Homélie, 3ème dimanche de Pâques C

4 mai 2025

Lâcher-prise

Aujourd’hui, le frère Thomas de Gabory, O.P., nous invite à faire comme Pierre et à réaliser que nous ne pouvons rien faire sans lâcher prise et laisser Jésus passer au devant de nous pour prendre les rênes de nos vies.

lacher-prise

Homélie

Le vieux Pierre n’est pas le jeune Pierre.

Dès que le jeune Pierre rencontre Jésus, il l’aime. Et il l’aime d’un cœur sincère. Il veut le suivre mais il est tout feu tout flamme. Au lieu de le suivre vraiment, il va là où le cœur lui en dit : « Quand tu étais jeune, tu mettais ta ceinture toi-même pour aller là où tu voulais. » Aller là où l’on veut, ce n’est pas suivre son maître. Le jeune Pierre, même s’il aime son maître, ne le suit pas vraiment. Je vous en donne deux preuves :

Première preuve : Lorsque Jésus explique à ses disciples qu’il lui faut partir pour Jérusalem, souffrir beaucoup, être tué, et le troisième jour ressusciter (Mt 16, 20-23), le jeune Pierre lui fait de vifs reproches : « Dieu t’en garde, Seigneur ! cela ne t’arrivera pas. » Mais Jésus se retourne et lui dit : « Passe derrière moi ». Cela signifie que le jeune Pierre ne suit pas Jésus mais qu’il le devance, il se met devant lui.

Deuxième preuve : Lorsque Pierre dit à Jésus : « Seigneur, où vas-tu ? » Jésus lui répond : « Là où je vais, tu ne peux pas me suivre maintenant ; tu me suivras plus tard. »

Le propre du disciple est de marcher derrière son maître.

Le vieux Pierre est très différent. Jésus le dit : « Quand tu seras vieux, tu étendras les mains, et c’est un autre qui te mettra ta ceinture, pour t’emmener là où tu ne voudrais pas aller. » Cela peut se comprendre de deux façons.

Tout d’abord comme une prédiction : le vieux Pierre a vraiment étendu les mains sur la croix sous la persécution de Néron. Ensuite, comme une attitude spirituelle : étendre les mains, c’est renoncer à ce que nous avons peut-être de plus cher : le contrôle sur notre propre vie. Laisser un autre nous passer la ceinture, c’est remettre la maîtrise de notre vie entre les mains d’un autre. Pour suivre Jésus, il faut passer derrière lui, pas devant, en laissant Jésus décider du chemin, en suivant la volonté du Père. Pour suivre Jésus, il faut renoncer à la maîtrise de sa vie, dans un réel lâcher-prise, il faut se faire petit enfant dans les bras de sa mère.

Suivre Jésus, c’est se mettre à sa suite dans l’attitude spirituelle de la petite enfance.

Le déclic de Pierre, ce qui fait tout chavirer, c’est son reniement. C’est là le point pivot, l’instant même où il prend conscience qu’il faut se désarmer, entrer dans l’humilité et la confiance.

Le jeune Pierre disait à Jésus : « Je donnerai ma vie pour toi. » Mais juste après, il dit aux gardes : « Je ne connais pas cet homme. » À ce moment-là, Jésus tourne vers lui son visage, et Pierre pleure. Par ces larmes, Pierre comprend dans un déclic que sans Jésus, il ne peut rien faire. Par ces larmes, Pierre comprend dans un déclic que ce n’est pas lui qui a choisi de suivre Jésus, mais c’est Jésus qui l’a choisi de toute éternité. Par ces larmes, Pierre comprend qu’il n’a pas l’initiative de l’amour mais que c’est Jésus qui l’a aimé le premier.

Sans Jésus, les Apôtres se sont agités toute la nuit, tout feu tout flamme, sans rien pêcher du tout : aucun poisson.

Avec Jésus, ils prennent une multitude de poissons. Pierre se jette à l’eau et dit à Jésus : « Seigneur, toi, tu sais tout : tu sais bien que je t’aime. » C’est dans ce « tout » que se trouve l’exemple parfait du lâcher-prise de Pierre.

Sur le roc de lâcher-prise, de cette humilité et de cette confiance inébranlables, Jésus va désormais pouvoir bâtir son Église.

Fr. Thomas de Gabory, O.P.

 

PRIÈRE

Garde à ton peuple sa joie, Seigneur Dieu,
car tu renouvelles la jeunesse de son âme ;
il se réjouit d’avoir retrouvé la gloire de l’adoption filiale :
qu’il attende désormais le jour de la résurrection,
dans la ferme espérance du bonheur que tu donnes.
Par Jésus Christ, ton Fils, notre Seigneur,
qui vit et règne avec toi,
dans l’unité du Saint-Esprit,
Dieu, pour les siècles des siècles.

∞ Amen.