Prédication, 27ème jeudi du temps ordinaire

9 octobre 2025

« Vous disiez? ... »

Aujourd’hui, le frère Raymond Latour, O.P., adresse la question épineuse que voici : Dieu s’offense-t-Il des choses blessantes que l’on dit dans son dos?

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Prédication

Vous causez avec des amis, vous parlez de façon un peu critique de telle ou telle personne, et voici que cette personne surprend votre conversation. Léger malaise. « M’a-t-il, m’a-t-elle entendu ? », vous demandez-vous, rempli(e) de confusion. Si vous aviez su que la personne était toute proche, sans doute n’auriez-vous pas tenu ces propos. On voudrait se voir à six pieds sous terre ! Situation très inconfortable… Ou bien, vous-même entendez quelqu’un déblatérer sur votre compte. Allez-vous passer à l’offensive ou faire comme si vous n’aviez rien entendu ?

Heureusement, nous ne songeons pas souvent que Dieu nous écoute, qu’il nous entend. Nous avons exorcisé cette image d’un Dieu qui est partout, qui voit tout, un Dieu espion, qui nous épie et à qui rien n’échappe. De façon plus ou moins inconsciente, amour propre oblige, nous préférons un Dieu discret, capable de faire la sourde oreille à nos propos intempérants.

Dans la première lecture, le prophète Malachie nous présente un Dieu qui surprend des paroles prononcées à son propos et qui ne se fait pas faute de les resservir pour confronter ses détracteurs. « Vous disiez ? »

« Vous avez dit contre moi des paroles dures », déclare le Seigneur… Nous n’aimons pas trop que les gens parlent dans notre dos, et il semble que cela ne soit pas non plus du goût du Seigneur. Le prophète Malachie, en son nom, ne manque pas de recadrer ces gens, de leur faire rentrer les paroles dans la gorge. À l’avenir, ils vont surveiller leur langage !

Serait-il possible que Dieu ait à se plaindre du langage que nous tenons (entre nous) à son endroit. « Servir Dieu n’a pas de sens », voilà les propos qui étaient parvenus à ses oreilles. Aujourd’hui, beaucoup de nos contemporains ne tiennent-ils pas le même discours. Pourquoi faudrait-il se soucier de Dieu ? Dieu, à quoi bon ?

C’est l’interrogation séculaire à laquelle les croyants et croyantes devront toujours répondre, qu’elle monte de leur propre cœur ou qu’elle leur soit transmise par le milieu ambiant, avec ou sans hostilité.

On a beau dire, on a beau faire. On y revient toujours. Quand le malheur frappe à l’improviste, quand la maladie nous jette dans l’inquiétude, quand, de quelque manière, nous perdons notre belle maîtrise des choses, le recours à Dieu s’impose. Vous l’aviez mis de côté, par indifférence, par orgueil ou désir d’émancipation, allez, on oublie tout cela ! Peu importe son indigence, on frappe à sa porte !

Par bonheur, et peut-être à notre étonnement, Dieu n’est pas comme nous. Il ouvre à qui frappe. Il donne à qui demande. Sans poser de question. Sans nous rappeler nos fières postures, nos petites prétentions à être comme des dieux. Non, Dieu n’est pas mesquin. Il donne plus que nous n’osons demander. Dieu, toujours prêt à dépanner, même au milieu de la nuit, s’il le faut.

La prière du Notre Père nous l’apprenait déjà. Le pain quotidien, c’est son affaire. Nous n’avons même pas à prendre la précaution de lui présenter nos demandes comme un « emprunt » – « prête-moi trois pains » – Dieu ne prête pas, il donne ! Et c’est heureux, car nous serions bien incapables de rembourser nos emprunts !

Dans la découverte d’un Dieu Père qui donne de bonnes choses à ses enfants, nos paroles dures se changeront en actions de grâce. Le Dieu-dépanneur s’estompera pour faire place au Dieu-communion, celui que nous aurons tous les jours le bonheur de servir.

Fr. Raymond Latour, O.P.

 

PRIÈRE

Seigneur Dieu, Créateur du monde,
c’est toi qui régis le cours des temps ;
dans ta bonté, accueille nos supplications :
accorde à notre temps la paix et la tranquillité,
pour que nous puissions louer ta miséricorde
dans l’exultation d’une joie sans fin.
Par Jésus Christ, ton Fils, notre Seigneur,
qui vit et règne avec toi,
dans l’unité du Saint-Esprit,
Dieu, pour les siècles des siècles.

∞ Amen.