Homélie, vendredi de la 19ème semaine du Temps ordinaire

16 août 2024

Ce qui nous unit vraiment

Aujourd’hui, le frère Carlos Ariel Betancourth Ospina, O.P., nous invite, à la lumière des lectures du jour, à examiner véritablement nos relations amoureuses ou fraternelles et à nous demander si le bien de l’autre est au centre de ce qui nous unit.

Homélie

Dans la première lecture d’aujourd’hui, Ézékiel fait une comparaison très forte mais rend son enseignement très clair. Le prophète compare l’amour entre Dieu et le peuple avec l’amour-propre du couple.

La dénonciation du prophète est claire : le peuple de Dieu, Israël, a mérité un sort fatal puisqu’il a abandonné son alliance avec Dieu et que les alliances politiques et les idolâtries ont conduit non seulement à la destruction mais aussi à la perte d’identité.

Il y a une question fondamentale que l’on pourrait se poser à la lumière de cette dénonciation : Israël serait-t-il incapable d’être fidèle à Dieu ? De notre côté, sommes-nous incapables d’être fidèles à nos valeurs les plus profondes, à ceux que nous aimons le plus, à Celui qui nous donne la vie et qui nous aime inconditionnellement ?

Au milieu de cette amère histoire, le prophète donne une lueur d’espoir en disant : Dieu n’oublie pas, il ne tourne pas le dos, il ne condamne pas et ne complote pas de vengeance. La miséricorde de Dieu et son pardon sont la main toujours tendue qui rend possible l’espérance, la conversion, un nouveau départ, une nouvelle vie, le salut.

Tout comme le chant d’Ézékiel nous parle d’amour, d’alliance, d’infidélité et de pardon dans cette histoire entre Dieu et le peuple d’Israël, Jésus, dans l’évangile d’aujourd’hui, déjà en route vers Jérusalem, s’adresse aussi aux disciples, aux pharisiens et à ceux qui l’ont écouté, pour leur faire comprendre quel est son message et comment comprendre les relations, la vie, l’argent, les disputes avec le sanhédrin, le mariage, le divorce.

Concernant ce dernier thème et les causes qui le justifient, la réponse de Jésus à la légalité de la répudiation d’une femme par son homme va à la racine qui devrait être dans l’approche : « l’homme quittera son père et sa mère, il s’attachera à sa femme, et tous deux deviendront une seule chair ».

Dans cette culture fortement patriarcale, la loi protège les droits des hommes et laisse les femmes totalement vulnérables. Renier une femme, c’était la condamner à l’ostracisme et à la pauvreté, car une femme n’avait aucun droit ni possibilité d’indépendance par rapport à un homme.

Jésus est clair : si vous vous êtes engagé envers cette femme, elle ne fera qu’un avec vous. Et cet engagement ne vous permet pas de vous diviser, de vous séparer : vous ne pouvez pas la laisser derrière vous lorsqu’elle ne vous sert plus ou n’est plus à votre convenance.

Même aujourd’hui, nous avons de nombreuses approches divergentes concernant le mariage et le divorce. La réponse de Jésus irait sûrement aussi à la racine : aimez-vous cette personne, votre engagement dans ce projet vital partagé vous implique-t-il totalement, au-delà des intérêts et des convenances de toutes sortes, avec générosité et recherche du bien de l’autre ?

Les relations que nous nouons tout au long de la vie ne font pas toujours le bien que nous souhaiterions à l’autre : nous nous faisons du mal et nous faisons du mal, et bien des personnes en sont brisées. C’est pourquoi nous devons nous nourrir de l’amour de Dieu, trouver le sens profond du salut, laisser Dieu pénétrer notre réalité personnelle, la guérir et nous faire sentir aimés, disponibles pour la fraternité et le dévouement. Le sens de notre vie et notre bonheur sont dans l’amour.

Fr. Carlos Ariel Betancourth Ospina, O.P.

 

PRIÈRE

Dieu éternel et tout-puissant,
qui régis et le ciel et la terre,
exauce, en ta bonté, les supplications de ton peuple
et donne à notre temps la paix qui vient de toi.
Par Jésus Christ, ton Fils, notre Seigneur,
lui qui vit et règne avec toi,
dans l’unité du Saint-Esprit,
Dieu, pour les siècles des siècles.

∞ Amen.