1er janvier 2025
Devenir mère de Jésus
En ce premier jour de l’an, nous célébrons la maternité de Marie, Mère de Dieu, et c’est le frère André Descôteaux, O.P., qui nous invite à vivre dans la foi comme enfants de Dieu et à reconnaître Dieu comme notre Père.
LIVRE DES NOMBRES (6, 22-27)
Le Seigneur parla à Moïse. Il dit : « Parle à Aaron et à ses fils. Tu leur diras : Voici en quels termes vous bénirez les fils d’Israël : “Que le Seigneur te bénisse et te garde ! Que le Seigneur fasse briller sur toi son visage, qu’il te prenne en grâce ! Que le Seigneur tourne vers toi son visage, qu’il t’apporte la paix !” Ils invoqueront ainsi mon nom sur les fils d’Israël, et moi, je les bénirai. »
LETTRE DE SAINT PAUL APÔTRE AUX GALATES (4, 4-7)
Frères, lorsqu’est venue la plénitude des temps, Dieu a envoyé son Fils, né d’une femme et soumis à la loi de Moïse, afin de racheter ceux qui étaient soumis à la Loi et pour que nous soyons adoptés comme fils. Et voici la preuve que vous êtes des fils : Dieu a envoyé l’Esprit de son Fils dans nos cœurs, et cet Esprit crie « Abba ! », c’est-à-dire : Père ! Ainsi tu n’es plus esclave, mais fils, et puisque tu es fils, tu es aussi héritier : c’est l’œuvre de Dieu.
ÉVANGILE DE JÉSUS CHRIST SELON SAINT LUC (2, 16-21)
En ce temps-là, les bergers se hâtèrent d’aller à Bethléem, et ils découvrirent Marie et Joseph, avec le nouveau-né couché dans la mangeoire. Après avoir vu, ils racontèrent ce qui leur avait été annoncé au sujet de cet enfant. Et tous ceux qui entendirent s’étonnaient de ce que leur racontaient les bergers. Marie, cependant, retenait tous ces événements et les méditait dans son cœur. Les bergers repartirent ; ils glorifiaient et louaient Dieu pour tout ce qu’ils avaient entendu et vu, selon ce qui leur avait été annoncé.
Quand fut arrivé le huitième jour, celui de la circoncision, l’enfant reçut le nom de Jésus, le nom que l’ange lui avait donné avant sa conception.
Homélie
Aujourd’hui, en ce 1er de l’an, nous célébrons sainte Marie, Mère de Dieu. Ce titre marial, le premier et le plus important est, en fait, davantage une affirmation sur le Christ Jésus que sur Marie. Affirmer que Marie est la Mère de Dieu est la conséquence de l’affirmation selon laquelle l’humanité et la divinité sont tellement unies dans l’unique personne du Christ que Marie, en étant la mère de l’enfant Jésus, est mère de Dieu. Il convient donc de conclure l’octave de la fête de Noël par la célébration de l’identité de Jésus, vrai Dieu et vrai homme, et par là du rôle fondamental de Marie.
Pourtant, Paul semble peu s’intéresser à la personne de Marie. Il ne la nomme même pas. Il affirme simplement qu’à « la plénitude des temps, Dieu a envoyé son Fils, né d’une femme ». Il ne faut pas pour autant minimiser la mission de Marie. Elle n’a pas été qu’une simple mère porteuse, une sorte de canal par lequel le Fils de Dieu est venu en notre monde. Elle n’a pas été qu’un instrument occasionnel. Au contraire, elle a été mère, avec tout ce que cela veut dire. À cet égard, un petit souvenir, vous savez que mon frère plus jeune était lourdement handicapé. Quand il est mort, plusieurs personnes cherchaient à réconforter ma mère en lui disant qu’elle devait se sentir rassurée puisqu’il était mort avant elle. Elle de dire : « oui, je suis rassurée, mais c’était mon fils! » On n’a jamais fini d’être une mère ou un père! C’est pour la vie! C’est ce qu’a été Marie du premier jour jusqu’à la croix et même par la suite au cœur de la nouvelle communauté des croyants en la Résurrection de son Fils.
Dans l’évangile de ce jour, Marie, comme bien des mères, est d’une grande discrétion surtout si nous la comparons aux bergers qui viennent à la crèche. Tout chez les bergers baigne dans le merveilleux. Ils ont été avertis par les anges de la naissance de Jésus. Ceux-ci les guident, parmi les chants, vers l’enfant. Ensuite, ils repartent en glorifiant et louant Dieu et racontant à tous ce qu’ils ont vu et entendu.
À l’opposé, Marie ne dit pas un mot. Elle qui a chanté le Magnificat reste silencieuse. Elle, nous dit le texte, retenait tous ces événements et les méditait dans son cœur. Elle a dû être surprise par tout ce qui lui était arrivé depuis qu’elle avait prononcé son « oui ». Sa rencontre avec Élisabeth et, surtout, tous les événements entourant la naissance de son fils. Si nous sommes bouleversés par la pauvreté des débuts de la vie de Jésus, ne l’a-t-elle pas été, elle-même? Celui qui naîtrait d’elle, ne devait-il pas être saint et appelé Fils de Dieu? Que peut donc signifier pour elle être mère de cet enfant? Sa vie ne lui appartient plus. Elle a été bousculée et le sera encore.
En cela, elle rassemble à toutes les mères. Devant leurs parents, les nouveau-nés ne semblent pas faire le poids. Ils sont si fragiles. Pourtant, ils savent manifester leur présence. Tôt, leurs personnalités, leurs goûts, leurs aptitudes avec leurs limites commencent à prendre forme. Les parents sont souvent déroutés. Ils peuvent suivre toutes sortes de conférences sur la maternité ou la paternité, mais devenir parent s’apprend sur le tas. Il n’y a pas de truc infaillible. Ce qui marche avec le premier échoue avec les autres.
Non seulement Marie apprend à devenir mère, mais elle apprend à devenir mère de cet enfant si particulier. Dans la chair, comme nous, mais appelé Jésus « Dieu sauve ». Marie est une femme de foi. « Heureuse celle qui a cru! » lui a dit sa cousine Élisabeth. Elle ressemble au disciple parfait qui écoute la Parole, la reçoit, la médite en son cœur et la met en pratique. Elle enregistre. Elle rumine. Vous savez le sens premier du mot, et elle le fait dans la foi.
Nous traversons une période difficile, est-ce le bon mot? M. Legault dans sa conférence de presse présentait les mesures qu’il imposait comme « un geste extrême pour une situation extrême ». Il est normal, dans un sens, d’être inquiets. Je ne sais pas si vous êtes comme moi, je connais de plus en plus de personnes atteintes de la Covid. Heureusement, personne n’a dû être hospitalisé. Mais nous ne devons pas perdre le cap et c’est là que Marie nous montre le chemin à suivre, celui de la foi.
Marie nous montre que c’est la foi seule qui permet de garder espoir et d’avoir toujours confiance en la vie. Sans tout comprendre, elle retenait les événements de sa vie dans son cœur en étant convaincue qu’elle s’était mise au service d’un Dieu qui sauve, d’un Dieu qui nous veut du bien. Répétons ces paroles de bénédiction de la première lecture. « Que le Seigneur te bénisse et te garde! Qu’il fasse briller sur toi son visage! Que le Seigneur tourne vers toi son visage et t’apporte la paix! » Alors que nous devons nous cacher le visage, Dieu nous montre son visage pour nous éclairer de sa tendresse au point que, comme le dira Paul, nous sommes comblés de son Esprit pour que nous apprenions à lui dire « Abba », car nous sommes ses enfants et cohéritiers avec le Christ.
Sainte Thérèse de Lisieux désirait que nous naviguions « sur la mer orageuse du monde avec l’abandon et l’amour d’un enfant qui sait que son Père la chérit et ne saurait le laisser seul à l’heure du danger ».
Que Marie, mère de Dieu, nous apprenne à vivre, comme elle, en retenant tous les événements de nos vies dans la confiance, en enfants de Dieu, tout au long de l’An nouveau! Amen.
Fr. André Descôteaux, O.P.
PRIÈRE
Seigneur Dieu,
par la virginité féconde de la bienheureuse Marie,
tu as offert au genre humain les bienfaits du salut éternel ;
accorde-nous d’éprouver qu’intercède en notre faveur
celle qui nous permit d’accueillir l’auteur de la vie,
Jésus Christ, ton Fils, notre Seigneur.
Lui qui vit et règne avec toi,
dans l’unité du Saint-Esprit,
Dieu, pour les siècles des siècles.
∞ Amen.