Homélie, Pentecôte 2022

Durant la Veillée pascale, nous avions l’habitude de chanter, à la suite de la lecture du récit de la création, un refrain que j’ai toujours aimé. Certains d’entre vous s’en souviendront peut-être:

« Souffle du Dieu vivant, l’Esprit créateur au début du monde.
Souffle du Dieu vivant, l’Esprit créateur emplit l’univers! »

En quelques mots, l’Esprit est magnifiquement présenté : Souffle, provenant de Dieu, Vie, créateur, au début du monde, plénitude de l’univers.

Aujourd’hui, en fêtant la Pentecôte, nous rappelons cet envoi de l’Esprit par le Père qui donne un souffle de vie non au début de la création, mais au début du temps de l’Église pour qu’elle soit pour le monde, à son tour, un souffle de vie.

Le souffle et l’air sont essentiels à nos vies. Après avoir couru, il nous faut rattraper notre souffle. Avez-vous remarqué les coureurs de sprint aux Jeux olympiques ? Ils sont pliés en deux à la recherche de leur souffle. Les personnes asthmatiques ou qui vivent une crise d’angoisse recherchent de l’air, de l’oxygène. Elles se sentent oppressées. Chaque respiration semble être un combat. Moments difficiles! Les parents sont heureux d’entendre leur bébé pleurer quand, tout de suite après sa naissance, il crie. Ouf!

Mais il y a aussi un autre oxygène dont nous avons besoin. Rappelez-vous la magnifique chanson de Diane Dufresne : ‘Donnez-moi de l’oxygène!’. Alors que les couplets décrivent le quotidien répétitif du lever au coucher, elle crie son besoin d’oxygène.

Toute la semaine je me démène
De neuf heures jusqu’à cinq heures
Le trafic me panique
Quand je roule à la noirceur
Le parking du building
A toujours la même odeur

Donnez-moi de l’oxygène! De l’oxygène! Donnez de l’oxygène à ma vie! Donnez-lui de l’air! Donnez-lui un souffle! Diane Dufresne n’est pas la seule à expérimenter ce besoin d’oxygène qui est beaucoup plus que la molécule O2 qui nous est nécessaire pour vivre. Il nous faut un autre oxygène. Il nous faut donner du souffle à nos vies.

Le second récit de la création l’avait bien reconnu. Sous une forme poétique, il nous montre Dieu modelant l’être humain. Comme tous les autres vivants, l’humain provient de l’humus, de la terre, mais ce qui le distingue est cette haleine de vie que Dieu souffle dans ses narines. « Dieu modela l’homme avec la poussière tirée du sol ; il insuffla dans ses narines le souffle de vie, et l’homme devint un être vivant ».

Façonné d’humus comme tous les animaux, il est proche d’eux, tandis que l’haleine de vie le rend semblable à Dieu.

Tu envoies ton souffle : ils sont créés;
tu renouvelles la face de la terre! (Ps. 103)

Mais voilà que l’Esprit répandu à la Pentecôte et depuis est celui qui non seulement fait de l’être que nous sommes des êtres humains, il est aussi celui qui fait de nous des fils et des filles de Dieu. Une nouvelle étape est franchie. Écoutons saint Paul : « Vous avez reçu un Esprit qui fait de vous des fils; et c’est en lui que nous crions « Abba! »

Si l’être de terre que nous sommes est devenu humain par le souffle de Dieu inhalé dans nos narines, l’Esprit de la Pentecôte fait de l’être de chair que nous sommes des fils et des filles de Dieu, héritiers de Dieu et cohéritiers avec le Christ de sorte que nous ne vivons plus sous la peur, comme des esclaves, mais selon l’Esprit qui rend libre.

Son action est encore plus formidable, car c’est lui qui donnera vie à nos corps mortels comme c’est lui qui a ressuscité Jésus d’entre les morts, puisqu’il habite en nous.

C’est encore lui qui, comme le dit Jésus dans l’Évangile, permet au Père et au Fils d’habiter en nous. « Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole, nous viendrons vers lui et, chez lui, nous nous ferons une demeure ». C’est l’Esprit qui nous enseignera tout et qui nous fera souvenir de tout ce que le Christ aura dit, non pas comme un livre empoussiéré que l’on consulte de temps à autre, mais comme une parole vivante en nous et donnant du souffle à notre vie.

Il est ce souffle qui souffle en nous de sorte que chacun peut faire de sa vie une mélodie de joie, d’amour et d’espérance. Nous formons ainsi un merveilleux orchestre chantant l’amour de Dieu ou pour parler comme saint Paul, nous constituons, chacun et chacune avec ses dons, le Corps du Christ pour que le monde entier soit renouvelé par la présence du Souffle du Dieu vivant. Amen.

Fr. André Descôteaux, O.P.

PRIÈRE

Dieu tout-puissant,
nous te prions au terme de ces fêtes pascales :
que, par ta grâce, elles imprègnent nos actes et notre vie.
Par Jésus Christ, ton Fils, notre Seigneur,
qui vit et règne avec toi dans l’unité du Saint Esprit,
Dieu, pour les siècles des siècles.
∞ Amen.