29 avril 2025
Suivre celui qui vient d'en haut
Aujourd’hui, le frère Gustave Nsengiyumva, O.P., clarifie pour nous l’enseignement de Jésus à Nicodème sur « la vie d’en haut », enseignement qui inspirera aux apôtres une façon d’interpeler les Juifs pour les amener à suivre Jésus.

LIVRE DES ACTES DES APÔTRES (4, 32-37)
La multitude de ceux qui étaient devenus croyants avait un seul cœur et une seule âme ; et personne ne disait que ses biens lui appartenaient en propre, mais ils avaient tout en commun. C’est avec une grande puissance que les Apôtres rendaient témoignage de la résurrection du Seigneur Jésus, et une grâce abondante reposait sur eux tous.
Aucun d’entre eux n’était dans l’indigence, car tous ceux qui étaient propriétaires de domaines ou de maisons les vendaient, et ils apportaient le montant de la vente pour le déposer aux pieds des Apôtres ; puis on le distribuait en fonction des besoins de chacun.
Il y avait un lévite originaire de Chypre, Joseph, surnommé Barnabé par les Apôtres, ce qui se traduit : « homme du réconfort ». Il vendit un champ qu’il possédait et en apporta l’argent qu’il déposa aux pieds des Apôtres.
ÉVANGILE DE JÉSUS CHRIST SELON SAINT JEAN (3, 7b-15)
En ce temps-là, Jésus disait à Nicodème : « Il vous faut naître d’en haut. Le vent souffle où il veut : tu entends sa voix, mais tu ne sais ni d’où il vient ni où il va. Il en est ainsi pour qui est né du souffle de l’Esprit. » Nicodème reprit : « Comment cela peut-il se faire ? »
Jésus lui répondit : « Tu es un maître qui enseigne Israël et tu ne connais pas ces choses-là ? Amen, amen, je te le dis : nous parlons de ce que nous savons, nous témoignons de ce que nous avons vu, et vous ne recevez pas notre témoignage.
« Si vous ne croyez pas lorsque je vous parle des choses de la terre, comment croirez-vous quand je vous parlerai des choses du ciel ? Car nul n’est monté au ciel sinon celui qui est descendu du ciel, le Fils de l’homme. De même que le serpent de bronze fut élevé par Moïse dans le désert, ainsi faut-il que le Fils de l’homme soit élevé, afin qu’en lui tout homme qui croit ait la vie éternelle. »
Homélie
Nous sommes en pleine conversation, une conversation riche et intéressante entre Jésus et Nicodème, un pharisien et un membre du grand conseil, qui désire mieux connaître Jésus, et qui vient de nuit pour ne pas trop se compromettre face aux Juifs. Jésus, qui voit dans les cœurs, sait qu’au fond, Nicodème cherche sincèrement le Royaume de Dieu. Alors, Jésus, comme à Son habitude, se fait fin pédagogue. Il commence par l’avertir qu’on ne peut voir le Royaume à moins d’y être entré (Jn 3,3), et qu’on ne peut y entrer à moins de naître à une nouvelle vie, ce qui s’obtient par le baptême et le don de l’Esprit (Jn 3,5).
En bon Juif, Nicodème était censé savoir que la vie d’en haut, dont parle Jésus, était la réalisation de ce qu’avaient annoncé les prophètes. Le point de départ pour avoir accès à la vie d’en haut est d’accepter la parole du Christ parce qu’il est le révélateur unique: il est le seul à venir du ciel (v.13). Cette vie ne peut être connue de l’extérieur; il faut en faire partie pour la connaître. C’est la première chose que Jésus avait déclarée aux disciples de Jean Baptiste qui lui demandaient: Où demeures-tu? Jésus avait simplement répondu: « Venez et voyez » (Jn 1,39). Pour voir qui il est, il faut se mettre à sa suite. C’est la même chose pour voir le Royaume, c’est-à-dire que, pour connaître le Royaume, il faut en faire partie.
Cette approche de Jésus inspirera, par la suite, l’action des apôtres. Quand ils prêcheront aux foules, ils ne tenteront pas de leur expliquer, de façon abstraite, ce qu’est le Royaume ou ce qu’est la vie nouvelle. Ils feront une proclamation (un kérygme) : « Dieu l’a fait Seigneur et Christ, ce Jésus que vous, vous avez crucifié. » (Actes 2, 36) L’acceptation de cette parole sera le premier pas vers le Royaume. Suivra l’acceptation de la conversion et du baptême. Ensuite, c’est dans la vie comme disciple qu’on découvrira ce que signifie faire partie du Royaume et être enfants de Dieu.
Le kérygme est revenu « en vogue », spécialement chez les jeunes chrétiens d’aujourd’hui. Ce discours de Jésus à Nicodème se doit d’être le centre de toute annonce de la part des baptisés : Jésus est le seul révélateur de la vie d’en haut parce qu’il est le seul à être venu du ciel mais, en outre, il est celui par qui la vie d’en haut et l’Esprit seront donnés.
Jésus conclut par la référence au serpent de bronze dans le désert qui redonnait la vie, et qui est comme un symbole de sa passion qui donne la vie éternelle à tout être humain qui croit. Notre-Sauveur a versé pour nous jusqu’à la dernière goutte de son sang. Grâce à l’Esprit qu’Il nous enverra à la Pentecôte, nous pourrons monter au Royaume du Ciel, car Lui seul nous permet d’obtenir l’adoption filiale, Lui seul nous donne la confiance pour appeler Dieu du nom de “Père”. En participant à sa Passion, nous avons la promesse de participer, par voie de conséquence, à la gloire éternelle. C’est le mystère que nous célébrons durant ces 50 jours de Pâques.
En ce 29 avril, l’Église, et en particulier l’Ordre des Prêcheurs, souligne la fête de sainte Catherine de Sienne. Dans sa vie, c’est l’Esprit Saint qui fut son guide de chaque instant : c’est Lui qui lui inspirait quoi dire, comment le dire, quand le dire et à qui le dire. Ainsi, si sainte Catherine avait à son époque et continue d’avoir aujourd’hui un enseignement aussi interpellant, c’est que celui-ci est imprégné de l’autorité à la fois douce et vigoureuse de l’Esprit Saint. La force de sa parole trouve sa source dans sa relation avec le Seigneur, une relation qu’elle a entretenue à chaque instant, notamment à travers sa « cellule intérieure ». Puissions-nous, aujourd’hui encore, comme sainte Catherine de Sienne, proposer une parole qui incite nos contemporains à se faire proche de Jésus.
Fr. Gustave Nsengiyumva, O.P.
PRIÈRE
Seigneur Dieu,
tu as brûlé du feu de ton amour sainte Catherine de Sienne
en lui donnant de contempler la passion de Jésus
et en l’appelant à servir l’Église ;
par son intercession, accorde à ton peuple,
uni au mystère du Christ,
d’exulter sans fin quand sa gloire se révélera.
Lui qui vit et règne avec toi,
dans l’unité du Saint-Esprit,
Dieu, pour les siècles des siècles.
∞ Amen.