Homélie, vendredi de la 25ème semaine du Temps ordinaire

27 septembre 2024

Un temps pour tout

Aujourd’hui, le frère Raymond Latour, O.P., met en lien la sagesse de Qohèleth sur le temps qui passe, celle du Fils de Dieu qui se soumet au temps pour accomplir sa mission jusqu’au bout et la sagesse d’amour dont Saint Vincent de Paul a su faire preuve.

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Homélie

Les temps de nos vies. Il y a un temps pour tout, nous dit le sage Qohèleth dans la première lecture. Il nous présente une succession de temps contrastés. Parfois, le premier membre de l’opposition est positif, parfois négatif. Nous passons notre vie en basculant de l’un à l’autre pôle. Tout y passera, et nous y passerons.

Le temps passe et nous emporte dans son courant, inexorablement. Nous ne sommes jamais fixés dans le bonheur ou le malheur. Un temps pour tout. Tout ne fait qu’un temps. Est-ce une invitation à la docilité, à accueillir avec sérénité ou fatalisme ce temps, celui de notre condition humaine ? Les moments seront tantôt heureux, tantôt malheureux. Le sage-poète nous les présente comme si nous n’y avions aucune prise. Nous y sommes soumis. Le temps est notre maître, et Dieu est Maître du temps. Le dosage des réalités que nous jugeons bonnes ou mauvaises lui appartient. Et le sage Qohèleth nous laisse avec la conviction que c’est l’œuvre de Dieu qui s’inscrit dans le temps.

Dans l’Évangile, Jésus semble avoir une maîtrise du temps. Il discerne ce qu’aucun de ses disciples n’a pu pressentir : le temps vient où le Fils de l’homme connaîtra la souffrance et la mort. Il annonce à ses disciples que cette heure viendra, inéluctable. Mais lui aussi, comme Qohèleth y voit l’œuvre de Dieu ; il sait que par le don de sa vie, Dieu réalisera l’œuvre du salut. Jésus n’embrasse pas la fatalité mais le dessein de Dieu. Il sera victime d’une profonde injustice, mais c’est librement, avec lucidité, qu’il ira jusqu’au bout de sa mission. En acceptant d’obéir à Dieu son Père, Jésus a ouvert un temps nouveau pour l’humanité, un temps qui récapitule tout.

Les chrétiens et chrétiennes ont suivi cette voie de l’amour, de la vie donnée. Saint Vincent de Paul a illustré au plus haut point cette primauté de la charité. Il en a été témoin et a voulu l’étendre le plus possible par la fondation de deux communautés qui soient au service des plus défavorisés. Son inspiration a été plus tard reprise pour donner naissance à divers organismes caritatifs. Dans nos milieux, ces œuvres font référence. Il n’est pas rare d’entendre, dans nos sociétés d’abondance, « on va donner cela à la Saint-Vincent-de-Paul », l’intermédiaire à travers lequel s’exerce une charité de proximité, un lien entre les gens qui ont des surplus et ceux qui sont dépourvus.

Si les temps sont indifférents, apportant tantôt le bonheur, tantôt le malheur, la charité, elle, est présence et attention au moment présent. Elle se réjouit avec qui est dans la joie, et pleure avec les personnes attristées.

Saint Vincent-de-Paul, « monsieur Vincent », dirait sans doute qu’il y a toujours un temps pour la charité et que la charité est pour toujours. Tout passe, mais la charité demeure en vie éternelle.

Fr. Raymond Latour, O.P.

 

PRIÈRE

Seigneur Dieu,
tu as donné au prêtre saint Vincent de Paul
toutes les qualités d’un apôtre
afin de secourir les pauvres et de former les prêtres ;
accorde-nous la même ferveur pour aimer ce qu’il a aimé
et pratiquer ce qu’il a enseigné.
Par Jésus Christ, ton Fils, notre Seigneur,
lui qui vit et règne avec toi,
dans l’unité du Saint-Esprit,
Dieu, pour les siècles des siècles.

∞ Amen.