Homélie, mercredi de la 5ème semaine de Pâques

1er mai 2024

« Tu te nourriras du travail de tes mains »

En cette journée dédiée à saint Joseph, travailleur, le frère Yvon Pomerleau, O.P., nous présente le contenu de la lettre annuelle des évêques du Québec écrite pour l’occasion du 1er mai, Fête des travailleurs. Le sujet cette année : le droit à une alimentation saine à un prix abordable.

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Homélie

« Tu te nourriras du travail de tes mains. Heureux es-tu! À toi le bonheur! » Ce sont les paroles de l’antienne d’ouverture pour cette messe de saint Joseph, travailleur.

Chaque année, à l’occasion de la fête de saint Joseph ouvrier, patron des travailleurs, l’assemblée des évêques catholiques du Québec publie une lettre, intitulée « message du 1er mai ». Cette année, il s’agit d’une exhortation : « Défendons le droit à une alimentation saine à un prix abordable ». La réflexion de nos évêques se développe en trois temps : une analyse de la situation, à la lumière de l’Évangile, suivie de pistes d’action pour que tous puissent manger à leur faim. Mon homélie de ce matin consistera tout simplement à céder la parole à nos évêques, en citant quelques brefs passages de leur message.

1. La crise alimentaire. La société québécoise traverse une véritable crise alimentaire qui s’ajoute à la crise du logement et à l’inflation. L’an dernier, chaque mois, 10% de la population a eu recours au réseau des Banques alimentaires du Québec. 30% d’augmentation par rapport à l’année précédente. Parmi ces 872 000 personnes, 37% sont des adultes vivant seuls, 45% sont des familles avec enfants. Au même moment, 71% des organismes disent avoir manqué de denrées par leurs sources d’approvisionnement. À l’occasion du 1er mai, nous constatons avec indignation que, dans bien des cas, occuper un emploi ne suffit pas pour s’alimenter et alimenter sa famille convenablement (…). Derrière ces statistiques se trouvent des personnes et des communautés qui souffrent. Percevons-nous cette souffrance autour de nous? Y sommes-nous sensibles?

2. À la lumière de l’Évangile. Face à la crise alimentaire, nos communautés chrétiennes (…) doivent répondre à l’appel de celles et ceux qui ont faim. Pourquoi? Parce que ce faisant, nous agirons pour la justice, comme Jésus Christ nous l’a enseigné, en continuité avec la grande tradition biblique de l’engagement pour la justice. Cette interpellation se trouve dans « la multiplication des pains ». Il serait plus juste de parler de « la fraction et la distribution des pains ». Le partage des pains nous indique surtout que la capacité de nourrir convenablement celles et ceux qui ont faim, aujourd’hui encore, est à portée de main. (…) Notre idéal chrétien est que chaque personne mange à sa faim. Comment y parvenir ou du moins s’en approcher?

3. Agissons de concert. Dans le Québec d’aujourd’hui, plusieurs types d’action s’offrent aux personnes de bonne volonté pour défendre le droit à une alimentation saine à un prix abordable. À l’échelle individuelle, nos évêques soulignent l’importance de donner du temps et de l’argent pour soutenir des organismes d’aide alimentaire (…) de réduire le gaspillage alimentaire (…) en particulier dans un contexte de crise. À l’échelle collective, il faut aussi soutenir les organismes communautaires comme les cuisines collectives (…). À l’échelle sociétale, on mentionne une pétition nationale pour freiner l’inflation alimentaire, une opération de mobilisation citoyenne pour l’adoption de politiques, de programmes et de lois capables de permettre une véritable protection du droit à l’alimentation (…) et de considérer sérieusement un revenu de base couvrant les besoins essentiels (…). À l’échelle planétaire, notre idéal chrétien que chaque personne mange à sa faim est reconnu comme un droit universel. Nous pouvons interpeller nos dirigeants à signer le protocole lié à ce pacte international.

La parole de Jésus à ses disciples, lors de la multiplication des pains s’adresse à nous aujourd’hui encore : « Donnez-leur vous-mêmes à manger ».

Fr. Yvon Pomerleau, O.P.

 

PRIÈRE

Dieu, Créateur de l’univers,
tu as donné au genre humain la loi du travail ;
en ta bonté, accorde-nous d’accomplir,
à l’exemple du bienheureux Joseph et sous sa protection,
les tâches que tu nous confies,
et de recevoir la récompense que tu promets.
Par Jésus Christ, ton Fils, notre Seigneur,
lui qui vit et règne avec toi,
dans l’unité du Saint-Esprit,
Dieu, pour les siècles des siècles.

∞ Amen.