Homélie, vendredi de la 7ème semaine du Temps ordinaire

24 mai 2024

Parfum de Vie

En ce jour où nous célébrons la Translation du corps de saint Dominique, le frère André Descôteaux, O.P., nous fait part d’un miracle qui a eu lieu lors de cet événement et nous l’explique à travers différents passages bibliques.

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Homélie

Chaque 24 mai, nous rappelons la translation du corps de saint Dominique, c’est-à-dire l’ouverture de son tombeau comme l’exigeaient les procédures de son procès de canonisation. Voici ce que des témoins racontent :

« Quand les frères vinrent durant la nuit, faire l’exhumation en présence du podestat, de nombreux Bolognais et d’autres personnes honorables et pieuses, évêques et laïques, ils trouvèrent le tombeau bien fermé avec un ciment si dur et si résistant qu’à peine put-on soulever la pierre qui le recouvrait. Quand on l’eût ôtée, il s’exhala du tombeau une merveilleuse et très suave odeur, inconnue de tous les assistants, mais qui leur parut surpasser tous les aromates, sans toutefois posséder l’odeur d’aucun parfum connu parmi les hommes ; ayant donc enlevé la pierre, ils trouvèrent la châsse de bois hermétiquement close avec des clous de fer, dans laquelle reposait le corps du bienheureux Dominique. Ils l’ouvrirent à son tour et aussitôt la suave odeur redoubla d’intensité. »

Saint Dominique, la bonne odeur. Comment comprendre ce récit ? Examinons tout d’abord l’Écriture, car nous y retrouvons souvent cette expression de la bonne odeur. Le Temple connaît un « autel des parfums ». Quand, peut-on lire au livre de l’Exode, ‘chaque matin, Aaron viendra entretenir les lampes, il y brûlera de l’encens aromatique. Et quand, au coucher du soleil, il viendra allumer les lampes, il y brûlera à nouveau de l’encens. De génération en génération, l’encens montera perpétuellement devant le Seigneur.’ (Ex 30, 7-8) N’est-ce pas ce que fit Zacharie, le père de Jean le Baptiste, qui fut « désigné par le sort, suivant l’usage des prêtres, pour aller offrir l’encens dans le sanctuaire du Seigneur » (Lc 1, 9) ?

Si l’on fait brûler de l’encens, les sacrifices aussi peuvent dégager une bonne odeur. Au livre du Lévitique, il est dit qu’après avoir préparé l’animal sacrifié, ‘Le prêtre fera fumer le tout à l’autel. C’est un holocauste, une nourriture offerte, en agréable odeur pour le Seigneur’. (Lv 1, 9)

Progressivement, l’encens et son parfum finirent par désigner le culte parfait, au point qu’Israël lui-même un jour sera ce parfum agréable. ‘Comme un parfum d’apaisement, je vous accueillerai quand je vous aurai fait sortir d’entre les peuples, et je vous rassemblerai des pays où vous aurez été dispersés. Ainsi, par vous, se manifestera ma sainteté aux yeux des nations.’ (Ez 20, 41)

Il n’est donc pas surprenant que le Christ, dans son offrande, soit lui aussi un parfum d’agréable odeur. C’est ce qu’affirme la lettre aux Éphésiens : « Vivez dans l’amour, comme le Christ nous a aimés et s’est livré lui-même pour nous, s’offrant en sacrifice à Dieu, comme un parfum d’agréable odeur. » (Ep 5, 2)

L’offrande et la vie du Christ sont un parfum d’agréable odeur dont le disciple doit être imprégné au point, lui aussi, de dégager cette bonne odeur. Écoutons saint Paul :

‘Rendons grâce à Dieu qui nous entraîne sans cesse en son cortège triomphal dans le Christ, et qui répand par nous en tout lieu le parfum de sa connaissance. Car nous sommes pour Dieu la bonne odeur du Christ, parmi ceux qui accueillent le salut comme parmi ceux qui vont à leur perte ; pour les uns, c’est un parfum de mort qui conduit à la mort ; pour les autres, un parfum de vie qui conduit à la vie’ (2 Co 14-16).

À la fin de la lettre aux Philippiens, Paul conclut : ‘je suis comblé depuis qu’Épaphrodite m’a remis votre envoi : c’est comme une offrande d’agréable odeur, un sacrifice digne d’être accepté et de plaire à Dieu. La charité est d’agréable odeur.’

Après ce court survol dans l’Écriture sainte sur la bonne odeur, il n’est pas surprenant que le corps de saint Dominique dégage une odeur surpassant tous les aromates.

En effet, Dominique a voulu répandre le parfum de la connaissance de Dieu. Il est parti sur les routes annoncer la Bonne Nouvelle de la grâce de la miséricorde de Dieu. Sa vie en a été une d’amour et de charité. Il a rendu un service de charité de la vérité. Il a voulu faire de toutes les nations des disciples pour les ramener au Christ. Il a répandu un parfum de vie pour que tous et toutes puissent vivre de la vie en plénitude du Père.

Il a créé une communauté non seulement vouée à la prédication, mais où se réaliserait cet idéal de l’unanimité présentée dans la première lecture : voir un seul cœur, une seule âme, tout mettre en commun. La bonne odeur de la charité et de l’amour.

Rendons grâce à Dieu pour le don de Dominique à l’Église, et comme lui, répandons la bonne odeur du Christ. Et ‘que notre prière devant toi s’élève comme un encens, et nos mains, comme l’offrande du soir’ (Ps 140, 2). Amen.

Fr. André Descôteaux, O.P.

 

PRIÈRE

Permets, Seigneur,
que ton Église trouve un secours dans les mérites
et les enseignements de saint Dominique notre Père :
qu’il intercède pour nous avec toute sa tendresse,
après avoir été un prédicateur éminent de ta vérité.
Par Jésus Christ, ton Fils, notre Seigneur,
lui qui vit et règne avec toi, dans l’unité du Saint-Esprit,
Dieu, pour les siècles des siècles.

∞ Amen.