Homélie, samedi de la 18ème semaine du Temps ordinaire

10 août 2024

Porter du fruit!

Aujourd’hui, le frère Jean-Louis Larochelle, O.P., nous explique que les paroles de Jésus dans l’évangile du jour nous invitent à porter du fruit comme lui et tous les témoins au fil des années, qui ont donné leurs vies par amour de Dieu et de leurs frères et sœurs.

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Homélie

« Si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il reste seul… ». (Jn 12, 24) Tout juste avant cette affirmation, Jésus avait dit : « Elle est venue l’heure où le Fils de l’homme doit être glorifié ». (Jn 12, 23) Ces quelques mots montrent bien que Jésus a compris, à cette étape de son ministère, que les autorités religieuses allaient l’arrêter et s’organiser avec le pouvoir romain pour le faire mettre à mort. Une question a alors probablement émergé dans son esprit : « Puis-je fuir pour préserver ma vie et, en conséquence, renoncer d’aller jusqu’au bout de ma mission » ? Tentation énorme que celle-là, car s’il abandonnait sa mission, ce serait la dispersion immédiate de ses apôtres et de ses disciples, tant en Galilée qu’en Judée. Le projet du Royaume de Dieu deviendrait ainsi la pire des désillusions pour toutes les personnes qui avaient mis leur confiance en lui, qui avaient cru en ses paroles. Pourtant, c’est l’amour de Dieu pour toute personne, juste ou pécheresse, qu’il avait prêché. C’est la promesse d’une communion de vie avec le Père qu’il avait proclamée.

Nous connaissons son choix. Il a accepté d’aller jusqu’au bout de sa mission. Car il a tenu à rendre visible la profondeur de l’amour de Dieu son Père pour l’ensemble de l’humanité. Je me permets d’emprunter ici un commentaire de la parole évangélique du jour au bienheureux évêque Pierre Claverie, assassiné à Oran, en Algérie, en août 1996. Il avait rédigé ce texte quelque temps avant sa mort : « Jésus n’a pas cherché la mort. Il n’a pas voulu la fuir non plus, car il jugeait probablement que la fidélité à ses engagements vis-à-vis du Père et pour la venue de son Règne était plus importante que sa peur de mourir. Il a préféré aller jusqu’au bout de la logique de sa vie et de sa mission plutôt que de trahir ce qu’il était, ce qu’il disait et ce qu’il avait en reniant ou en abandonnant pour éviter l’affrontement ultime ». Rappelons ici que Mgr Claverie, face à la menace de mort que des extrémistes musulmans faisaient peser sur lui, avait refusé de retourner en France. Il avait, sur ce point, adopté la même attitude que les sept moines cisterciens de Tibhirine qui, eux aussi, avaient refusé de quitter leur lieu de mission. Eux, c’est en mai 1996 qu’ils ont été martyrisés.

Ces témoins qui ont donné leurs vies par amour de Dieu et de leurs frères et sœurs en terre algérienne viennent, à leur manière, incarner dans notre temps la parole de Jésus : « Si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il reste seul; s’il meurt, il porte beaucoup de fruit ».

Fr. Jean-Louis Larochelle, O.P.

 

PRIÈRE

Seigneur Dieu,
c’est l’ardeur de ton amour
qui a fait resplendir le bienheureux Laurent
par la fidélité du service, et la gloire du martyre ;
accorde-nous d’aimer ce qu’il aimait et d’accomplir ce qu’il a enseigné.
Par Jésus Christ, ton Fils, notre Seigneur,
lui qui vit et règne avec toi,
dans l’unité du Saint-Esprit,
Dieu, pour les siècles des siècles.

∞ Amen.