Homélie, lundi de la 1ère semaine du Temps ordinaire

13 janvier 2024

Poussés par une soir spirituelle

En cette journée pour les vocations à la vie religieuse, le frère Jean-Louis Larochelle, O.P., nous en apprend davantage sur qui étaient les quatre premiers disciples de Jésus, leurs origines, leurs compétences et leurs motivations à le suivre.

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Homélie

L’événement du choix des quatre premiers disciples de Jésus s’est déroulé à Capharnaüm. Remarquons que Jésus n’a pas fait son choix au hasard. Les deux premiers, Pierre et André, Jésus les avait rencontrés auparavant près du Jourdain, là où Jean-Baptiste prêchait et baptisait (Jn 1, 35-51). Quant aux deux fils de Zébédée, Jacques et Jean, il est fort possible qu’il ait fait leur connaissance à Capharnaüm même. Jésus, après son baptême par Jean-Baptiste, avait quitté Nazareth pour s’établir à Capharnaüm. Dans ce village d’environ 1500 habitants, les juifs se retrouvaient à la synagogue le jour du sabbat. Du fait qu’il était une nouvelle figure dans le milieu, Jésus avait sans doute attiré l’attention. En plus, n’avait-il pas prêché à la synagogue ? Excellente façon de se faire connaître et aussi d’entrer en contact avec des gens intéressés par son discours.

Dans ce récit, nous constatons d’abord que Jésus ne choisit pas des journaliers ou des pauvres pour devenir ses collaborateurs. Son choix se porte sur des hommes engagés dans des entreprises familiales de pêche commerciale, des entreprises qui font appel non seulement aux membres de la famille mais à des employés (cf. Mc 1, 20). Il retient donc des hommes qui savent, par expérience, gérer une petite entreprise, entretenir des relations favorables avec leurs employés et négocier avec les clients les prix de leurs produits. Ce sont des hommes qu’on situerait sûrement aujourd’hui dans la classe moyenne. Autre particularité : ces hommes peuvent se permettre des absences plus ou moins prolongées de leur lieu habituel de travail. Ils ont suffisamment de ressources financières pour le faire. Simon Pierre et André ne se sont-ils pas retrouvés, pour un certain temps, auprès de Jean-Baptiste, dans un endroit situé à au moins 75 kilomètres de Capharnaüm?

Ajoutons ici que leurs absences de leur lieu de travail ne s’expliquent pas par un simple goût de l’aventure. Il faut avant tout prendre en compte leur soif spirituelle pour comprendre leur comportement. Pour Jésus, cette soif était très importante. Ses collaborateurs ne seraient pas seulement des hommes pratiques, bons organisateurs, mais des hommes insatisfaits de ce que les autorités religieuses de Jérusalem proposaient au peuple.

Quand ces hommes ont été appelés par Jésus, ils ont manifesté un réel enthousiasme. L’évangéliste ne dit-il pas : « Ils laissèrent aussitôt leurs filets et l’accompagnèrent » (Mc 1,18). Rien de surprenant. Ces premiers disciples ont été attirés par le mystère qui entourait Jésus. Ils ont remarqué son pouvoir d’attraction sur les foules. Ils ont sans doute aussi perçu que s’engager à sa suite pouvait répondre à leur espoir d’un monde nouveau, calqué sur le désir de Dieu. Le risque à prendre était donc stimulant. Mais leur enthousiasme ne les a pas amenés à abandonner de façon abrupte leur métier de pêcheurs. Ils ont continué, comme le rappellent les évangélistes, leur engagement dans la pêche, mais à un rythme plus lent sans doute. Ne les retrouve-t-on pas en train de pêcher sur le lac de Génésareth après la résurrection de Jésus ?

Ce rappel de la vocation des premiers disciples de Jésus nous invite à reconnaître que, nous aussi, nous avons été séduits par la figure du Christ et par son Évangile. Mais, comme les disciples, nous avons connu des périodes d’affaissement dans notre suite de Jésus. Puis nous avons de nouveau entendu son appel, au plus profond de nous-mêmes. Nous avons alors rebondi en manifestant avec plus de détermination notre attachement au Christ Jésus. C’est ce que chacun et chacune d’entre nous peut désigner comme « son » aventure spirituelle. C’est ainsi que nous sommes devenus, comme les premiers disciples, des témoins du Royaume de Dieu. Puissions-nous, malgré nos limites, malgré la situation actuelle de l’Église, continuer de croire que le Christ compte pleinement sur nous. Et que notre Eucharistie nous aide à reconnaître que le Christ Jésus ne cesse jamais d’appeler des hommes et des femmes à sa suite !

Fr. Jean-Louis Larochelle, O.P.

 

PRIÈRE

Père très saint,
tu appelles tous les fidèles à la perfection de la charité,
mais tu ne cesses d’en inviter beaucoup
à suivre de plus près les pas de ton Fils ;
à ceux que tu as choisis
pour te les consacrer d’une façon particulière,
donne de pouvoir montrer, à leur manière de vivre,
un signe visible de ton royaume
pour l’Église et pour le monde.
Par Jésus Christ, ton Fils, notre Seigneur,
qui vit et règne avec toi,
dans l’unité du Saint-Esprit,
Dieu, pour les siècles des siècles.

∞ Amen.