12 septembre 2025
Ne pas juger trop vite !
Aujourd’hui, le frère Daniel Cadrin, O.P., permet de mieux comprendre la leçon très humaine d’une parabole de Jésus, une leçon sur l’humilité et la fraternité.

PREMIÈRE LETTRE DE SAINT PAUL APÔTRE À TIMOTHÉE (1, 1-2.12-14)
Paul, apôtre du Christ Jésus par ordre de Dieu notre Sauveur et du Christ Jésus notre espérance, à Timothée, mon véritable enfant dans la foi. À toi, la grâce, la miséricorde et la paix de la part de Dieu le Père et du Christ Jésus notre Seigneur.
Je suis plein de gratitude envers celui qui me donne la force, le Christ Jésus notre Seigneur, car il m’a estimé digne de confiance lorsqu’il m’a chargé du ministère, moi qui étais autrefois blasphémateur, persécuteur, violent. Mais il m’a été fait miséricorde, car j’avais agi par ignorance, n’ayant pas encore la foi ; la grâce de notre Seigneur a été encore plus abondante, avec la foi, et avec l’amour qui est dans le Christ Jésus.
ÉVANGILE DE JÉSUS CHRIST SELON SAINT LUC (6, 39-42)
En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples en parabole : « Un aveugle peut-il guider un autre aveugle ? Ne vont-ils pas tomber tous les deux dans un trou ? Le disciple n’est pas au-dessus du maître ; mais une fois bien formé, chacun sera comme son maître.
« Qu’as-tu à regarder la paille dans l’œil de ton frère, alors que la poutre qui est dans ton œil à toi, tu ne la remarques pas ? Comment peux-tu dire à ton frère : “Frère, laisse-moi enlever la paille qui est dans ton œil”, alors que toi-même ne vois pas la poutre qui est dans le tien ? Hypocrite ! Enlève d’abord la poutre de ton œil ; alors tu verras clair pour enlever la paille qui est dans l’œil de ton frère. »
Prédication
Jésus parle en parabole. Il est question d’aveugle, puis de paille et de poutre. Dans les deux cas, il s’agit du regard, de voir. C’est notre œil qui est en jeu. Pour guider autrui, ou pour le corriger.
Quand un aveugle guide un autre aveugle, il y a risque de s’égarer ! En Matthieu (15, 12-14), cette même parabole vise les Pharisiens. Mais ici, en Luc, elle n’est pas en extériorité, elle s’adresse aux disciples, à nous. Comment prétendre guider les autres, si nous ne voyons pas clair ?
Cela se poursuit avec la paille et la poutre, où sont mises en contraste deux réalités, l’une petite et l’autre grande. Et la grande, la poutre, elle est dans notre œil, non pas dans celui de l’autre ! Encore là, nous sommes ramenés à nous-mêmes. Il y a dans ces images de Jésus une part d’humour et de provocation. Il a dû le dire avec un certain sourire au visage. Ses paroles appellent à une certaine humilité, à ne pas nous prendre pour d’autres. Et à ne pas juger les autres trop vite, pour leurs petites faiblesses.
Cela m’a rappelé la fois où j’étais choqué de voir que la clé de l’auto que j’allais prendre n’était pas là. Encore quelqu’un qui a oublié de la remettre, ah ces frères… Pour m’apercevoir un peu plus tard que la clé était dans le manteau de celui qui l’avait prise la veille, i.e. moi-même ! Cela te ramène sur terre et t’invite à l’humilité et à ne pas voir trop vite la paille dans l’œil de l’autre.
Dans cette parabole, un mot revient plusieurs fois : frère. Il s’agit de la correction fraternelle, qui a sa place dans toute expérience communautaire. Mais Jésus nous invite à d’abord nous inclure nous-mêmes dans l’effort de connaissance de soi, de nos forces et faiblesses, et de transformation de soi, de nos façons de voir, d’être et de faire. Non pas penser et dire : oui, je le vois bien, tous ces gens qui sont aveugles, qui ont une super-paille dans l’œil. Mais plutôt : quels sont mes aveuglements, quelles sont ces poutres qui m’empêchent de voir clair ? L’habitude, les préjugés, les stéréotypes, la crainte de voir ce qui se passe, la vanité, l’indifférence… Dans la 1ère lecture, en rapport à lui-même avant son ministère (sa diaconie), Paul parle d’ignorance et d’incroyance. Mais la miséricorde de Dieu l’a touché, lui a ouvert les yeux, ce qui est encourageant.
Entre les deux paraboles, Jésus fait une remarque sur le maître et le disciple. Pour que le disciple devienne comme le maître, comme Jésus lui-même, cela requiert de la formation, i.e. un travail à long terme sur nos regards, nos attitudes et nos pratiques et un accompagnement par et avec d’autres disciples. Et comme Paul l’exprime, un fruit en ressort, la gratitude pour la miséricorde reçue et toujours offerte.
Fr. Daniel Cadrin, O.P.
PRIÈRE
Tu as voulu, Seigneur Dieu,
que, par la grâce de l’adoption filiale,
nous devenions des enfants de lumière ;
ne permets pas que nous soyons enveloppés
des ténèbres de l’erreur,
mais accorde-nous d’être toujours rayonnants
dans la splendeur de ta vérité.
Par Jésus Christ, ton Fils, notre Seigneur,
qui vit et règne avec toi, dans l’unité du Saint-Esprit,
Dieu, pour les siècles des siècles.
∞ Amen.