17 novembre 2025
Approcher le Nazaréen, fils de David et Seigneur
Aujourd’hui, le frère Maxime Allard, O.P., ce pose des questions sur la réaction spontanée de l’aveugle dans l’évangile du jour qui lierait « Jésus, le Nazaréen » à « Jésus, fils de David » et nous donne la foi de cet aveugle en exemple.
PREMIER LIVRE DES MARTYRS D’ISRAËL (1, 10-15.41-43.54-57.62-64)
En ces jours-là, de la descendance des successeurs d’Alexandre le Grand surgit un homme de péché, Antiocos Épiphane, fils du roi Antiocos le Grand. Il avait séjourné à Rome comme otage, et il devint roi en l’année 137 de l’empire grec. À cette époque, surgirent en Israël des hommes infidèles à la Loi, et ils séduisirent beaucoup de gens, car ils disaient : « Allons, faisons alliance avec les nations qui nous entourent. En effet, depuis que nous avons rompu avec elles, il nous est arrivé beaucoup de malheurs. »
Ce langage parut judicieux, et quelques-uns, dans le peuple, s’empressèrent d’aller trouver le roi. Celui-ci leur permit d’adopter les usages des nations. Ils construisirent un gymnase à Jérusalem, selon la coutume des nations ; ils effacèrent les traces de leur circoncision, renièrent l’Alliance sainte, s’associèrent aux gens des nations, et se vendirent pour faire le mal.
Le roi Antiocos prescrivit à tous les habitants de son royaume de ne faire désormais qu’un seul peuple, et d’abandonner leurs coutumes particulières. Toutes les nations païennes se conformèrent à cet ordre. En Israël, beaucoup suivirent volontiers la religion du roi, offrirent des sacrifices aux idoles, et profanèrent le sabbat.
Le quinzième jour du neuvième mois, en l’année 145, Antiocos éleva sur l’autel des sacrifices l’Abomination de la désolation, et, dans les villes de Juda autour de Jérusalem, ses partisans élevèrent des autels païens. Ils brûlèrent de l’encens aux portes des maisons et sur les places. Tous les livres de la Loi qu’ils découvraient, ils les jetaient au feu après les avoir lacérés. Si l’on découvrait chez quelqu’un un livre de l’Alliance, si quelqu’un se conformait à la Loi, le décret du roi le faisait mettre à mort.
Cependant, beaucoup en Israël résistèrent et eurent le courage de ne manger aucun aliment impur. Ils acceptèrent de mourir pour ne pas être souillés par ce qu’ils mangeaient, et pour ne pas profaner l’Alliance sainte ; et de fait, ils moururent. C’est ainsi que s’abattit sur Israël une grande colère.
ÉVANGILE DE JÉSUS CHRIST SELON SAINT LUC (18, 35-43)
Alors que Jésus approchait de Jéricho, un aveugle mendiait, assis au bord de la route. Entendant la foule passer devant lui, il s’informa de ce qu’il y avait. On lui apprit que c’était Jésus le Nazaréen qui passait. Il s’écria : « Jésus, fils de David, prends pitié de moi ! » Ceux qui marchaient en tête le rabrouaient pour le faire taire. Mais lui criait de plus belle : « Fils de David, prends pitié de moi ! »
Jésus s’arrêta et il ordonna qu’on le lui amène. Quand il se fut approché, Jésus lui demanda : « Que veux-tu que je fasse pour toi ? » Il répondit : « Seigneur, que je retrouve la vue. » Et Jésus lui dit : « Retrouve la vue ! Ta foi t’a sauvé. » À l’instant même, il retrouva la vue, et il suivait Jésus en rendant gloire à Dieu.
Et tout le peuple, voyant cela, adressa une louange à Dieu.
Prédication
J’ai cherché dans l’Ancien Testament. J’ai cherché en vain. Je n’ai rien trouvé. Je cherchais à savoir si David avait été faire un tour en Galilée, s’il y avait des traces bibliques pour penser que David aurait pu visiter Nazareth, eu une relation avec une femme de là-bas qui aurait commencé une lignée de « fils de David » dans ce coin perdu du monde, si loin de Jérusalem, du palais royal et du Temple. J’ai aussi cherché : Salomon n’y est pas allé non plus, ni – semble-t-il – aucun de ses fils. En tous les cas, la Bible n’en a pas conservé de traces…
Pourquoi ai-je entrepris cette recherche ? Pourquoi ? Simplement à cause d’un glissement qui a retenu mon attention à l’écoute de l’Évangile du jour. On informe le mendiant aveugle sur le bord de la route de Jéricho que « Jésus le Nazaréen » est la cause de tout le brouhaha qui l’entoure soudainement. Et, sans perdre un instant, sans que le texte nous laisse l’impression d’une longue méditation, l’aveugle s’écrit « Jésus, fils de David »… Cela ne vous intrigue pas ?
À cet aveugle, Jésus dira « ta foi t’a sauvé ». Sa foi en Jésus, certes, mais pas simplement en tant qu’il était dit « Nazaréen ». Sa foi en Jésus comme « fils de David ». Dans la parole, les gestes et la réputation de Jésus, il a cru déceler – je n’ose pas écrire « voir » – quelque chose d’une filiation messianique, quelque chose comme une promesse de Dieu en voie de réalisation. Cet aveugle n’est pas un ignare. Il a entendu la Thora et les prophètes. La promesse d’un messie de la lignée de David le rejoint dans sa chair, dans son obscurité. Il veut voir le salut de Dieu à l’œuvre : « Seigneur, que je retrouve la vue ».
L’aveugle entend parler d’un Nazaréen fameux, Jésus. Il croit y percevoir un lien avec la promesse faite à David et à Israël. Mais il voir plus loin, dans sa foi. Il y entrevoit – avant même de voir Jésus, qu’il y a là plus que David ou un de ses descendants. Il s’adresse à son « Seigneur ». Il le verra et rendra gloire à Dieu.
Chacun de nous jouit ou peine sur un chemin de foi différent. Mais dans l’Église de Dieu, nous croyons que ces divers cheminements sont orientés, par l’Esprit du Ressuscité, vers la reconnaissance du Christ Jésus, comme Seigneur. L’Église nous offre les Écritures, les récits évangéliques pour nous inciter à avancer, à l’aveuglette parfois, dans la foi, dans l’expression personnelle de la foi de l’Église. Chacun s’avance, soutenu ou rabroué, peu importe. Ce qui compte est de s’avancer, en tâtonnant, dans la foi, dans le désir impérieux de voir le monde et de le voir avec des yeux ouverts par Dieu. Dans le Royaume, nos yeux seront pleinement ouverts pour contempler le Seigneur… et notre action de grâce sera entière.
Fr. Maxime Allard, O.P.
PRIÈRE
Dieu,
tu as donné à sainte Élisabeth de Hongrie de reconnaître
et vénérer de Christ dans les pauvres ;
accorde-nous, à son intercession,
de servir avec une inépuisable charité
ceux qui sont dans le besoin et dans l’épreuve.
Par Jésus Christ, ton Fils, notre Seigneur,
qui vit et règne avec toi,
dans l’unité du Saint-Esprit,
Dieu, pour les siècles des siècles.
∞ Amen.
