6 novembre 2025
Réjouissez-vous avec moi !
Aujourd’hui, Sylvie Latreille, de la Fraternité laïque dominicaine Albert-le-Grand, nous aide à comprendre plus personnellement les paraboles que Jésus utilise pour expliquer l’amour de Dieu pour les pécheurs à ses contemporains.
LETTRE DE SAINT PAUL APÔTRE AUX ROMAINS (14, 7-12)
Frères, aucun d’entre nous ne vit pour soi-même, et aucun ne meurt pour soi-même : si nous vivons, nous vivons pour le Seigneur ; si nous mourons, nous mourons pour le Seigneur. Ainsi, dans notre vie comme dans notre mort, nous appartenons au Seigneur. Car, si le Christ a connu la mort, puis la vie, c’est pour devenir le Seigneur et des morts et des vivants.
Alors toi, pourquoi juger ton frère ? Toi, pourquoi mépriser ton frère ? Tous, en effet, nous comparaîtrons devant le tribunal de Dieu. Car il est écrit : Aussi vrai que je suis vivant, dit le Seigneur, tout genou fléchira devant moi, et toute langue proclamera la louange de Dieu. Ainsi chacun de nous rendra compte à Dieu pour soi-même.
ÉVANGILE DE JÉSUS CHRIST SELON SAINT LUC (15, 1-10)
En ce temps-là, les publicains et les pécheurs venaient tous à Jésus pour l’écouter. Les pharisiens et les scribes récriminaient contre lui : « Cet homme fait bon accueil aux pécheurs, et il mange avec eux ! »
Alors Jésus leur dit cette parabole : « Si l’un de vous a cent brebis et qu’il en perd une, n’abandonne-t-il pas les 99 autres dans le désert pour aller chercher celle qui est perdue, jusqu’à ce qu’il la retrouve ? Quand il l’a retrouvée, il la prend sur ses épaules, tout joyeux, et, de retour chez lui, il rassemble ses amis et ses voisins pour leur dire : “Réjouissez-vous avec moi, car j’ai retrouvé ma brebis, celle qui était perdue !”
« Je vous le dis : C’est ainsi qu’il y aura de la joie dans le ciel pour un seul pécheur qui se convertit, plus que pour 99 justes qui n’ont pas besoin de conversion.
« Ou encore, si une femme a dix pièces d’argent et qu’elle en perd une, ne va-t-elle pas allumer une lampe, balayer la maison, et chercher avec soin jusqu’à ce qu’elle la retrouve ? Quand elle l’a retrouvée, elle rassemble ses amies et ses voisines pour leur dire : “Réjouissez-vous avec moi, car j’ai retrouvé la pièce d’argent que j’avais perdue !”
« Ainsi je vous le dis : Il y a de la joie devant les anges de Dieu pour un seul pécheur qui se convertit. »
Prédication
Qui n’a pas déjà perdu son téléphone cellulaire ou ses clés ? Peu importe l’âge que nous avons, ce genre d’expérience nous dérange surtout lorsque nous sommes en retard à un rendez-vous important. Qui n’a jamais éprouvé une certaine inquiétude en cherchant avec soin l’objet perdu ? C’est ainsi que la femme déploie des efforts pour retrouver la pièce d’argent qu’elle avait égarée dans le récit d’une des deux paraboles de Jésus. Que fait-elle lorsqu’elle la retrouve ?
Elle partage la bonne nouvelle avec ses amies et ses voisines. De fait, elle les rassemble. « Réjouissiez-vous avec moi ». Impossible de garder la joie éprouvée pour elle-même. Nous comprenons bien ce qu’elle vient de vivre puisque son expérience ressemble à la nôtre.
Vous est-il déjà arrivé de perdre votre animal préféré ? Ce n’est pas d’un objet dont il s’agit, mais d’un être vivant que vous affectionnez tendrement. Peu importe si vous avez un rendez-vous, vous allez partir à sa recherche. Aucun effort ne sera négligé jusqu’à ce que vous le retrouviez. Alors, vous allez le prendre dans vos bras le cœur joyeux et revenir chez-vous d’un pas léger. Vous avez sauvé votre animal d’une situation hasardeuse. Peut-être aurez-vous le goût d’annoncer la bonne nouvelle à vos amies et les inviter pour célébrer ses retrouvailles avec vous ? Comme votre expérience ressemble à celle racontée par Jésus. Que se passe-t-il ?
Des publicains et des pécheurs viennent l’écouter parce que Jésus est accueillant avec eux. Il va même manger à leur table. Voilà donc une autre occasion pour des pharisiens et des scribes de récriminer contre lui. Entre écoute et récrimination, que fait Jésus ? Il s’adresse à eux en référant à cette autre parabole.
Il leur dit : « Si l’un de vous a cent brebis et qu’il en perde une, n’abandonne-t-il pas les quatre-vingt-dix-neuf autres dans le désert pour aller chercher celle qui est perdue, jusqu’à ce qu’il la retrouve ? »
La question de Jésus aborde une situation bien connue de ses auditeurs. Cette parabole a une portée symbolique importante dans la tradition vétéro-testamentaire : elle représente la relation entre Dieu et son peuple. Laissant là son troupeau, le berger part à la recherche de la brebis perdue jusqu’à ce qu’il la retrouve pour la sauver, en prendre soin et la ramener au bercail.
Ces auditeurs, scribes et pharisiens, connaissent l’enseignement rapporté par le prophète Ézéchiel. « Car ainsi parle le Seigneur Dieu : Je viens chercher moi-même mon troupeau pour en prendre soin (…). La bête perdue, je la chercherai : celle qui sera écartée, je la ferai revenir ; celle qui aura une patte cassée, je lui ferai un bandage ; la malade, je la fortifierai. »
Cette parabole de la brebis retrouvée est une représentation traditionnelle du salut de Dieu pour « un seul pécheur qui se convertit ». Il part à sa recherche. Il va le retrouver. Il va le sauver Lui-même en le ramenant à Lui.
Alors, nous comprenons mieux la joie éprouvée, manifestée, annoncée et partagée de la femme en retrouvant sa pièce d’argent ; celle du berger qui a retrouvé sa brebis perdue ; celle des anges de Dieu pour un seul pécheur qui se convertit ; celle dans le ciel pour un seul pécheur revenu auprès du Seigneur.
« Réjouissez-vous avec moi », nous dit le Seigneur. Il vient à notre rencontre, il se soucie de nous, il nous sauve en toute grâce. « Car tu as du prix à mes yeux, que tu as de la valeur et que je t’aime. » (Is 43, 4).
« Réjouissez-vous avec le Seigneur », car Il vient aussi à la rencontre des personnes qui sont à la périphérie de l’Église, mais qui cherchent, souvent à tâtons, la lumière qui guidera leurs pas jusqu’à l’intimité de Dieu.
Sylvie Latreille, L.O.P.
Fraternité laïque dominicaine Albert-le-Grand
PRIÈRE
Seigneur Dieu,
par toi nous vient la rédemption,
par toi nous est donné l’adoption filiale ;
dans ta bonté, regarde avec amour tes enfants ;
à ceux qui croient au Christ,
accorde la vraie liberté et la vie éternelle en héritage.
Par Jésus Christ, ton Fils, notre Seigneur,
qui vit et règne avec toi,
dans l’unité du Saint-Esprit,
Dieu, pour les siècles des siècles.
∞ Amen.
