1er octobre 2024
La voie de l'Amour
Aujourd’hui, Gustavo Adolfo Garay Ortega nous explique comment Jésus essaie de nous apprendre à prendre la voie de la non-violence, la voie qui cherche à bâtir des ponts ou à prendre un autre chemin pour peut-être revenir plus tard, la voie de l’Amour.
LIVRE DE JOB (3, 1-3.11-17.20-23)
Job ouvrit la bouche et maudit le jour de sa naissance. Il prit la parole et dit : « Périssent le jour qui m’a vu naître et la nuit qui a déclaré : “Un homme vient d’être conçu !” Pourquoi ne suis-je pas mort dès le sein de ma mère, n’ai-je pas expiré au sortir de son ventre ? Pourquoi s’est-il trouvé deux genoux pour me recevoir, deux seins pour m’allaiter ? Maintenant je serais étendu, au calme, je dormirais d’un sommeil reposant, avec les rois et les conseillers de la terre qui se bâtissent des mausolées, ou avec les princes qui ont de l’or et remplissent d’argent leurs demeures. Ou bien, comme l’avorton que l’on dissimule, je n’aurais pas connu l’existence, comme les petits qui n’ont pas vu le jour. Là, au séjour des morts, prend fin l’agitation des méchants, là reposent ceux qui sont exténués.
« Pourquoi Dieu donne-t-il la lumière à un malheureux, la vie à ceux qui sont pleins d’amertume, qui aspirent à la mort sans qu’elle vienne, qui la recherchent plus avidement qu’un trésor ? Ils se réjouiraient, ils seraient dans l’allégresse, ils exulteraient s’ils trouvaient le tombeau. Pourquoi Dieu donne-t-il la vie à un homme dont la route est sans issue, et qu’il enferme de toutes parts ? »
ÉVANGILE DE JÉSUS CHRIST SELON SAINT LUC (9, 51-56)
Comme s’accomplissait le temps où il allait être enlevé au ciel, Jésus, le visage déterminé, prit la route de Jérusalem. Il envoya, en avant de lui, des messagers ; ceux-ci se mirent en route et entrèrent dans un village de Samaritains pour préparer sa venue. Mais on refusa de le recevoir, parce qu’il se dirigeait vers Jérusalem.
Voyant cela, les disciples Jacques et Jean dirent : « Seigneur, veux-tu que nous ordonnions qu’un feu tombe du ciel et les détruise ? » Mais Jésus, se retournant, les réprimanda. Puis ils partirent pour un autre village.
Commentaire
Le texte de l’évangile d’aujourd’hui, comme celui d’hier, souligne la difficulté des disciples à comprendre l’approche de Jésus. C’est une façon nouvelle, radicale et profondément révolutionnaire d’agir et de penser lorsque comparée à ce qui était d’usage à l’époque.
La réaction impulsive de Jacques et Jean qui veulent exterminer les Samaritains de ce village avec un feu du ciel nous fait penser qu’ils réfléchissent encore selon la conception d’un besoin de purification, voire d’un « châtiment de conversion ». Mais Jésus n’est pas dans cette dynamique et c’est pour cela qu’il réprimande ses disciples. Dans le projet du Règne, la violence n’a pas sa place, point. Il y a toujours une alternative ! Il faut faire autrement : aller dans un autre village. Jésus nous invite à faire un détour et à ne pas rester devant le blocage ; nous avons intérêt à continuer notre route. Jésus, après tout, n’est pas venu condamner, il est venu donner sa vie pour sauver le monde.
Avec la réputation que Jésus a déjà réussi à se construire dans la société juive de l’époque, il peut aussi être choquant de lire qu’un village de Samaritains refuse de l’accueillir. Cependant, c’est normal. Les samaritains et les juifs ne sont pas en bons termes et le texte nous dit que le groupe est en chemin vers Jérusalem. Or, les samaritains sont des juifs mêlés avec les païens qui ne reconnaissent pas Jérusalem et son Temple comme le noyau de leur religion. Malgré tout cela, Jésus a pris la décision de monter à Jérusalem par cette région considérée par les juifs orthodoxes comme impure.
À travers ce récit, l’évangéliste Luc nous montre que l’attitude de Jésus face aux samaritains en est une de réconciliation et de miséricorde, de la même manière que Jean le révèle dans l’épisode avec la Samaritaine (Jn 4, 4-42). Pour Jésus, le véritable Temple de Dieu se trouve dans le cœur des êtres humains. Son cheminement vers Jérusalem est son itinéraire vers le salut de l’humanité, analogie de notre propre chemin spirituel. C’est un chemin d’amour et de sacrifice, de refus et d’incompréhension, même de la part de ses propres disciples. D’ailleurs, deux mille ans après, beaucoup de chrétiens ne comprennent toujours pas totalement le projet du Règne et d’autres encore sont loin de le mettre en pratique. Dimanche dernier, le frère Daniel soulignait les défis que nous avons comme disciples du Christ à enlever de notre cœur tout ce qui fait obstacle au Royaume de Dieu.
Dans notre itinéraire quotidien comme croyants et croyantes, il est parfois compliqué de traverser les Samaries de nos vies : on n’aime pas faire des détours et être confrontés au rejet. Cependant, nous devons éviter de tomber dans le piège de l’usage de la violence, quelle qu’en soit la forme, pour résoudre les impasses de la vie. La violence a un impact direct sur les personnes et les choses, mais ne change jamais les cœurs en notre faveur ou pour le bien des autres. Seul l’amour est capable de toucher le cœur, d’aller à l’essentiel de la vie et de trouver d’autres alternatives. Il ne s’agit pas de détruire, il s’agit de construire ce projet du Royaume où le Temple de Dieu est le cœur de chaque personne.
N’oublions pas que dans notre itinéraire, l’Esprit Saint est notre véritable GPS du cœur : il nous indiquera si nous devons faire route autrement. De la même façon qu’une conduite en voiture, nous avons toujours la liberté de suivre les suggestions ou pas, mais pour bien discerner notre choix, l’amour de Dieu est notre point de référence : « heureux les miséricordieux, car ils recevront miséricorde ! ».
Un dernier mot pour souligner la sainte que l’Église nous propose aujourd’hui comme modèle de disciple à la suite du Christ : sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus. Thérèse de Lisieux a très rapidement compris l’importance de l’amour de Dieu dans sa vie et, à travers ses écrits et sa spiritualité, elle témoigne avec force : « Ma vocation, c’est l’amour. Pourquoi choisir quand on peut tout prendre ! ». Vivre l’évangile au quotidien et dans la simplicité, sans la quête des expériences extraordinaires, c’est ce qu’elle appelait la voie de la confiance et de l’amour. Aujourd’hui, nous faisons mémoire de cette grande femme, docteure de l’Église qui a ouvert des chemins nouveaux où l’Amour guide nos vies de croyants.
Vivre d’Amour, c’est naviguer sans cesse, semant la paix, la joie dans tous les cœurs. Pilote Aimé, la Charité me presse, car je Te vois dans les âmes mes sœurs. La Charité, voilà ma seule étoile, à sa clarté, je vogue sans détour. J’ai ma devise écrite sur ma voile : « Vivre d’Amour ! » (Extrait du poème « Vivre d’amour » — Cantique de Sainte Thérèse de Lisieux, 1895)
Gustavo Adolfo Garay Ortega
PRIÈRE
Dieu qui ouvres ton Royaume aux petits et aux humbles,
donne-nous de marcher avec confiance
sur les pas de sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus,
pour obtenir ainsi la révélation de ta gloire.
Par Jésus Christ, ton Fils, notre Seigneur,
lui qui vit et règne avec toi,
dans l’unité du Saint-Esprit,
Dieu, pour les siècles des siècles.
∞ Amen.