Homélie, La Nativité du Seigneur – messe du jour

25 décembre 2024

Noël, la migration de Dieu

En ce jour de Noël, le frère Raymond Latour, O.P., nous invite à plonger au mystère de Noël, où Dieu vient habiter notre terre et accomplir la promesse de devenir le berger de son peuple !

noël, la migration de Dieu

Homélie

« Allons voir le Messie! », se disaient entre eux les bergers. Dès son annonce, Noël provoque un déplacement. Dieu vient habiter notre terre, mais pour faire sa rencontre, il faut sortir de chez soi. Pas beaucoup de distance à franchir pour les bergers, mais les mages eux, sont allés au bout du monde pour le trouver. Dieu a fait un mouvement vers nous, à nous d’y répondre par un déplacement plus ou moins grand. Pourquoi cela ?

Tout au long de son histoire, le peuple de Dieu a connu de ces marches, de ces déplacements qui se sont appelés en certains moments douloureux exode, exil, déportation. Tout cela a servi à rapprocher de Dieu des gens qui auraient pu le confiner à son ciel inaccessible pour mieux s’en détourner. Dieu suivait les errances de son peuple. Durant cette longue histoire, Dieu préparait sa grande migration. Ce ne serait plus une simple « visite » comme les prophètes décrivaient l’une ou l’autre de ses intrusions dans le cours du temps. Non, cette fois, ce serait définitif, Dieu habiterait avec nous. Il restait à trouver la demeure. Ce sera Marie pour mettre au monde son Fils.

Voilà Marie, qui avec Joseph, au terme d’un épuisant voyage (un autre !) arrivent à Bethléem, le lieu annoncé où naîtrait le Messie. Extraordinaire venue dans un lieu si ordinaire qu’il en sort de l’ordinaire. Dieu en sortie n’a pas l’intention de s’installer. Son Fils naît dans une pièce attenante à l’auberge, une étable. Autant dire un passage dans un lieu de passage.

En parlant de Noël, les amis de Jésus diront plus tard que Dieu a fait les premiers pas. Dieu s’est avancé vers nous pour nous dire tout son amour. Une déclaration d’amour que nous recevons encore aujourd’hui de la part du Nouveau-Né, le Verbe éternel, lui qui nous a aimé le premier, nous de cette humanité en quête d’un amour qu’elle n’aurait jamais osé imaginer.

Longue marche du peuple vers l’accomplissement des promesses. Jusqu’à cette nuit où soudain, la voix d’un ange s’est fait entendre : « Aujourd’hui, dans la ville de David, vous est né un Sauveur qui est le Christ, le Seigneur ». Cette étonnante annonce aux bergers s’accompagnait d’un signe : un nouveau-né couché dans une mangeoire.

Dieu ne s’est pas inquiété : tout à coup les bergers n’arriveraient pas à décoder le signe ? Non, ce signe leur était destiné. Les bergers, mieux que quiconque, étaient en mesure de l’interpréter. C’était comme un cadeau, un cadeau parfaitement ajusté à la personne à qui il est destiné. Dieu savait que ce signe leur convenait, que ce signe leur parlait au cœur. Le signe de l’Enfant disait toute la complicité de Dieu avec son peuple, surtout les plus pauvres de son peuple.

Mais peut-être Dieu instruisait-il aussi déjà son Fils ? Ces bergers, ces pauvres qui venaient à lui n’étaient-ils pas un signe pour l’Enfant, une direction pour le chemin qu’il aurait à prendre ? Jésus reconnu par les bergers deviendra lui-même le bon berger de toutes les brebis délaissées par les pasteurs insouciants. Jésus, voyant ces bergers, a-t-il reconnu tous les rois et prophètes qui avaient annoncé le Messie qui ferait paître son peuple et le conduirait vers de bons pâturages ?

Marie conservait toutes ces choses en son cœur. Elle restait immobile mais elle était transportée de joie, parce qu’elle aussi, comme Joseph, comprenait que dans cette scène d’immense pauvreté tout le ciel était contenu. La présence des bergers à la crèche n’avait pour eux rien d’insolite. Dieu accomplissait sa promesse de devenir le berger de son peuple!

Et voilà nos bergers qui repartent, joyeux, porteurs d’une Bonne Nouvelle, celle que nous célébrons avec eux et que nous méditons en nos cœurs : un sauveur nous est né ! Chantons tous son avènement !

Fr. Raymond Latour, O.P.

 

PRIÈRE

Dieu notre Père,
plus haut que la voix des prophètes,
s’élève aujourd’hui le silence d’un enfant qui dort:
ton amour a percé nos ténèbres.
Dans cet enfant nouveau-né, 
fais-nous reconnaître en vérité ta Parole vivante,
reflet resplendissant de ta gloire
Dieu, pour les siècles des siècles.

∞ Amen.