4 JUIN 2022
Toi, suis-moi !
Nous avons droit à une deuxième homélie, dans laquelle le frère Daniel Cadrin, o.p., nous présente le saint dominicain que nous célébrons aujourd’hui: saint Pierre de Vérone.

LIVRE DES ACTES DES APÔTRES (28, 16-20.30-31)
À notre arrivée à Rome, Paul a reçu l’autorisation d’habiter en ville avec le soldat qui le gardait. Trois jours après, il fit appeler les notables des Juifs. Quand ils arrivèrent, il leur dit : « Frères, moi qui n’ai rien fait contre notre peuple et les coutumes reçues de nos pères, je suis prisonnier depuis Jérusalem où j’ai été livré aux mains des Romains. Après m’avoir interrogé, ceux-ci voulaient me relâcher, puisque, dans mon cas, il n’y avait aucun motif de condamnation à mort. Mais, devant l’opposition des Juifs, j’ai été obligé de faire appel à l’empereur, sans vouloir pour autant accuser ma nation. C’est donc pour ce motif que j’ai demandé à vous voir et à vous parler, car c’est à cause de l’espérance d’Israël que je porte ces chaînes. »
Paul demeura deux années entières dans le logement qu’il avait loué ; il accueillait tous ceux qui venaient chez lui ; il annonçait le règne de Dieu et il enseignait ce qui concerne le Seigneur Jésus Christ avec une entière assurance et sans obstacle.
ÉVANGILE DE JÉSUS CHRIST SELON SAINT JEAN (21, 20-25)
En ce temps-là, Jésus venait de dire à Pierre : « Suis-moi. » S’étant retourné, Pierre aperçoit, marchant à leur suite, le disciple que Jésus aimait. C’est lui qui, pendant le repas, s’était penché sur la poitrine de Jésus pour lui dire : « Seigneur, quel est celui qui va te livrer ? » Pierre, voyant donc ce disciple, dit à Jésus : « Et lui, Seigneur, que lui arrivera-t-il ? » Jésus lui répond : « Si je veux qu’il demeure jusqu’à ce que je vienne, que t’importe ? Toi, suis-moi. »
Le bruit courut donc parmi les frères que ce disciple ne mourrait pas. Or, Jésus n’avait pas dit à Pierre qu’il ne mourrait pas, mais : « Si je veux qu’il demeure jusqu’à ce que je vienne, que t’importe ? »
C’est ce disciple qui témoigne de ces choses et qui les a écrites, et nous savons que son témoignage est vrai. Il y a encore beaucoup d’autres choses que Jésus a faites ; et s’il fallait écrire chacune d’elles, je pense que le monde entier ne suffirait pas pour contenir les livres que l’on écrirait.
Homélie
En cette veille de la Pentecôte, nous avons du spécial comme lectures : deux finales! Celle de l’Évangile selon Jean et celle des Actes des Apôtres. Comme une fin pour préparer un commencement, une ouverture pour la mission, pour le témoignage rendu à Jésus le Ressuscité. Et avec qui nous retrouvons-nous? Avec les trois principales figures apostoliques aux débuts de l’Église. Au bord du lac de Galilée, avec Pierre et le disciple bien-aimé, sans nom dans tout l’Évangile mais identifié au Jean des Synoptiques et des Actes, dans lesquels Pierre et Jean sont souvent associés comme leaders. Et nous nous retrouvons à Rome, dans un appartement loué, avec Paul l’apôtre des nations, en résidence surveillée. Nous sommes en bonne compagnie!
Deux d’entre eux mourront martyrs, Pierre et Paul; l’autre aura une longue vie mais mourra aussi. Ce que les trois ont en commun : ils vont annoncer Jésus Christ, fonder des communautés, voir à la formation des chrétiens, assumer des responsabilités. Cela introduit bien une autre figure dont l’Ordre fait mémoire aujourd’hui : Pierre de Vérone. Il est de la première génération, il a pris l’habit dans les mains de saint Dominique. Il a prêché, il a travaillé à la formation des laïcs, il a été prieur plusieurs fois, il a fondé des confréries. Et il a battu un record de temps pour la canonisation : seulement onze mois après sa mort! Ce qui a aidé : lui aussi est mort martyr. Il est le premier saint de l’Ordre, après saint Dominique.
Originaire de Vérone en Vénétie, la ville de Roméo et Juliette, les célèbres amants qu’il n’a pas eu le temps de connaître, Pierre venait d’une famille cathare, ce mouvement religieux que Dominique a combattu et qui était présent au sud de la France et au nord de l’Italie. À l’Université de Bologne, il quitte l’hérésie, sous l’influence de Dominique, et joint les Prêcheurs. Il connait une vie active comme prédicateur, sachant toucher les cathares et les gens en recherche.
Puis en 1251, le pape le nomme inquisiteur pour la Lombardie. Il aura peu de temps pour exercer son rôle. En route vers Milan, il est assassiné en avril 1252, avec le frère qui l’accompagnait. Soit que les cathares l’aient jugé trop dangereux, étant donné sa connaissance interne du milieu, et l’aient fait éliminer; ou qu’il nuisait aux intérêts de puissantes familles lombardes. Mais cette histoire est spéciale car son assassin Carino de Balsamo, repenti, est finalement entré chez les dominicains comme frère coopérateur et est même devenu Bienheureux (en 1822, mémoire le 28 avril) !
Pierre de Vérone était aussi un sage, comme on le voit dans ses écrits. Je cite une lettre écrite à la prieure du monastère Saint-Pierre, qu’il avait fondé à Milan, une communauté inter-générationnelle : « Montre-toi dévouée envers les sœurs aînées, douce avec les plus jeunes, et bienveillante envers celles de ton âge ». Voilà des conseils que Pierre, Jean et Paul auraient pu donner. Amen.
Fr. Daniel Cadrin, O.P.
PRIÈRE
Au terme de ces fêtes pascales,
accorde-nous, Dieu tout-puissant,
de garder la Pâque de ton Fils présente dans toute notre vie.
Par Jésus Christ, ton Fils, notre Seigneur,
qui vit et règne avec toi
dans l’unité du Saint-Esprit,
Dieu, pour les siècles des siècles.
∞ Amen.