11 avril 2025
Lutter contre l’aveuglement intellectuel et spirituel
Aujourd’hui, Gustavo Adolfo Garay Ortega nous transmet l’invitation de Jésus à ne pas se laisser aveugler par les règles déjà établies, mais plutôt à savoir distinguer le bien et l’amour de Dieu par leurs influences concrètes sur le monde.

LIVRE DU PROPHÈTE JÉRÉMIE (20, 10-13)
Moi, Jérémie, j’entends les calomnies de la foule : « Dénoncez-le ! Allons le dénoncer, celui-là, l’Épouvante-de-tous-côtés. » Tous mes amis guettent mes faux pas, ils disent : « Peut-être se laissera-t-il séduire… Nous réussirons, et nous prendrons sur lui notre revanche ! » Mais le Seigneur est avec moi, tel un guerrier redoutable : mes persécuteurs trébucheront, ils ne réussiront pas. Leur défaite les couvrira de honte, d’une confusion éternelle, inoubliable.
Seigneur de l’univers, toi qui scrutes l’homme juste, toi qui vois les reins et les cœurs, fais-moi voir la revanche que tu leur infligeras, car c’est à toi que j’ai remis ma cause.
Chantez le Seigneur, louez le Seigneur : il a délivré le malheureux de la main des méchants.
ÉVANGILE DE JÉSUS CHRIST SELON SAINT JEAN (10, 31-42)
En ce temps-là, de nouveau, des Juifs prirent des pierres pour lapider Jésus.
Celui-ci reprit la parole : « J’ai multiplié sous vos yeux les œuvres bonnes qui viennent du Père. Pour laquelle de ces œuvres voulez-vous me lapider ? » Ils lui répondirent : « Ce n’est pas pour une œuvre bonne que nous voulons te lapider, mais c’est pour un blasphème : tu n’es qu’un homme, et tu te fais Dieu. »
Jésus leur répliqua : « N’est-il pas écrit dans votre Loi : J’ai dit : Vous êtes des dieux ? Elle les appelle donc des dieux, ceux à qui la parole de Dieu s’adressait, et l’Écriture ne peut pas être abolie. Or, celui que le Père a consacré et envoyé dans le monde, vous lui dites : “Tu blasphèmes”, parce que j’ai dit : “Je suis le Fils de Dieu”. Si je ne fais pas les œuvres de mon Père, continuez à ne pas me croire. Mais si je les fais, même si vous ne me croyez pas, croyez les œuvres. Ainsi vous reconnaîtrez, et de plus en plus, que le Père est en moi, et moi dans le Père. » Eux cherchaient de nouveau à l’arrêter, mais il échappa à leurs mains.
Il repartit de l’autre côté du Jourdain, à l’endroit où, au début, Jean baptisait ; et il y demeura. Beaucoup vinrent à lui en déclarant : « Jean n’a pas accompli de signe ; mais tout ce que Jean a dit de celui-ci était vrai. » Et là, beaucoup crurent en lui.
Commentaire
Le passage de l’évangile d’aujourd’hui évoque en moi celui de dimanche dernier : la rencontre de Jésus avec la femme accusée d’adultère. Dans les deux cas, les Juifs sont prêts à lapider, à tuer ! Cette fois-ci, ils veulent tuer Jésus pour avoir blasphémer. La Loi ordonnait la lapidation des blasphémateurs, comme c’était le cas des adultères. On constate également que, dans les deux épisodes, Jésus parle avec sagesse et évite la catastrophe pour les accusés (lui et la femme) et pour les accusateurs ! Lors du passage avec la femme adultère, les accusateurs se retirent, tandis qu’à cette occasion, c’est Jésus qui part pour éviter d’être capturé.
Cependant, le blasphème, c’est un crime très grave pas seulement contre la Loi, mais contre Dieu. Les Juifs voulaient arrêter Jésus, car selon eux, il se faisait passer pour Dieu et personne n’avait même le droit de s’en faire l’égal. Et pourtant, ils percevaient vraiment quelque chose de différent en Jésus puisqu’il faisait de bonnes œuvres et des miracles. Jésus fera appel à ce sentiment en disant que toutes ces œuvres qu’il réalise sont, à proprement parler, les œuvres de Dieu son Père. Ses œuvres sont donc une autre preuve de sa filiation divine, car elles-mêmes sont des signes de la miséricorde et la bonté de Dieu.
Comme beaucoup de ces gens qui ont cru en Jésus lorsqu’il était de l’autre côté du Jourdain parce qu’ils reconnaissaient en lui la réalisation de la prédication de Jean Baptiste à propos du Messie, beaucoup de chrétiens au fil du temps ont cru et beaucoup encore aujourd’hui continuent de croire en Jésus parce que nous connaissons la fin de l’histoire : il est mort pour avoir dit la vérité sur lui-même, pour avoir été fidèle à lui-même et à sa mission. Il n’y a pas de mots pour définir cet amour qui l’a poussé à donner sa vie pour racheter toute l’humanité.
Hier, je soulignais que le Christ nous invite à regarder notre histoire du point de vue de Dieu, Celui que Jésus appelle « mon Père et votre Père », ainsi qu’à plonger dans la promesse de la vie éternelle à travers sa résurrection. Pour cela, il est essentiel de rompre avec les fausses images d’un Dieu en colère qui prend en note tout geste humain, un Dieu qui a besoin que l’être humain réalise des promesses pour ensuite obtenir une récompense, cette vision limitante que les autorités religieuses du temps de Jésus affectionnaient. Posons-nous la question : qu’est-ce qui nous interpelle davantage chez nos frères et sœurs qui font du bien aux autres, mais pas à notre manière ? Les adversaires de Jésus, eux, n’ont pas voulu accorder de crédit à ses discours et pas davantage à ses œuvres. Dans leur aveuglement, ils se sont fermés à l’émergence du Royaume de Dieu que Jésus annonçait et rendait peu à peu visible. Pourtant, il mettait en évidence la présence toute proche de Dieu qui déborde d’amour pour tous, au point d’offrir Celui qui est UN avec Lui.
Il n’est pas nouveau d’entendre dire qu’il existe encore beaucoup de résistance au projet de Dieu dans notre monde actuel. Les guerres qui déchirent nos sociétés, les conflits commerciaux, la violence à tous les niveaux, la manipulation de la réalité et la défiguration de la vérité sont des exemples du contexte complexe auquel le chrétien d’aujourd’hui doit faire face pour vivre l’Évangile, même à petite échelle. Mais comme Jésus, nous devons lutter contre l’aveuglement intellectuel et spirituel et œuvrer contre le mensonge et l’injustice. C’est là un engagement qui est risqué et épeurant.
Dans mon rôle d’accompagnateur des catéchumènes au Centre, année après année, je suis rafraîchi par l’enthousiasme et la joie que ces jeunes transmettent en embrassant le projet du Royaume de Dieu. Malgré les circonstances actuelles, je reste sûr que la grâce du Seigneur continuera d’inspirer des hommes et des femmes pour qu’ils deviennent eux-mêmes des signes de la présence du Christ ressuscité parmi nous. Ayons confiance en les œuvres que le Christ peut réaliser à travers nous malgré nos résistances. Voici ma prière en cette fin de carême.
Gustavo Adolfo Garay Ortega
PRIÈRE
Pardonne, Seigneur,
les fautes de ton peuple :
puisque notre faiblesse nous a rendus
captifs des liens du péché,
que ta tendresse nous en délivre.
Par Jésus Christ, ton Fils, notre Seigneur,
qui vit et règne avec toi,
dans l’unité du Saint-Esprit,
Dieu, pour les siècles des siècles.
∞ Amen.