1er mai 2024
« Tu te nourriras du travail de tes mains »
En cette journée dédiée à saint Joseph, travailleur, le frère Yvon Pomerleau, O.P., nous présente le contenu de la lettre annuelle des évêques du Québec écrite pour l’occasion du 1er mai, Fête des travailleurs. Le sujet cette année : le droit à une alimentation saine à un prix abordable.
LIVRE DE LA GENÈSE (1, 26 – 2, 3)
Au commencement, Dieu dit : « Faisons l’homme à notre image, selon notre ressemblance. Qu’il soit le maître des poissons de la mer, des oiseaux du ciel, des bestiaux, de toutes les bêtes sauvages, et de toutes les bestioles qui vont et viennent sur le terre. »
Dieu créa l’homme à son image, à l’image de Dieu il le créa, il les créa homme et femme. Dieu les bénit et leur dit : « Soyez féconds et multipliez-vous, remplissez la terre et soumettez-la. Soyez les maîtres des poissons de la mer, des oiseaux du ciel, et de tous les animaux qui vont et viennent sur la terre. »
Dieu dit encore : « Je vous donne toute plante qui porte sa semence sur toute la surface de la terre, et tout arbre dont le fruit porte sa semence : telle sera votre nourriture. À tous les animaux de la terre, à tous les oiseaux du ciel, à tout ce qui va et vient sur la terre et qui a souffle de vie, je donne comme nourriture toute herbe verte. » Et ce fut ainsi. Et Dieu vit tout ce qu’il avait fait ; et voici : cela était très bon. Il y eut un soir, il y eut un matin : sixième jour.
Ainsi furent achevés le ciel et la terre, et tout leur déploiement. Le septième jour, Dieu avait achevé l’œuvre qu’il avait faite. Il se reposa, le septième jour, de toute l’œuvre qu’il avait faite. Et Dieu bénit le septième jour : il le sanctifia puisque, ce jour-là, il se reposa de toute l’œuvre de création qu’il avait faite.
ÉVANGILE DE JÉSUS CHRIST SELON SAINT MATTHIEU (13, 54-58)
En ce temps-là, Jésus se rendit dans son lieu d’origine, et il enseignait les gens dans leur synagogue, de telle manière qu’ils étaient frappés d’étonnement et disaient : « D’où lui viennent cette sagesse et ces miracles? N’est-il pas le fils du charpentier? Sa mère ne s’appelle-t-elle pas Marie, et ses frères : Jacques, Joseph, Simon et Jude? Et ses sœurs ne sont-elles pas toutes chez nous? Alors, d’où lui vient tout cela? » Et ils étaient profondément choqués à son sujet.
Jésus leur dit : « Un prophète n’est méprisé que dans son pays et dans sa propre maison. » Et il ne fit pas beaucoup de miracles à cet endroit-là, à cause de leur manque de foi.
Homélie
« Tu te nourriras du travail de tes mains. Heureux es-tu! À toi le bonheur! » Ce sont les paroles de l’antienne d’ouverture pour cette messe de saint Joseph, travailleur.
Chaque année, à l’occasion de la fête de saint Joseph ouvrier, patron des travailleurs, l’assemblée des évêques catholiques du Québec publie une lettre, intitulée « message du 1er mai ». Cette année, il s’agit d’une exhortation : « Défendons le droit à une alimentation saine à un prix abordable ». La réflexion de nos évêques se développe en trois temps : une analyse de la situation, à la lumière de l’Évangile, suivie de pistes d’action pour que tous puissent manger à leur faim. Mon homélie de ce matin consistera tout simplement à céder la parole à nos évêques, en citant quelques brefs passages de leur message.
1. La crise alimentaire. La société québécoise traverse une véritable crise alimentaire qui s’ajoute à la crise du logement et à l’inflation. L’an dernier, chaque mois, 10% de la population a eu recours au réseau des Banques alimentaires du Québec. 30% d’augmentation par rapport à l’année précédente. Parmi ces 872 000 personnes, 37% sont des adultes vivant seuls, 45% sont des familles avec enfants. Au même moment, 71% des organismes disent avoir manqué de denrées par leurs sources d’approvisionnement. À l’occasion du 1er mai, nous constatons avec indignation que, dans bien des cas, occuper un emploi ne suffit pas pour s’alimenter et alimenter sa famille convenablement (…). Derrière ces statistiques se trouvent des personnes et des communautés qui souffrent. Percevons-nous cette souffrance autour de nous? Y sommes-nous sensibles?
2. À la lumière de l’Évangile. Face à la crise alimentaire, nos communautés chrétiennes (…) doivent répondre à l’appel de celles et ceux qui ont faim. Pourquoi? Parce que ce faisant, nous agirons pour la justice, comme Jésus Christ nous l’a enseigné, en continuité avec la grande tradition biblique de l’engagement pour la justice. Cette interpellation se trouve dans « la multiplication des pains ». Il serait plus juste de parler de « la fraction et la distribution des pains ». Le partage des pains nous indique surtout que la capacité de nourrir convenablement celles et ceux qui ont faim, aujourd’hui encore, est à portée de main. (…) Notre idéal chrétien est que chaque personne mange à sa faim. Comment y parvenir ou du moins s’en approcher?
3. Agissons de concert. Dans le Québec d’aujourd’hui, plusieurs types d’action s’offrent aux personnes de bonne volonté pour défendre le droit à une alimentation saine à un prix abordable. À l’échelle individuelle, nos évêques soulignent l’importance de donner du temps et de l’argent pour soutenir des organismes d’aide alimentaire (…) de réduire le gaspillage alimentaire (…) en particulier dans un contexte de crise. À l’échelle collective, il faut aussi soutenir les organismes communautaires comme les cuisines collectives (…). À l’échelle sociétale, on mentionne une pétition nationale pour freiner l’inflation alimentaire, une opération de mobilisation citoyenne pour l’adoption de politiques, de programmes et de lois capables de permettre une véritable protection du droit à l’alimentation (…) et de considérer sérieusement un revenu de base couvrant les besoins essentiels (…). À l’échelle planétaire, notre idéal chrétien que chaque personne mange à sa faim est reconnu comme un droit universel. Nous pouvons interpeller nos dirigeants à signer le protocole lié à ce pacte international.
La parole de Jésus à ses disciples, lors de la multiplication des pains s’adresse à nous aujourd’hui encore : « Donnez-leur vous-mêmes à manger ».
Fr. Yvon Pomerleau, O.P.
PRIÈRE
Dieu, Créateur de l’univers,
tu as donné au genre humain la loi du travail ;
en ta bonté, accorde-nous d’accomplir,
à l’exemple du bienheureux Joseph et sous sa protection,
les tâches que tu nous confies,
et de recevoir la récompense que tu promets.
Par Jésus Christ, ton Fils, notre Seigneur,
lui qui vit et règne avec toi,
dans l’unité du Saint-Esprit,
Dieu, pour les siècles des siècles.
∞ Amen.