Homélie, lundi de la 3ème semaine de l’Avent

16 décembre 2024

À contre-courant !

Aujourd’hui, le frère Jean-Louis Larochelle, O.P., nous invite à imiter le courage de Jésus, à exprimer nos convictions chrétiennes et à ne pas avoir peur d’aller ouvertement à contre-courant.

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Homélie

En fréquentant les évangiles, nous constatons que les grands prêtres, les scribes et les pharisiens n’ont pas voulu reconnaître l’autorité de Jésus dans le champ religieux. Leur attitude s’est régulièrement située à l’opposé de celle des foules qui, elles, reconnaissaient en Jésus un vrai prophète. Sa capacité de guérir les malades et les handicapés amenait d’ailleurs les foules à lui faire confiance et à lui reconnaître une véritable autorité prophétique.

Son autorité, Jésus l’a manifestée à plusieurs reprises. Et ce tant au plan de son enseignement qu’à celui de sa capacité de lutter contre les forces du mal. À ce propos, le texte de l’évangile du jour nous rapporte une confrontation avec les grands prêtres et les scribes. Ce face-à-face entre Jésus et les grands prêtres se produit peu de temps après l’épisode des vendeurs chassés du Temple. On sait que les grands prêtres se sont montrés incapables d’accepter son geste plutôt radical et fracassant. Car, pour eux, ce geste était un scandale, un non-respect évident de l’espace sacré qu’était le Temple. À leurs yeux, ils étaient les seuls à avoir l’autorité pour gérer les activités liées au culte. Jésus, lui, était un intrus, un imposteur, il n’avait reçu aucune autorisation pour avoir agi comme il avait agi. C’est pourquoi on va exiger qu’il justifie son geste en lui demandant d’identifier la source de l’autorité qu’il s’était attribuée.

Leur question était simple : « Par quelle autorité fais-tu cela ? » Question tout à fait rationnelle. En effet, seules les autorités religieuses officielles de Jérusalem avaient le pouvoir de modifier les politiques concernant la gestion des activités religieuses du Temple. Et voilà qu’un homme ordinaire, un simple artisan de Nazareth, s’autorise à bousculer les règles déterminant la gestion des sacrifices offerts au Temple. Mais la rencontre ne se déroule pas comme prévu : les grands prêtres se sentent immédiatement piégés par une question incisive de Jésus : « Le baptême de Jean, d’où venait-il ? Du ciel ou des hommes? » Ils n’ont pas voulu répondre, ils n’ont pas voulu dévoiler leurs convictions face au ministère de Jean-Baptiste. Ils ont plutôt emprunté la voie de l’hypocrisie. Ils ont agi comme si l’essentiel à protéger, ce n’était pas d’abord leur mission de guide spirituel auprès du peuple mais bien plutôt les intérêts de leur corporation religieuse. Une telle stratégie de leur part manifestait clairement qu’ils ne se laisseraient pas interpeller par Jésus. En ce faisant, ils fermaient la porte à la nouveauté extraordinaire que Jésus apportait, celle d’un salut qui mène au partage de la vie même de Dieu.

Les deux épisodes évangéliques auxquels nous faisons référence, les vendeurs chassés du Temple et la confrontation de Jésus avec les grands prêtres, manifestent bien la courageuse capacité de Jésus d’exprimer devant ses adversaires ses convictions fondamentales. De nos jours, dans beaucoup de pays occidentaux, nous rencontrons bien des chrétiens et chrétiennes qui se montrent silencieux quand ils se retrouvent en présence de gens qui se disent incroyants ou qui se montrent agressifs face à l’Église. Ils ont peur de dire qu’ils fréquentent régulièrement une communauté chrétienne. Ils craignent, disent-ils, de passer pour des gens déphasés culturellement, pour des gens mal adaptés aux idées modernes. Bref, ils sont gênés d’être reconnus comme des « non-conformistes » lorsqu’ils ont à dire qu’ils sont attachés au Christ Jésus et à son Évangile. Pourtant, c’est le risque à prendre pour collaborer à la venue du Royaume de Dieu dans notre contexte contemporain. Prions pour que le plus grand nombre possible de chrétiens et chrétiennes apprennent à s’appuyer sur la présence de l’Esprit Saint qui, lui, nourrira leur courage et leur espérance.

Fr. Jean-Louis Larochelle, O.P.

 

PRIÈRE

Dans ta tendresse, nous t’en prions, Seigneur,
prête l’oreille à notre voix :
éclaire les ténèbres de nos cœurs,
par la grâce de ton Fils qui vient nous visiter.
Lui qui vit et règne avec toi,
dans l’unité du Saint-Esprit,
Dieu, pour les siècles des siècles.

∞ Amen.