20 avril 2025
Dieu a choisi notre vie !
En ce matin de la Résurrection de notre Seigneur Jésus, le frère Peace Michael A. Mushimiyimana, O.P., nous invite à nous réjouir du pouvoir de Dieu sur la mort et du choix qu’Il a fait pour toute l’humanité de nous faire entrer dans son amour pour toujours !

ÉVANGILE DE JÉSUS CHRIST SELON SAINT JEAN (20, 1-9)
Le premier jour de la semaine, Marie Madeleine se rend au tombeau de grand matin ; c’était encore les ténèbres. Elle s’aperçoit que la pierre a été enlevée du tombeau. Elle court donc trouver Simon-Pierre et l’autre disciple, celui que Jésus aimait, et elle leur dit : « On a enlevé le Seigneur de son tombeau, et nous ne savons pas où on l’a déposé. »
Pierre partit donc avec l’autre disciple pour se rendre au tombeau. Ils couraient tous les deux ensemble, mais l’autre disciple courut plus vite que Pierre et arriva le premier au tombeau. En se penchant, il s’aperçoit que les linges sont posés à plat ; cependant il n’entre pas. Simon-Pierre, qui le suivait, arrive à son tour. Il entre dans le tombeau ; il aperçoit les linges, posés à plat, ainsi que le suaire qui avait entouré la tête de Jésus, non pas posé avec les linges, mais roulé à part à sa place.
C’est alors qu’entra l’autre disciple, lui qui était arrivé le premier au tombeau. Il vit, et il crut. Jusque-là, en effet, les disciples n’avaient pas compris que, selon l’Écriture, il fallait que Jésus ressuscite d’entre les morts.
Homélie
Oui, c’est notre Pâques ! parce que Dieu a choisi notre vie, et pas notre mort. Il a choisi notre relèvement plutôt que notre déchéance.
La résurrection ! Quelle blague ! Quelle folie ! Quelle blague pour les Sadducéens du temps de Jésus ! Quelle folie pour les gens d’Athènes du temps de la prédication de Paul !… La Résurrection du Christ ! Quelle absurdité pour les scientifiques athées pour qui cet événement n’est scellé d’aucune preuve historique pour prouver son authenticité !
Vous savez, frères et sœurs, tout historien qui se respecte, tout historien objectif et sérieux admet que l’existence et le crucifiement d’un certain Jésus de Nazareth sont un fait. Et plusieurs témoignages antiques, chrétiens ou non, l’ont approuvé à maintes reprises. Même les adversaires les plus mordants, les plus farouches de Jésus – comme les responsables religieux des Juifs – n’ont jamais exprimé le moindre doute à ce sujet. Aucun témoignage, écrit ou oral, n’a donc contredit l’existence d’un personnage historique nommé Jésus, Juif né en Galilée, d’une famille historiquement traçable, mort crucifié à Jérusalem autour de l’an 33.
Néanmoins, la mort de ce dernier est suivie d’un épisode surprenant pour une critique historique menée à base d’un raisonnement scientifique. En effet, après que cet homme nommé Jésus fut condamné à mourir crucifié par les autorités politiques et religieuses de son temps, son cadavre fut mis au tombeau. Et une lourde pierre en fermait l’accès, et ce tombeau fut strictement surveillé par la garde romaine…
Toutefois, au matin du troisième jour, le tombeau fut mystérieusement retrouvé vide. La lourde pierre qui en fermait l’accès était roulée à côté et, à l’intérieur du tombeau, il ne restait que les linges qui enveloppaient le corps du défunt. Et, ainsi, suite à une série d’apparitions du Ressuscité à ses disciples, ces derniers se mettant à propager la nouvelle !
Mais, comment cela est-il possible ? Comment celui-là qui avait été arrêté, torturé, défiguré, humilié et mis à mort comme un vulgaire bandit sans aucun pouvoir d’autodéfense, peut-il maintenant faire ce qui est bien au-delà du pouvoir humain, au-delà du pouvoir ordinaire : ressusciter des morts ?
Quelle folie de croire à un tel événement ! Quel déraillement d’authentifier une telle nouvelle ! Mais, figurez-vous, frères et sœurs, que c’est justement cette sainte folie qui nous anime encore ce soir ! C’est cet heureux déraillement qui nous a nuitamment conduits ici pour joindre nos voix, et crier haut et fort : « Ô mort, où est donc ta victoire ? Le Christ t’a vaincu ! Il est vraiment ressuscité ! Alléluia ! »
Quel mystère ! Quelle nouvelle brulante et réconfortante pour les disciples qui étaient terrassés par la terreur et le désespoir ! Quelle honte, quelle déception, quelle nouvelle contraignante pour les mécréants chefs religieux juifs qui étaient fiers et sûrs d’en avoir fini avec « l’affaire Jésus » ! Quel événement incroyable et terrifiant pour la garde romaine qui surveillait pourtant bien le tombeau sans la moindre distraction ! Quelle nouvelle bouleversante et salvatrice pour toute l’humanité croyante pour qui tout était perdu, effondré, écroulé !
En effet, frères et sœurs, il ne nous restait plus rien ! Tout ce que le Bon Créateur avait créé de beau et de bon était devenu corrompu, déchu, voué à l’échec et à la déchéance éternelle ! Mais, il a fallu trois jours pour que rien ne redevienne comme avant ! Trois jours pour changer le monde. Il a fallu trois jours à Dieu et non plus sept – comme dans le récit de la Création que nous avons entendu dans la première lecture – pour restaurer la Création, afin que l’humanité reparte de l’avant pour retrouver un sens à son histoire, et arrêter d’aller d’impasse en impasse.
Car, frères et sœurs, grâce à la résurrection du Christ, nous sommes morts à la vanité de notre existence mondaine, et nous sommes ressuscités à une vie nouvelle sur laquelle la mort n’a plus d’effet. « Ȏ mort, où est ta victoire ? » s’exclame saint Paul dans sa lettre aux Corinthiens ! Et c’est dans le même sens qu’il abonde lorsqu’il dit – dans son épître aux Romains que nous avons entendue dans la quatrième lecture – : « Nous le savons, l’homme ancien qui était en nous a été fixé à la croix avec le Christ pour que le corps du péché soit réduit à rien, et qu’ainsi nous ne soyons plus esclaves du péché. Et si nous sommes passés par la mort avec le Christ, nous croyons que nous vivrons aussi avec lui. Nous le savons en effet : ressuscité d’entre les morts, le Christ ne meurt plus ; la mort n’a plus le pouvoir sur lui ».
Voilà ! J’ai envie de crier « Alléluia ! » comme le ferait tout bon pasteur protestant qui se respecte ! Le saviez-vous, frères et sœurs, qu’au lendemain du Dimanche des Rameaux, ce pauvre âne sur lequel Jésus était monté à Jérusalem, marchait tout seul dans la ville, tout triste, tête baissée, larmes aux yeux, et inconsolablement déçu,… et c’est alors lorsqu’il rencontra un autre âne qui lui demanda : « Mais, pourquoi es-tu tout accablé » ? Et l’autre répliqua : « Laisse-moi tranquille mon ami ! Tu ne peux pas comprendre ! Tu sais, hier je transportais Jésus sur mon dos et les gens m’acclamaient en chantant, en criant de joie et en jetant leurs vêtements par terre pour que je marche dessus ! Mais, aujourd’hui, ces mêmes gens ne me reconnaissent même pas… Je suis réduit à rien… C’est à peine s’ils ne m’ont pas encore abattu et mangé ! » Alors, l’autre âne lui répondit : « Nooon, mon ami ! Calme-toi ! C’est toi qui ne comprends rien ! La raison est simple : sans Jésus, tu n’es rien ! »
Frères et sœurs, sans Jésus, nous ne sommes rien ! Sans la victoire du Ressuscité sur la mort, nous serions tout simplement réduits à rien du tout ; nous serions condamnés à la déchéance totale, et comme le clarifie saint Paul aux Corinthiens, « si le Christ n’est pas ressuscité, vaine est notre foi », vaine est notre vie chrétienne.
Alors, la bonne nouvelle de Pâques nous apporte cette chance de nous offrir un choix. Mais, sachons que – fondamentalement – ce n’est pas à nous de choisir ! Parce que la Parole de Pâques nous dit le choix de Dieu pour nous : Dieu a choisi notre vie, et pas notre mort. Il a choisi notre relèvement plutôt que notre déchéance. Parce qu’au matin de Pâques, l’énorme pierre qui scellait le tombeau est symbole de notre incapacité de vaincre la mort par nous-mêmes !
En effet, les femmes du matin de Pâques s’inquiétaient en se disant entre elles : « Qui nous roulera la pierre pour dégager l’entrée du tombeau ? » Puis, elles se rendirent compte que la pierre était roulée alors qu’elle était tellement énorme pour se faire déplacer par de simples mains humaines. Et pour certains exégètes, cette pierre indique qu’une grande muraille sépare l’être humain de la résurrection, et que seul Dieu peut enlever cet obstacle pour supprimer le poids écrasant de la mort qui pèse sur l’humanité.
C’est ça le choix de Dieu pour nous, frères et sœurs ! C’est ça la Bonne Nouvelle de Pâques ! Contre notre incapacité, sinon notre refus, de choisir ce qui est mieux pour notre salut, Dieu a choisi de nous faire vivre à travers la Passion, la mort et la Résurrection du Christ, en nous rappelant qu’en restant des mortels, nous sommes pourtant des mortels non voués à la mort éternelle, mais promis à la vie sans fin ! Alléluia !
Puisse la lumière du Ressuscité illuminer nos cœurs pour que nous puissions sortir de nos tombeaux de doute et de crainte du pouvoir du mal sur le bien, dans un monde où tout nous semble basculer progressivement vers le négatif et l’obscur ! Que l’écrasante victoire du Ressuscité sur le prince du mal nous obtienne toutes les grâces nécessaires pour pouvoir tenir triomphalement dans notre combat spirituel de chaque jour ! Que nous vivions en véritables témoins de cette victoire de l’amour sur la haine, de l’espoir sur le désespoir, du pardon sur la vengeance, de la vérité sur le mensonge, pour qu’en tout temps et en tout lieu, notre vie soit un véritable chant de louange à Celui-là qui, par sa résurrection, nous a relevés du tombeau éternel. JOYEUSE PÂQUES À TOUTES ET À TOUS !
Fr. Peace Michael A. Mushimiyimana, O.P.
PRIÈRE
Aujourd’hui, Seigneur Dieu,
par ton Fils unique, vainqueur de la mort,
tu nous as ouvert les portes de l’éternité;
tandis que nous fêtons solennellement la résurrection du Seigneur,
nous t’en prions :
accorde-nous d’être renouvelés par ton Esprit
pour que nous ressuscitions dans la lumière de la vie.
Par Jésus Christ, ton Fils, notre Seigneur,
qui vit et règne avec toi,
dans l’unité du Saint-Esprit,
Dieu, pour les siècles des siècles.
∞ Amen.