7 septembre 2021
Une transformation charnelle, spirituelle et filiale
Aujourd’hui, le frère André Descôteaux, o.p. nous explique toute l’ampleur du Baptême qui va bien au delà du rituel et dont l’eau transforme la chair humaine, faisant de nous les frères et des sœurs du Christ, l’accompagnant dans la vie, le quotidien, la mort et la résurrection.
LETTRE DE SAINT PAUL APÔTRE AUX COLOSSIENS (2, 6-15)
Frères, menez votre vie dans le Christ Jésus, le Seigneur, tel que vous l’avez reçu. Soyez enracinés, édifiés en lui, restez fermes dans la foi, comme on vous l’a enseigné; soyez débordants d’action de grâce. Prenez garde à ceux qui veulent faire de vous leur proie par une philosophie vide et trompeuse, fondée sur la tradition des hommes, sur les forces qui régissent le monde, et non pas sur le Christ. Car en lui, dans son propre corps, habite toute la plénitude de la divinité. En lui, vous êtes pleinement comblés, car il domine toutes les Puissances de l’univers. En lui, vous avez reçu une circoncision qui n’est pas celle que pratiquent les hommes, mais celle qui réalise l’entier dépouillement de votre corps de chair ; telle est la circoncision qui vient du Christ.
Dans le baptême, vous avez été mis au tombeau avec lui et vous êtes ressuscités avec lui par la foi en la force de Dieu qui l’a ressuscité d’entre les morts. Vous étiez des morts, parce que vous aviez commis des fautes et n’aviez pas reçu de circoncision dans votre chair. Mais Dieu vous a donné la vie avec le Christ : il nous a pardonné toutes nos fautes. Il a effacé le billet de la dette qui nous accablait en raison des prescriptions légales pesant sur nous : il l’a annulé en le clouant à la croix. Ainsi, Dieu a dépouillé les Puissances de l’univers ; il les a publiquement données en spectacle et les a traînées dans le cortège triomphal du Christ.
ÉVANGILE SELON SAINT LUC (6, 12-19)
En ces jours-là, Jésus s’en alla dans la montagne pour prier, et il passa toute la nuit à prier Dieu. Le jour venu, il appela ses disciples et en choisit douze auxquels il donna le nom d’Apôtres : Simon, auquel il donna le nom de Pierre, André son frère, Jacques, Jean, Philippe, Barthélemy, Matthieu, Thomas, Jacques fils d’Alphée, Simon appelé le Zélote, Jude fils de Jacques, et Judas Iscariote, qui devint un traître. Jésus descendit de la montagne avec eux et s’arrêta sur un terrain plat. Il y avait là un grand nombre de ses disciples et une grande multitude de gens venus de toute la Judée, de Jérusalem, et du littoral de Tyr et de Sidon. Ils étaient venus l’entendre et se faire guérir de leurs maladies ; ceux qui étaient tourmentés par des esprits impurs retrouvaient la santé. Et toute la foule cherchait à le toucher, parce qu’une force sortait de lui et les guérissait tous.
Homélie
La première lecture nous permet de mieux comprendre la grandeur du baptême. Il s’agit d’une réalité beaucoup plus profonde que la circoncision. Ce n’est pas qu’un simple petit morceau de chair qui est coupé, mais c’est l’être ancien qui est arraché pour que surgisse l’être nouveau, l’être recréé par le Christ. Le baptême est une véritable communion à la mort et à la résurrection du Christ. Pensons-y. Quel est l’élément essentiel au baptême? L’eau. Tout simplement. L’eau est tout d’abord un symbole extraordinaire de la vie, car l’eau lui est essentielle. Il s’agit de voir une prairie reverdir ou encore un désert refleurir grâce à une bonne et abondante pluie. Nous avons tous fait l’expérience de ce grand verre d’eau qui comble notre soif et nous redonne des forces. Ce qui est le plus extraordinaire c’est que nous sommes composés d’eau. La quantité moyenne d’eau contenue dans un organisme adulte serait de 65% ce qui correspondrait à 45 litres d’eau pour une personne pesant 70 kilos (155 lbs).
Cependant, l’eau peut causer la mort et être ainsi un symbole de la mort. À cause des changements climatiques, nous sommes de plus en plus souvent les témoins impuissants de la destruction causée par des pluies diluviennes et les inondations qui s’ensuivent. Comme nous l’avons vu, la semaine dernière, des villes aussi importantes et opulentes que New York n’y échappent pas. L’eau symbole à la fois de la vie et de la mort.
Poursuivons notre réflexion. Si nous étions des chrétiens de tradition orthodoxe nous aurions été baptisés par immersion et non seulement par un peu d’eau répandue sur le front. Ils préfèrent ce type de baptême parce qu’il représente mieux le destin du Christ auquel est associé le baptisé. En effet, le Christ est descendu dans les enfers de la mort pour en ressortir vivant et glorifié. Ainsi le baptisé en étant plongé dans l’eau et en ressortant reproduit en lui ou en elle ce grand passage du Christ de la mort à la vie. C’est ce qu’affirme saint Paul, ce matin : « Dans le baptême vous avez été mis au tombeau avec lui et vous êtes ressuscités avec lui par la foi en la force de Dieu qui l’a ressuscité d’entre les morts ».
Mais les effets du baptême ne s’arrêtent pas là. En effet, le baptisé uni au Christ est appelé par lui à proclamer les merveilles de sa Résurrection. Nous voyons aujourd’hui Jésus choisir ses apôtres. Le moment est important : Jésus prie la nuit entière sur la montagne avant de nommer ceux qui annonceront la Bonne Nouvelle du salut de Jérusalem jusqu’aux confins de la terre. Si ces deniers ont joué un rôle important au début de l’Église, l’histoire ne s’arrête pas là. Au contraire. D’une part, les apôtres ne sont pas les seuls à être investis de cette mission. Ailleurs, dans l’Évangile, nous voyons les 72 disciples eux aussi envoyés par le Christ. D’autre part, toutes ces foules qui se pressent autour de Jésus, qui ont soif de sa parole et qui ont besoin d’être touchées par lui pour être guéries et sauvées, boivent la Parole de salut. C’est la raison d’être de l’Église et de nous baptisés, car encore, aujourd’hui, l’humanité entière a soif du Christ.
À cet égard, le concile Vatican II a remis les pendules à l’heure. L’annonce de l’Évangile c’est l’affaire de tous les baptisés et non seulement celle des évêques et des prêtres. Ce matin, alors que nous sommes invités à prendre conscience de la grandeur de notre baptême, entendons le Christ nous appeler à devenir ses témoins, ses apôtres. Amen.
Fr. André Descôteaux, O.P.
PRIÈRE
Assiste tes enfants, Seigneur,
et montre à ceux qui t’implorent ton inépuisable bonté ;
c’est leur fierté de t’avoir pour Créateur et Providence :
restaure pour eux ta création,
et l’ayant renouvelée, protège-la.
Par Jésus Christ, ton Fils, notre Seigneur et notre Dieu,
qui règne avec toi et le Saint Esprit
maintenant et pour les siècles des siècles.
∞ Amen.