6 octobre 2025
L'engagement total : mission impossible ?
Aujourd’hui, devant la difficulté de s’investir à 100% et de faire face à la souffrance, Christine Husson, laïque dominicaine, nous présente deux exemples très humains qui ont su se reposer sur Dieu pour réussir.
LIVRE DU PROPHÈTE JONAS (1, 1 – 2, 1.11)
La parole du Seigneur fut adressée à Jonas, fils d’Amittaï : « Lève-toi, va à Ninive, la grande ville païenne, et proclame que sa méchanceté est montée jusqu’à moi. » Jonas se leva, mais pour s’enfuir à Tarsis, loin de la face du Seigneur. Descendu à Jaffa, il trouva un navire en partance pour Tarsis. Il paya son passage et s’embarqua pour s’y rendre, loin de la face du Seigneur.
Mais le Seigneur lança sur la mer un vent violent, et il s’éleva une grande tempête, au point que le navire menaçait de se briser. Les matelots prirent peur ; ils crièrent chacun vers son dieu et, pour s’alléger, lancèrent la cargaison à la mer.
Or, Jonas était descendu dans la cale du navire, il s’était couché et dormait d’un sommeil mystérieux. Le capitaine alla le trouver et lui dit : « Qu’est-ce que tu fais ? Tu dors ? Lève-toi ! Invoque ton dieu. Peut-être que ce dieu s’occupera de nous pour nous empêcher de périr. » Et les matelots se disaient entre eux : « Tirons au sort pour savoir à qui nous devons ce malheur. » Ils tirèrent au sort, et le sort tomba sur Jonas. Ils lui demandèrent : « Dis-nous donc d’où nous vient ce malheur. Quel est ton métier ? D’où viens-tu ? Quel est ton pays ? De quel peuple es-tu ? »
Jonas leur répondit : « Je suis hébreu, moi, je crains le Seigneur, le Dieu du ciel, qui a fait la mer et la terre ferme. » Les matelots furent saisis d’une grande peur et lui dirent : « Qu’est-ce que tu as fait là ? » Car ces hommes savaient, d’après ce qu’il leur avait dit, qu’il fuyait la face du Seigneur. Ils lui demandèrent : « Qu’est-ce que nous devons faire de toi, pour que la mer se calme autour de nous ? » Car la mer était de plus en plus furieuse. Il leur répondit : « Prenez-moi, jetez-moi à la mer, pour que la mer se calme autour de vous. Car, je le reconnais, c’est à cause de moi que cette grande tempête vous assaille. »
Les matelots ramèrent pour regagner la terre, mais sans y parvenir, car la mer était de plus en plus furieuse autour d’eux. Ils invoquèrent alors le Seigneur : « Ah ! Seigneur, ne nous fais pas mourir à cause de cet homme, et ne nous rends pas responsables de la mort d’un innocent, car toi, tu es le Seigneur : ce que tu as voulu, tu l’as fait. » Puis ils prirent Jonas et le jetèrent à la mer. Alors la fureur de la mer tomba.
Les hommes furent saisis par la crainte du Seigneur ; ils lui offrirent un sacrifice accompagné de vœux. Le Seigneur donna l’ordre à un grand poisson d’engloutir Jonas. Jonas demeura dans les entrailles du poisson trois jours et trois nuits. Alors le Seigneur parla au poisson, et celui-ci rejeta Jonas sur la terre ferme.
ÉVANGILE DE JÉSUS CHRIST SELON SAINT LUC (10, 25-37)
En ce temps-là, voici qu’un docteur de la Loi se leva et mit Jésus à l’épreuve en disant : « Maître, que dois-je faire pour avoir en héritage la vie éternelle ? » Jésus lui demanda : « Dans la Loi, qu’y a-t-il d’écrit ? Et comment lis-tu ? » L’autre répondit : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de toute ta force et de toute ton intelligence, et ton prochain comme toi-même. » Jésus lui dit : « Tu as répondu correctement. Fais ainsi et tu vivras. »
Mais lui, voulant se justifier, dit à Jésus : « Et qui est mon prochain ? » Jésus reprit la parole : « Un homme descendait de Jérusalem à Jéricho, et il tomba sur des bandits ; ceux-ci, après l’avoir dépouillé et roué de coups, s’en allèrent, le laissant à moitié mort.
« Par hasard, un prêtre descendait par ce chemin ; il le vit et passa de l’autre côté. De même un lévite arriva à cet endroit ; il le vit et passa de l’autre côté.
« Mais un Samaritain, qui était en route, arriva près de lui ; il le vit et fut saisi de compassion. Il s’approcha, et pansa ses blessures en y versant de l’huile et du vin ; puis il le chargea sur sa propre monture, le conduisit dans une auberge et prit soin de lui. Le lendemain, il sortit deux pièces d’argent, et les donna à l’aubergiste, en lui disant : “Prends soin de lui ; tout ce que tu auras dépensé en plus, je te le rendrai quand je repasserai.”
« Lequel des trois, à ton avis, a été le prochain de l’homme tombé aux mains des bandits ? »
Le docteur de la Loi répondit : « Celui qui a fait preuve de pitié envers lui. » Jésus lui dit : « Va, et toi aussi, fais de même. »
Prédication
Les textes d’aujourd’hui nous proposent un chemin très clair pour faire la volonté de Dieu et accéder à la vie éternelle : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de toute ta force et de toute ton intelligence, et ton prochain comme toi-même. » C’est simple comme message et c’est en quelque sorte le résumé de tout l’Évangile et de ce que comme chrétiens, nous sommes appelés à suivre par notre baptême. Alors quel est le problème ?
La première difficulté se trouve dans les mots tout et toute qui sont utilisés dans le texte de l’Évangile de Luc. Nous sommes invités à nous donner corps et âme au projet de Dieu et pas à cinquante pour cent ou à temps partiel. Voici un chemin plus qu’exigeant et qui peut faire peur à tout croyant, même très fidèle et fervent. L’engagement total auquel il nous invite est une sorte de mission impossible, comportant toutes sortes de risques et de renoncements auxquels nous sommes si peu préparés. Il n’est pas étonnant que Jonas ait pris peur devant la mission que Dieu lui confiait. Il nous donne un exemple d’une réaction humaine des plus normales face à la peur : la fuite.
Une autre difficulté à laquelle, nous sommes tous et toutes confrontés, j’en suis sûre, c’est le fait de voir la souffrance et de ne pas l’ignorer, comme le fait le prêtre avec l’homme laissé pour mort sur le bord de la route de Jéricho. N’est-ce pas nous cet homme, pourtant plein de savoir et de connaissances religieuses et morales, qui oublie l’essentiel en passant sa route ? Nous, lorsque nous détournons le regard de l’itinérant qui quête dans la rue, nous lorsque nous sommes sourds à la détresse d’un ami ou d’un voisin, nous lorsque nous évitons de voir l’épuisement d’une mère et nous encore lorsque nous reportons la visite à un grand-parent en CHSLD.
Mais ces réactions humaines, Dieu les connaît bien et nous donne aussi la force et l’espoir d’arriver à suivre ce chemin si exigeant. Regardons Jonas qui a réussi à dépasser sa lâcheté pour s’offrir en sacrifice afin de calmer la tempête. Dieu le sauve. Regardons aussi l’exemple du Samaritain, cet homme plein de bonté et de compassion, qui voit l’homme blessé sur sa route, en prend soin et lui donne tout ce dont il a besoin. Cet homme a la promesse de la vie éternelle. Ces deux exemples peuvent nous aider à devenir des personnes, certes confrontées à la peur et à la fuite devant les responsabilités, mais aussi capables de les surmonter en devenant des bons samaritains les uns pour les autres.
Christine Husson, L.O.P.
PRIÈRE
Seigneur Dieu,
tu as voulu que toute la loi de sainteté consiste à t’aimer
et à aimer son prochain :
donne-nous de garder tes commandements,
et de parvenir ainsi à la vie éternelle.
Par Jésus Christ, ton Fils, notre Seigneur,
qui vit et règne avec toi,
dans l’unité du Saint-Esprit,
Dieu, pour les siècles des siècles.
∞ Amen.
