Homélie, mercredi de la 22ème semaine du Temps ordinaire

4 septembre 2024

Une belle-mère exemplaire

Aujourd’hui, le frère Raymond Latour, O.P., nous pousse à nous intéresser à un récit évangélique qui passe souvent assez inaperçu et qui, pourtant, a été rapporté par trois des quatre Évangélistes.

Homélie

Commençons par une histoire de belle-mère, un type d’humour qui, à une époque, avait fait la popularité d’Olivier Guimond, un comique Québécois. J’ai choisi l’une des moins cruelles d’entre elles, parmi les centaines qui se trouvent sur internet :

Une belle-mère vient rendre visite à sa fille et à son gendre. Le beau-fils vient lui ouvrir la porte et s’exclame : « Bonjour belle-maman ! Ça fait longtemps qu’on ne vous avait pas vue ! Alors combien de temps allez-vous rester parmi nous ? ». La belle-mère, voulant plaisanter : « Oh, eh bien jusqu’à ce que vous soyez fatigués de me voir. » Le gendre : « Vraiment ? Vous ne préférez pas rentrer et prendre un petit café d’abord ? ».

Plus sérieusement, Luc nous présente aujourd’hui une belle-mère, celle de Simon. Comme ce récit est toujours accompagné d’une intense activité de Jésus, cette belle-mère n’a été que trop négligée. À vrai dire, si l’on s’en tient à la seule guérison, l’épisode pourrait presque passer inaperçu : une guérison d’une forte fièvre, cela paraît assez banal, surtout lorsqu’elle est suivie et précédée par d’impressionnants récits d’exorcisme. Mais cette belle-mère effacée est exemplaire et mérite que l’on s’y intéresse.

L’Évangile n’explique pas pourquoi Jésus se rendait cette journée-là chez Simon. Quelqu’un de la maison, non identifié, demande à Jésus de « faire quelque chose ». La maladie serait sérieuse et réclamerait l’intervention de Jésus qui se penche vers elle et la guérit. Le traitement ressemble à un exorcisme. Toujours est-il que la belle-mère vite rétablie était en mesure de servir la maisonnée. Pourquoi Luc, et avec lui Marc et Matthieu, nous rapporte-t-il ce court récit ? En quoi donc cette belle-mère serait-elle exemplaire ?

Discrètement, cette femme nous présente le modèle du disciple. Elle était malade, alitée avec une forte fièvre : elle était comme morte. Jésus lui fait recouvrer la santé. La voilà debout, comme ressuscitée ! L’épisode évangélique illustre que la belle-mère de Simon a participé au mystère de mort et de résurrection. C’est le cas de tout disciple de Jésus : par notre baptême, nous avons été plongés dans sa mort pour ressusciter avec lui. Après la guérison, l’évangile note que la belle-mère de Simon les servait. Nous qui avons été baptisés, qui avons été ensevelis avec le Christ pour une vie nouvelle, nous sommes appelés à servir nos frères et sœurs. Cette dimension du service est l’expression de l’amour que nous devons nous porter les uns les autres.

L’évangéliste aurait pu nous dire de façon abstraite que tout disciple de Jésus participe à son mystère de mort et de résurrection et que cette grâce du baptême se traduit par une mission de service. Mais il a choisi d’insérer cette vérité dans un cadre qui en favorise la mémorisation. Grâce à la belle-mère de Simon, nous n’avons qu’à visualiser l’épisode pour nous rappeler ce précieux enseignement.

Alors qu’avec la reprise des activités, les groupes et les communautés se répartissent différentes tâches, le début septembre est un moment bien choisi pour dessiner le profil du disciple. Mais en tout temps, la belle-mère de Simon est une belle-mère à fréquenter. Autant l’inviter à rester toujours avec nous !

Fr. Raymond Latour, O.P.

 

PRIÈRE

Dans ton inlassable tendresse, nous t’en prions, Seigneur,
veille sur ta famille :
elle s’appuie sur la grâce du ciel,
son unique espérance ;
qu’elle soit toujours assurée de ta protection.
Par Jésus Christ, ton Fils, notre Seigneur,
lui qui vit et règne avec toi,
dans l’unité du Saint-Esprit,
Dieu, pour les siècles des siècles.

∞ Amen.