27 septembre 2025
Apprivoiser le silence
Aujourd’hui, devant la tristesse et l’incompréhension, Anne-Marie Vinay nous expose à deux réactions : celle des disciples de Jésus et celle, à prendre en exemple, de Marie, sa Mère.
LIVRE DU PROPHÈTE ZACHARIE (2, 5-9.14-15a)
Moi, Zacharie, je levai les yeux et voici ce que j’ai vu : un homme qui tenait à la main une chaîne d’arpenteur. Je lui demandai : « Où vas-tu ? » Il me répondit : « Je vais mesurer Jérusalem, pour voir quelle est sa largeur et quelle est sa longueur. »
L’ange qui me parlait était en train de sortir, lorsqu’un autre ange sortit le rejoindre et lui dit : « Cours, et dis à ce jeune homme : Jérusalem doit rester une ville ouverte, à cause de la quantité d’hommes et de bétail qui la peupleront. Quant à moi, je serai pour elle – oracle du Seigneur – une muraille de feu qui l’entoure, et je serai sa gloire au milieu d’elle. Chante et réjouis-toi, fille de Sion ; voici que je viens, j’habiterai au milieu de toi – oracle du Seigneur. Ce jour-là, des nations nombreuses s’attacheront au Seigneur ; elles seront pour moi un peuple, et j’habiterai au milieu de toi. Alors tu sauras que le Seigneur de l’univers m’a envoyé vers toi. »
ÉVANGILE DE JÉSUS CHRIST SELON SAINT LUC (9, 43b-45)
En ce temps-là, comme tout le monde était dans l’admiration devant tout ce qu’il faisait, Jésus dit à ses disciples : « Ouvrez bien vos oreilles à ce que je vous dis maintenant : le Fils de l’homme va être livré aux mains des hommes. »
Mais les disciples ne comprenaient pas cette parole, elle leur était voilée, si bien qu’ils n’en percevaient pas le sens, et ils avaient peur de l’interroger sur cette parole.
Prédication
Jésus annonce à ses apôtres, pour la deuxième fois, que le Fils de l’homme sera arrêté et probablement maltraité par les hommes. Matthieu (17, 22-23) et Marc (9, 30-32) ajoutent à l’annonce de Jésus : « Ils le tueront, et le troisième jour, il ressuscitera. » Face à cette affirmation, la compréhension des disciples est obscurcie ; ils sont interpellés et si bouleversés qu’ils n’osent pas questionner davantage leur maître tant aimé.
Ce moment de paralysie éphémère devait être particulièrement lourd. Comment se fait-il que les apôtres — qui suivent Jésus depuis un ou deux ans, qui ont été choisis parmi les 72 disciples, qui acceptent un mode de vie de pèlerins pauvres, qui viennent à peine d’exercer les dons reçus (dont l’autorité sur tous les démons et la guérison des maladies), et qui ouvrent leur esprit et leur cœur aux enseignements extraordinaires de Jésus — se voient annoncer par le Maître lui-même, pour la deuxième fois, que leur bon berger leur sera enlevé et maltraité ?
Luc nous indique que les apôtres sont figés par l’incompréhension. Matthieu et Marc rapportent qu’ils sont « attristés ». Ils sont touchants, ces apôtres, dans leur humanité si semblable à la nôtre. On peut deviner qu’ils ont eu besoin d’un peu de temps pour absorber la nouvelle. Marc nous raconte qu’après l’annonce, les apôtres marchent avec Jésus vers l’est, en direction de Capharnaüm. Qui sait combien de temps ils ont médité les paroles de leur maître, les yeux fixés sur l’horizon ou sur leurs sandales ?
Considérons un instant la posture de la Sainte Vierge, devant ce genre de situation. Luc nous rapporte des épisodes qui évoquent le silence méditatif lorsqu’elle ne saisit pas toute la grandeur et la profondeur de ce qui arrivera. En voici un bien connu : lorsque Marie présente son nourrisson au temple de Jérusalem avec Joseph, elle rencontre Syméon, qui lui annonce une prophétie douloureuse : « Et toi-même, un glaive te transpercera l’âme ; ainsi seront dévoilées les pensées du cœur d’un grand nombre. » (Luc 2, 35)
L’évangéliste nous informe peu sur la réaction de Marie à cette prophétie, mais nous imaginons qu’avec toute la Sagesse en elle, devant ces paroles mystérieuses, elle s’enracine dans l’amour de Dieu et dans la mission qui lui est confiée. Un peu plus tard, Luc nous informe que Marie retenait tous ces événements dans son cœur (Luc 2, 51). Tout en étant pleinement présente aux besoins de sa famille, elle se tient tranquille dans un silence méditatif et garde les yeux fixés sur son Jésus, avec une tendresse divine. Ce regard de confiance et d’amour, nous le retrouverons plus tard lorsqu’elle sera près de Jésus, aux pieds de la Croix.
Nous sommes invités à essayer d’imiter Marie dans une forme de retenue face à nos réactions spontanées, à nous placer quelques instants dans notre chapelle intérieure ou devant le Tabernacle. Tentons d’apprivoiser le silence pour offrir nos incompréhensions à Jésus, ainsi que les sentiments qui émergent de ces événements — et même verser quelques larmes avec Lui. Puis confions à Jésus le soin de nous guider, de nous éclairer devant l’opacité de ces événements de la vie qui n’ont pas de sens à nos yeux dans l’immédiat. Demandons-Lui de nous garder à l’abri dans son cœur et de nous aider à Lui faire confiance. Laissons-nous aimer, dans le silence.
Sainte Thérèse de Calcutta nous parle de la valeur inestimable du silence : « Nous avons besoin de trouver Dieu, et ce n’est ni dans l’agitation ni dans le bruit que nous pourrons le faire. Dieu est l’ami du silence. Dans quel silence croissent les arbres, les fleurs et l’herbe ? Dans quel silence se meuvent les étoiles, la lune et le soleil ? Dieu est vivant et aimant. » — Something Beautiful for God (La Joie du Don, p. 64)
Anne-Marie Vinay
PRIÈRE D’ABANDON DE CHARLES DE FOUCAULD
Mon Père,
je m’abandonne à toi,
fais de moi ce qu’il te plaira.
Quoi que tu fasses de moi,
je te remercie.
Je suis prêt à tout, j’accepte tout.
Pourvu que ta volonté
se fasse en moi, en toutes tes créatures,
je ne désire rien d’autre, mon Dieu.
Je remets mon âme entre tes mains.
Je te la donne, mon Dieu,
avec tout l’amour de mon cœur,
parce que je t’aime,
et que ce m’est un besoin d’amour
de me donner,
de me remettre entre tes mains, sans mesure,
avec une infinie confiance,
car tu es mon Père.
∞ Amen.
