Homélie, 21ème lundi du Temps Ordinaire

Les accusations que lance Jésus contre les scribes et les pharisiens sont sévères. Ils ferment à clé le Royaume de Dieu. Comme nous l’avons entendu hier, la porte pour entrer dans le Royaume est certes étroite, mais elle est tout de même ouverte. Par les fardeaux qu’ils imposent au nom de Dieu, ils empêchent des hommes et des femmes de découvrir le Dieu qui pardonne, le Dieu qui rend libre.

En outre, ils traficotent la Loi. Ils perdent de vue sa finalité. Ils la ramènent à des préceptes humains. Pour autant, Jésus n’interdit pas de se poser des questions sur ce qu’il convient de faire dans telle ou telle circonstance. Ne faut-il pas chercher à accomplir la volonté de Dieu dans nos vies? Il peut arriver des situations difficiles où ce qu’il faut faire n’est pas évident. Dans de tels cas, on peut venir consulter un dominicain, mais si la situation est très compliquée, alors il faut en discuter avec un bon père jésuite. Les jésuites ne sont-ils pas les grands spécialistes du discernement? D’ailleurs, le pape François, dans son exhortation apostolique Amoris laetitia, invite les couples vivant en situation irrégulière à un véritable discernement personnel et communautaire sur leur situation, discernement pouvant conduire à leur admission à la communion et au pardon sacramentel.

Il y a donc, d’une part, cette recherche sincère de la volonté de Dieu où l’on fait appel à l’Écriture et à la réflexion, où la conscience, en cherchant à s’informer, et en priant, reste ouverte et, d’autre part, ce marchandage avec Dieu où, finalement, on trouve toujours une porte de sortie. Dans certaines causes devant les tribunaux, des coupables s’en tirent grâce à un artifice légal. Tant mieux pour eux. Mais est-ce l’attitude qui convient vis-à-vis d’un Dieu Père, d’un Dieu qui livre son Fils par amour ? La fameuse question : jusqu’où puis-je aller? Un exemple amusant pris dans le film ‘Les deux papes’. Le cardinal Bergoglio demande à Benoît XVI : est-il permis de fumer en priant? Évidemment, non! Mais est-il possible de prier en fumant? Évidemment, oui! Il s’agit donc de savoir comment poser la question. Par leurs arguties, les scribes et les pharisiens obscurcissent l’essentiel. En regardant les arbres, ils oublient la forêt qui est l’amour de Dieu et du prochain.

Aujourd’hui, nous faisons mémoire de Marie, Reine. Pourtant, elle était bien loin de tous les jeux hypocrites de coulisse qui entachent le monde de la politique et du pouvoir. Elle n’aura été, durant toute sa vie, que l’humble servante du Seigneur. Elle accomplira sa vocation de mère du Sauveur du mieux qu’elle pourra. Elle l’accompagnera jusqu’au pied de la Croix. Elle aura été disponible durant toute sa vie où son oui ne cessera de se déployer. Elle n’aura jamais cherché à se glorifier elle-même. D’ailleurs, il est intéressant d’observer qu’au début de l’Église les débats entourant la question de sa maternité divine était, d’abord et avant tout, liée à la question de la divinité du Christ. Elle est déclarée Mère de Dieu, parce que le Christ, Jésus de Nazareth, est le Fils de Dieu. En minimisant le rôle de Marie, on minimisait l’identité profonde de Jésus. Ainsi, si Marie est Reine, c’est d’abord et avant tout parce que son Fils est le Roi de l’univers.

Face à l’hypocrisie, face à la tentation de défigurer la volonté de Dieu, que Marie soit notre guide. Que la Mère de miséricorde nous accompagne dans notre marche à la suite de son Fils. Amen.

Fr. André Descôteaux, O.P.

PRIÈRE