Prédication, 27ème dimanche du temps ordinaire

5 octobre 2025

Espérer encore

En ce premier dimanche d’octobre, alors que l’évangile du jour pourrait nous laisser à penser qu’aucun de nous n’a réellement la foi, le frère Peace Michael A. Mushimiyimana, O.P., nous rappelle que la foi n’est pas magique, mais qu’elle se manifeste bien de toutes sortes de façon très humaines.

Prédication

« Si vous aviez de la foi grosse comme une graine de moutarde, vous auriez dit à cet arbre : Déracine-toi et va te planter dans la mer, et il vous aurait obéi. » (Lc 17,6)

Ces paroles de Jésus frappent par leur audace. Elles pourraient nous faire croire que la foi est une sorte de pouvoir surnaturel, une baguette magique capable de plier le monde à notre volonté. Il suffirait de parler, et tout s’accomplirait. Pourtant, notre expérience quotidienne semble bien différente. Malgré nos prières ferventes, nos efforts constants, nos demandes répétées, les obstacles demeurent. Rien ne se déplace aussi facilement que les images évangéliques le laissent entendre. Alors, avons-nous vraiment la foi ?

Heureusement, les Évangiles nous offrent un autre regard. Jésus y loue la foi de plusieurs personnes, et ce qui frappe, c’est que ces personnes ne vivent pas dans la facilité. Elles sont confrontées à des épreuves, à des impasses, à des douleurs. Leur foi ne fait pas disparaître les montagnes, mais elle leur donne la force de les affronter.

Prenons Bartimée, l’aveugle de Jéricho. Il crie vers Jésus, malgré les injonctions à se taire. Il insiste, il ose exposer sa misère. Et Jésus lui dit : « Va, ta foi t’a sauvé. » (Mc 10,52) La foi, ici, n’est pas une solution magique. Elle est audace. Elle est le courage de demander, de ne pas se résigner, de croire que notre cri peut être entendu.

Pensons aussi aux amis du paralysé, qui n’hésitent pas à ouvrir le toit pour le déposer devant Jésus. Leur foi est reconnue : « Voyant leur foi, Jésus dit au paralysé : Mon enfant, tes péchés sont pardonnés. » (Mc 2,5) La foi devient alors persévérance, ingéniosité, solidarité. Elle est action, mouvement, engagement.

Et cette femme souffrante depuis douze ans, qui se faufile dans la foule pour toucher le vêtement de Jésus… Elle ne lâche rien. Elle croit, elle espère, elle agit. « Ma fille, ta foi t’a sauvée. » (Mc 5,34) Sa foi est une lutte, une détermination à ne pas se laisser écraser par l’échec.

Enfin, ce lépreux qui revient vers Jésus pour rendre grâce, alors que les autres poursuivent leur route. « Relève-toi et va : ta foi t’a sauvé. » (Lc 17,19) Sa foi est reconnaissance. Elle est gratitude. Elle ne se limite pas à la demande, elle sait aussi remercier.

Ainsi, la foi que Jésus loue n’est pas celle qui obtient tout, mais celle qui traverse tout. Elle n’est pas toute-puissance, elle est confiance. Elle n’est pas magie, elle est courage. Elle n’est pas facilitée, elle est fidélité.

Et parfois cette foi dont parle Jésus a ton visage.
Quand tu refuses de baisser les bras.
Quand tu choisis de croire, même un tout petit peu.
Quand tu dis merci, même dans la fatigue.
Quand tu continues à aimer, même dans le doute.
Comme les disciples, je peux dire : « Seigneur, augmente en moi la foi. » (Lc 17,5)
Pas celle qui fait des tours de magie.
Mais celle qui me rend vivant.
Celle qui me fait avancer.
Celle qui me fait espérer, encore.

Loué soit Jésus-Christ !

Fr. Peace Michael A. Mushimiyimana, O.P.

 

PRIÈRE

Dieu éternel et tout-puissant,
dans ta tendresse inépuisable,
combles ceux qui t’implorent,
bien au-delà de leurs mérites et de leurs désirs ;
répands sur nous ta miséricorde
en délivrant notre conscience de ce qui l’inquiète
et en donnant plus que nous n’osons demander.
Par Jésus Christ, ton Fils, notre Seigneur,
qui vit et règne avec toi,
dans l’unité du Saint-Esprit,
Dieu, pour les siècles des siècles.

∞ Amen.