Homélie, samedi de la 33ème semaine du Temps ordinaire

23 novembre 2024

Les fins dernières

Aujourd’hui, le frère Raymond Latour, O.P., nous explique la résurrection comme projet de Dieu, qui est aussi le point central de notre foi chrétienne; ou autrement dit: la vie en abondance, la vie éternelle!

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Homélie

La fin de l’année liturgique, avec la lecture continue du livre de l’Apocalypse et des récits sur les temps de la fin, nous fait réfléchir sur la création qui arrivera un jour à son plein accomplissement et qui marquera le retour du Christ dans la gloire. Aujourd’hui, l’évangile avec la dispute théologique sur la résurrection, nous ramène encore aux fins dernières : qu’advient-il après la mort, notre mort ?

La question a préoccupé les philosophes de tous les temps, mais curieusement, la tradition religieuse d’Israël l’a plutôt ignorée. Dans l’ensemble de la Bible, il n’y a que quelques références, parfois assez subtiles, à une vie après la mort. Il a fallu attendre jusqu’au siècle précédant la venue de Jésus, pour qu’une certaine pensée émerge sur ce sujet. À l’époque de Jésus, comme le représente l’évangile que nous venons d’entendre, deux écoles s’affrontaient : l’une pour qui la résurrection des morts constituait une sorte d’hérésie, l’autre qui la concevait comme le prolongement des délices d’ici-bas, sans les limites que le corps imposerait. Qui a raison ? Jésus les renvoie dos à dos.

Les sadducéens s’objectent à cette théorie de la résurrection pour deux raisons. La projection décidément trop charnelle des pharisiens leur répugne, d’où cette histoire improbable de la femme aux sept maris, qui à leurs yeux devrait invalider cette doctrine. Mais plus encore, ils jugent la théorie trop récente. Ils s’en tiennent aux cinq premiers livres de la Bible, la Loi de Moïse ou le Pentateuque. On n’y trouve aucune mention de la résurrection. Si Moïse n’en dit rien, c’est donc que la résurrection n’est qu’une invention, une idée à la mode, qui n’a aucun fondement. On aurait beau chercher dans les moindres replis des livres bibliques, rien ne s’y trouve.

Erreur ! leur dit Jésus qui y va d’une interprétation assez inattendue d’un des passages les plus célèbres du livre de l’Exode, l’épisode du Buisson ardent dans lequel Dieu révèle son nom à Moïse. Nous avons beau entendre la référence, le mot « résurrection » ou tout autre qui lui serait apparenté, rien de la sorte n’est audible à nos oreilles. Et pourtant, la démonstration de Jésus semblait convaincante pour les sadducéens. « Maître, tu as bien parlé », le complimente un des scribes. Quelque chose nous échappe.

Alors, où est l’astuce ? Dans ce passage, Dieu se révèle comme « le Dieu d’Abraham, Dieu d’Isaac, Dieu de Jacob ». Tous ces personnages, centraux dans la foi d’Israël, tous ces personnages sont depuis longtemps décédés. Pourtant, Dieu affirme, au temps présent, qu’il est leur Dieu. C’est dire que Abraham, Isaac et Jacob, et avec eux combien d’autres ! sont toujours vivants auprès de Dieu. Dans ce passage, Dieu révèle non seulement son nom. Il affirme encore, selon l’interprétation de Jésus, qu’il est le Dieu des vivants.

Alors justement, les vivants auprès de Dieu, de quelle vie vivent-ils ? Là-dessus, notre curiosité ne sera pas satisfaite. Jésus se contente de déclarer, à l’encontre de la pensée pharisienne, que cette vie dans l’au-delà, ne sera pas la simple continuité de notre existence présente. « Ils sont semblables aux anges », nous dit-il. Nous ne sommes pas beaucoup plus avancés, puisque personne parmi nous n’a idée du quotidien des anges, ces créatures spirituelles et mystérieuses. Et à quoi ressembleraient des « corps de ressuscités », difficile de se le représenter, sinon de manière négative, des corps qui seraient délivrés de ce qui les affligent ici-bas, la maladie, la souffrance et la mort.

Respectons le secret de Dieu. Contentons-nous de cette espérance que nous vivrons pour toujours en sa présence, dans une totale communion à son mystère de vie et d’amour. Pour nous, la résurrection n’est plus une simple théorie ou une spéculation. Elle relève de notre foi. Elle en est même le message central. Si Dieu a ressuscité son Fils d’entre les morts, c’est ce que notre foi affirme, alors, nous aussi, nous aurons part à cette résurrection puisque tel est le projet de Dieu, nous donner la vie en abondance, la vie éternelle.

Fr. Raymond Latour, O.P.

 

PRIÈRE

Aux appels de ton peuple en prière,
réponds, Seigneur, en ta tendresse :
donne à chacun la claire vision de ce qu’il doit faire
et la force de l’accomplir.
Par Jésus Christ, ton Fils, notre Seigneur,
lui qui vit et règne avec toi,
dans l’unité du Saint-Esprit,
Dieu, pour les siècles des siècles.

∞ Amen.