31 janvier 2024
Grandir jusqu'à porter du fruit
Aujourd’hui, le frère Yvon Pomerleau, O.P., nous aide à déceler les caractéristiques du Royaume de Dieu autour de nous à travers les paraboles et la vie de Jésus.
LETTRE AUX HÉBREUX (10, 32-39)
Frères, souvenez-vous de ces premiers jours où vous veniez de recevoir la lumière du Christ : vous avez soutenu alors le dur combat des souffrances, tantôt donnés en spectacle sous les insultes et les brimades, tantôt solidaires de ceux qu’on traitait ainsi. En effet, vous avez montré de la compassion à ceux qui étaient en prison ; vous avez accepté avec joie qu’on vous arrache vos biens, car vous étiez sûrs de posséder un bien encore meilleur, et permanent.
Ne perdez pas votre assurance ; grâce à elle, vous serez largement récompensés. Car l’endurance vous est nécessaire pour accomplir la volonté de Dieu et obtenir ainsi la réalisation des promesses. En effet, encore un peu, très peu de temps, et celui qui doit venir arrivera, il ne tardera pas. Celui qui est juste à mes yeux par la foi vivra ; mais s’il abandonne, je ne trouve plus mon bonheur en lui. Or nous ne sommes pas, nous, de ceux qui abandonnent et vont à leur perte, mais de ceux qui ont la foi et sauvegardent leur âme.
ÉVANGILE DE JÉSUS CHRIST SELON SAINT MARC (4, 26-34)
En ce temps-là, Jésus disait aux foules : « Il en est du règne de Dieu comme d’un homme qui jette en terre la semence : nuit et jour, qu’il dorme ou qu’il se lève, la semence germe et grandit, il ne sait comment. D’elle-même, la terre produit d’abord l’herbe, puis l’épi, enfin du blé plein l’épi. Et dès que le blé est mûr, il y met la faucille, puisque le temps de la moisson est arrivé. »
Il disait encore : « À quoi allons-nous comparer le règne de Dieu ? Par quelle parabole pouvons-nous le représenter ? Il est comme une graine de moutarde : quand on la sème en terre, elle est la plus petite de toutes les semences. Mais quand on l’a semée, elle grandit et dépasse toutes les plantes potagères ; et elle étend de longues branches, si bien que les oiseaux du ciel peuvent faire leur nid à son ombre. »
Par de nombreuses paraboles semblables, Jésus leur annonçait la Parole, dans la mesure où ils étaient capables de l’entendre. Il ne leur disait rien sans parabole, mais il expliquait tout à ses disciples en particulier.
Homélie
Les Évangiles sont un livre rempli d’images. Jésus proclame la Bonne Nouvelle en utilisant des images empruntées à son milieu de vie, aussi bien à la nature environnante qu’aux activités de ses proches. Dans l’évangile d’aujourd’hui, saint Marc nous dit que « par de nombreuses paraboles, Jésus annonçait la parole dans la mesure où ils étaient capables de l’entendre ».
Au cœur de la Bonne Nouvelle annoncée par Jésus, il y a le Royaume de Dieu, le règne de Dieu. Mais qu’est-ce que ce Royaume? On ne trouve nulle part dans les évangiles une définition précise de cette réalité qui est pourtant centrale dans le message de Jésus. Jésus nous propose par contre des images qui suggèrent ce qu’est le Règne de Dieu. Chacune des paraboles utilisées par Jésus développe une facette du Royaume de Dieu. Dans l’évangile que nous venons d’entendre, deux paraboles nous suggèrent certains traits caractéristiques du Royaume. Il est d’abord question de la semence de blé et ensuite de la graine de moutarde. Que pouvons-nous dégager de ces images voisines qui puisse nous éclairer sur la présence du Royaume de Dieu dans nos vies?
La graine de moutarde, tout comme la graine de blé est au départ quelque chose de petit, de très petit même. Cette semence est appelée à disparaître dans la terre. On ne la voit plus. Elle est comme morte à nos yeux. Ne dit-on pas justement que la semence est enterrée? Voilà pour la situation de départ! Le Royaume de Dieu n’est pas comme les royaumes de ce monde qui cherchent à s’imposer par la grandeur, le faste, l’éclat, les richesses. Au contraire, la petitesse, la simplicité, l’humilité sont des qualités du Royaume de Dieu. Jésus accueille les enfants auprès de lui et les propose à notre attention. Ce sont les pauvres, les défavorisés de la vie, les malades, les handicapés, les pécheurs même qui deviennent les premiers dans le Royaume de Dieu. Jésus accepte le titre de messie mais pas à la manière dont les Juifs de l’époque l’entendaient. Il ne veut pas devenir un chef politique qui libère son pays de la tutelle imposée par l’empereur romain. Ce sont les cœurs, la partie infime et cachée en chacun de nous, que Jésus veut transformer. Les témoins de la résurrection de Jésus ne seront au départ que quelques proches : Marie Madeleine, Pierre et Jean, les disciples sur le chemin d’Emmaüs … Actuellement, notre Église d’ici au Québec voit se réduire d’année en année les fidèles qui se retrouvent pour la célébration dominicale. L’Église n’a plus la place prédominante qu’elle avait il y a quelques années dans les médias et la société. Faut-il s’en plaindre? Nous sommes appelés à vivre notre foi dans des communautés plus réduites qui sont peut-être davantage à l’image du Royaume que Jésus a voulu établir dans notre monde. Comme des semences et des graines de moutarde …
« La semence de blé jetée en terre germe et grandit (…) La graine de moutarde, elle aussi, grandit et dépasse toutes les semences ». Grandir, croître, se développer, c’est une caractéristique de tout être vivant. Vous connaissez tous ce dicton « Petit poisson deviendra grand ». Que dire de la croissance d’un enfant avec ses premières dents, ses premiers balbutiements où les parents croient entendre les mots papa et maman? La croissance du Royaume de Dieu n’est pas d’abord un enjeu de nombre : elle tient beaucoup plus dans une maturité de la foi. Devenir adultes dans la foi, voilà un défi pour chacun de nous. L’adulte dans la foi est celui qui établit une harmonie entre la pensée et l’agir, celui qui sait distinguer l’important de l’accessoire.
Cela nous amène à un troisième trait du Royaume de Dieu qui nous est suggéré dans l’évangile à partir des images du grain de blé et de moutarde. « La terre produit d’abord l’herbe, puis l’épi, enfin du blé plein l’épi », « la graine de moutarde étend ses branches si bien que les oiseaux du ciel peuvent faire leur nid à son ombre ». Le grain grandit jusqu’à porter du fruit, chacun selon son espèce. Jésus va insister sur cette exigence de porter du fruit. En parlant de la vigne, Jésus dira que « les sarments secs, on les ramasse et on les jette au feu ». Le maître qui, avant de partir, a laissé une partie de sa fortune à ses serviteurs exigera d’eux, à son retour, qu’ils aient fait fructifier la part reçue en dépôt. Pour celui qui a accueilli la Bonne Nouvelle du Royaume de Dieu, porter du fuit, c’est partager cette Bonne Nouvelle aux autres. « Malheur à moi si je n’annonce pas la Bonne Nouvelle » dira saint Paul. La Bonne Nouvelle de l’amour de Dieu, d’un Dieu Père ne se proclame pas seulement par des paroles et des discours mais bien davantage par des gestes qui expriment cet amour universel de Dieu.
Vivre comme un disciple de Jésus dans le Royaume de Dieu c’est reconnaitre que nous sommes de petits enfants entre les mains d’un Dieu Père, que nous sommes appelés à grandir dans la foi et la confiance jusqu’à porter du fruit à cent et mille pour un. Rendons grâces à Dieu pour le pain, fruit de la terre, qui deviendra pour nous le pain de la vie!
Fr. Yvon Pomerleau, O.P.
PRIÈRE
Seigneur Dieu,
tu as suscité le prêtre saint Jean Bosco,
comme un père et un maître pour la jeunesse ;
accorde-nous de brûler du même feu de charité
afin de pouvoir attirer les âmes à toi,
et ne servir que toi seul.
Par Jésus Christ, ton Fils, notre Seigneur,
qui vit et règne avec toi,
dans l’unité du Saint-Esprit,
Dieu, pour les siècles des siècles.
∞ Amen.