29 janvier 2024
Notre vie comme un champ à cultiver
Aujourd’hui, le frère Carlos Ariel Betancourth Ospina, O.P., nous invite à examiner nos vies et à y déceler ce qui permettrait ou empêcherait la Parole de Dieu de fructifier.
LETTRE AUX HÉBREUX (10, 11-18)
Dans l’ancienne Alliance, tout prêtre, chaque jour, se tenait debout dans le Lieu saint pour le service liturgique, et il offrait à maintes reprises les mêmes sacrifices, qui ne peuvent jamais enlever les péchés.
Jésus Christ, au contraire, après avoir offert pour les péchés un unique sacrifice, s’est assis pour toujours à la droite de Dieu. Il attend désormais que ses ennemis soient mis sous ses pieds. Par son unique offrande, il a mené pour toujours à leur perfection ceux qu’il sanctifie.
L’Esprit Saint, lui aussi, nous l’atteste dans l’Écriture, car, après avoir dit : Voici quelle sera l’Alliance que j’établirai avec eux quand ces jours-là seront passés, le Seigneur dit : Quand je leur donnerai mes lois, je les inscrirai sur leurs cœurs et dans leur pensée et je ne me rappellerai plus leurs péchés ni leurs fautes. Or, quand le pardon est accordé, on n’offre plus le sacrifice pour le péché.
ÉVANGILE DE JÉSUS CHRIST SELON SAINT MARC (4, 1-20)
En ce temps-là, Jésus se mit de nouveau à enseigner au bord de la mer de Galilée. Une foule très nombreuse se rassembla auprès de lui, si bien qu’il monta dans une barque où il s’assit. Il était sur la mer, et toute la foule était près de la mer, sur le rivage.
Il leur enseignait beaucoup de choses en paraboles, et dans son enseignement il leur disait : « Écoutez ! Voici que le semeur sortit pour semer. Comme il semait, du grain est tombé au bord du chemin ; les oiseaux sont venus et ils ont tout mangé. Du grain est tombé aussi sur du sol pierreux, où il n’avait pas beaucoup de terre ; il a levé aussitôt, parce que la terre était peu profonde ; et lorsque le soleil s’est levé, ce grain a brûlé et, faute de racines, il a séché. Du grain est tombé aussi dans les ronces, les ronces ont poussé, l’ont étouffé, et il n’a pas donné de fruit. Mais d’autres grains sont tombés dans la bonne terre ; ils ont donné du fruit en poussant et en se développant, et ils ont produit trente, soixante, cent, pour un. » Et Jésus disait : « Celui qui a des oreilles pour entendre, qu’il entende ! »
Quand il resta seul, ceux qui étaient autour de lui avec les Douze l’interrogeaient sur les paraboles. Il leur disait : « C’est à vous qu’est donné le mystère du royaume de Dieu ; mais à ceux qui sont dehors, tout se présente sous forme de paraboles. Et ainsi, comme dit le prophète : Ils auront beau regarder de tous leurs yeux, ils ne verront pas ; ils auront beau écouter de toutes leurs oreilles, ils ne comprendront pas ; sinon ils se convertiraient et recevraient le pardon. »
Il leur dit encore : « Vous ne saisissez pas cette parabole ? Alors, comment comprendrez-vous toutes les paraboles ? Le semeur sème la Parole. Il y a ceux qui sont au bord du chemin où la Parole est semée : quand ils l’entendent, Satan vient aussitôt et enlève la Parole semée en eux. Et de même, il y a ceux qui ont reçu la semence dans les endroits pierreux : ceux-là, quand ils entendent la Parole, ils la reçoivent aussitôt avec joie ; mais ils n’ont pas en eux de racine, ce sont les gens d’un moment ; que vienne la détresse ou la persécution à cause de la Parole, ils trébuchent aussitôt. Et il y en a d’autres qui ont reçu la semence dans les ronces : ceux-ci entendent la Parole, mais les soucis du monde, la séduction de la richesse et toutes les autres convoitises les envahissent et étouffent la Parole, qui ne donne pas de fruit.
« Et il y a ceux qui ont reçu la semence dans la bonne terre : ceux-là entendent la Parole, ils l’accueillent, et ils portent du fruit : trente, soixante, cent, pour un. »
Homélie
L’Évangile d’aujourd’hui nous présente comme thème la semence abondante de la Parole. La manière la plus fréquente de lire ce texte de la « parabole du semeur » est de l’analyser en fonction de la terre qui l’accueille. Mais il y a une autre lecture possible qui, selon certains chercheurs, correspond davantage à la première intention de Jésus. Cette lecture nous propose de regarder la puissance du grain lui-même. De ce point de vue, on pourrait l’appeler plus justement la « parabole de la semence victorieuse ».
Et de cette perspective, c’est l’histoire d’un grain qui, bien qu’il soit à de multiples reprises rejeté, opprimé ou kidnappé, parvient toujours à ses fins. Jésus nous assure que la semence portera du fruit. Malgré le fait que ce monde nous semble souvent un terrain stérile — la jeunesse d’aujourd’hui, la société distraite, le manque de vocations, les défauts que nous découvrons dans l’Église — Dieu a donné de la force à sa Parole et elle germera contre toutes les apparences.
Nous n’avons pas à perdre espoir et confiance en Dieu. C’est Lui qui, en fin de compte, fait fructifier le Royaume, pas nous. Nous sommes invités à collaborer avec lui, mais celui qui donne la croissance et celui qui sauve, c’est Dieu.
La Parole que nous entendons illumine notre chemin. L’Eucharistie nous donne la force de le suivre. Ensuite, dans la vie de tous les jours, nous sommes ceux qui doivent correspondre à l’initiative de Dieu et vivre selon ses voies et selon son projet et sa mentalité.
Nous pouvons nous-mêmes appliquer la parabole dans la vie de tous les jours. Demandons-nous quel pourcentage de fruits produit la grâce que Dieu nous communique, la semence de son Royaume, ses sacrements et spécifiquement la Parole que nous entendons dans l’Eucharistie : trente, soixante, cent pour cent ?
Qu’est-ce qui empêche la Parole de Dieu de produire tout son fruit en nous : les soucis, la superficialité, les tentations du monde ? Quel genre de terre sommes-nous pour cette semence qui, de la part de Dieu, est toujours efficace et pleine de force ?
Parfois, la faute peut venir de l’extérieur, avec des pierres et des épines. Parfois, elle vient de nous-mêmes parce que nous sommes une mauvaise terre et que nous n’ouvrons pas complètement notre cœur à la Parole que Dieu nous enseigne, à la semence qu’Il sème dans notre champ.
Il n’y a pas grande chose à expliquer. Nous devons seulement analyser comment nous prenons soin de la semence que nous avons reçue de Dieu. Notre désir est sûrement d’avoir cette Parole comme valeur suprême de notre vie.
Nous venons de commencer cette nouvelle année 2025. C’est un bon moment pour établir notre existence en nous confiant à la bonté du Semeur qui ne résiste jamais lorsque nous venons à Lui avec sincérité.
Je nous invite à offrir notre vie au Seigneur comme un champ à cultiver. Et disons-lui donc : Seigneur, féconde ce sol de ton amour et places-y les grains de paix, d’espérance et de charité. Amen.
Fr. Carlos Ariel Betancourth Ospina, O.P.
PRIÈRE
Dieu éternel et tout-puissant,
dans ta bienveillance, dirige nos actions,
afin qu’au nom de ton Fils bien aimé,
nous portions des fruits en abondance.
Par Jésus Christ, ton Fils, notre Seigneur,
qui vit et règne avec toi,
dans l’unité du Saint-Esprit,
Dieu, pour les siècles des siècles.
∞ Amen.