rendes aussi à Rome.
ÉVANGILE DE JÉSUS CHRIST SELON SAINT JEAN (17, 20-26)
En ce temps-là, les yeux levés au ciel, Jésus priait ainsi : « Père saint, je ne prie pas seulement pour ceux qui sont là, mais encore pour ceux qui, grâce à leur parole, croiront en moi. Que tous soient un, comme toi, Père, tu es en moi, et moi en toi. Qu’ils soient un en nous, eux aussi, pour que le monde croie que tu m’as envoyé. Et moi, je leur ai donné la gloire que tu m’as donnée, pour qu’ils soient un comme nous sommes UN : moi en eux, et toi en moi. Qu’ils deviennent ainsi parfaitement un, afin que le monde sache que tu m’as envoyé, et que tu les as aimés comme tu m’as aimé.
« Père, ceux que tu m’as donnés, je veux que là où je suis, ils soient eux aussi avec moi, et qu’ils contemplent ma gloire, celle que tu m’as donnée parce que tu m’as aimé avant la fondation du monde.
« Père juste, le monde ne t’a pas connu, mais moi je t’ai connu, et ceux-ci ont reconnu que tu m’as envoyé. Je leur ai fait connaître ton nom, et je le ferai connaître, pour que l’amour dont tu m’as aimé soit en eux, et que moi aussi, je sois en eux. »
Commentaire
Lors de la Dernière Cène, Jésus prie à cœur ouvert au Père et exprime ses désirs les plus profonds. L’un d‘entre eux est celui de l’unité que nous lisons aujourd’hui dans l’évangile de Jean (17, 11b-19). Jésus demande l’unité à trois niveaux.
D’abord, l’unité de tous les croyants avec lui : « ceux que tu m’as donnés, je veux que là où je suis, ils soient eux aussi avec moi, et qu’ils contemplent ma gloire, celle que tu m’as donnée parce que tu m’as aimé avant la fondation du monde ». Deuxièmement, l’unité des croyants avec le Père : « Je leur ai fait connaître ton nom, pour que l’amour dont tu m’as aimé soit en eux ». Et troisièmement, l’unité entre ceux qui se reconnaissent disciples du Christ : « Que tous soient un, comme toi, Père, tu es en moi, et moi en toi ».
C’est un cadre trinitaire qui nous amène à analyser l’unité à partir des points communs et des différences entre les participants. Au sein de la Trinité elle-même, la différence réside dans le rôle distinct de chaque personne divine, tandis que pour nous comme êtres humains, c’est l’individualité et la personnalité qui nous différencient. Ce qui est commun dans la Trinité, selon Jésus, c’est justement leur unité : « qu’ils soient un comme nous sommes UN : moi en eux, et toi en moi ». En ce qui nous concerne comme personnes et croyants, ce sont nos valeurs humaines et chrétiennes qui nous rapprochent, des objectifs communs.
Une autre chose que nous avons en commun comme êtres humains, c’est notre besoin d’amour et de reconnaissance. Nous recherchons le bonheur, avec des moyens très semblables. Et c’est justement ce besoin que Dieu vient combler en nous : Dieu s’unit à nous par la personne de Jésus et nous inclut, en tant qu’Humanité, dans la Trinité ! Jésus est donc non seulement un exemple d’amour et d’unité pour tous ses disciples mais également le trait d’union entre la Trinité et l’Humanité. Nous sommes donc réellement aimés du même amour dont Dieu le Père aime Jésus : « pour que l’amour dont tu m’as aimé soit en eux, et que moi aussi, je sois en eux ». De cette présence de Jésus en nous et de cette communion d’amour émane l’Esprit-Saint, que nous recevons à chaque Pentecôte depuis la première, comme des vœux renouvelés encore et encore. Saint Augustin résumait cet état ainsi : « dans l’essentiel l’unité, dans le doute la liberté, mais en tout la charité ». C’est cette expérience que Jésus demande pour ses disciples et qu’ils recherchent cette unité d’amour avec leur prochain.
Cependant, au moment de contempler la réalité d’aujourd’hui, nous réalisons que le sublime désir de Jésus est encore loin d’être réalisé. Il nous faut probablement appliquer une formule eschatologique afin de ne pas être découragés : « déjà, mais pas encore ! ». Déjà, aujourd’hui comme au temps des premières communautés, nous vivons cette unité entre nous, mais pas encore de manière parfaite. Il y a encore du chemin à faire. La solution: « qu’il soient un, comme moi en eux, et toi en moi », c’est-à-dire : « se faire un avec l’autre ».
Si nous regardons l’histoire de l’Église, nous trouvons encore plus de preuves que cette unité a encore besoin de travail. L’explication en est simple : malheureusement, bien souvent, nous ne laissons pas Jésus être en nous. Pas le temps d’écouter sa Parole, donc impossible qu’il devienne la lumière de nos pas et de nos pensées et qu’il soit finalement notre Maître et le Seigneur dans nos cœurs. Chacun choisit, à un moment donné, l’option de l’individualisme, du bénéfice personnel et même, dans certains cas, de l’égoïsme. Plus de valeur et d’importance sont accordés au jugement des autres, aux traditions ankylosées, aux normes sociales qu’à la charité et aux actes d’amour qui émanent du cœur. En effet, nous pouvons oublier que l’unité, c’est comme la musique. Dans un concert, il y a une diversité d’instruments et de voix mises ensemble, mais ce que nous entendons n’est pas la somme cacophonique de sons différents. C’est une mélodie commune, une syntonie musicale, des êtres en harmonie de son.
Je crois encore au désir d’unité de Jésus, mais il faut que, comme croyants et croyantes, de façon individuelle et communautaire, nous laissions résonner dans nos cœurs, et dans ceux de nos frères et sœurs, la mélodie de l’unité : Dieu nous aime tous et toutes de façon égale, comme Lui aime Jésus. Je n’ai donc rien à convoiter à mon prochain. En cette époque où plein de circonstances fragilisent la fraternité entre les êtres humains, demandons que l’Esprit-Saint vienne accorder nos actions et nos paroles, comme on accorde un instrument, afin de jouer ensemble la musique de l’unité : être un comme Dieu est UN, en Lui (la Trinité) et en nous.
Gustavo Adolfo Garay Ortega
PRIÈRE
Nous t’en prions, Seigneur,
que ton Esprit, dans sa puissance,
répande en nous les dons spirituels ;
qu’il change notre cœur en un cœur qui te plaise,
parfaitement accordé à ta volonté.
Par Jésus le Christ, ton Fils, notre Seigneur.
lui qui vit et règne avec toi
dans l’unité du Saint-Esprit,
Dieu, pour les siècles des siècles.
∞ Amen.