23 avril 2024
Avoir la foi
Aujourd’hui, le frère André Descôteaux, O.P., nous raconte la chance qu’est le fait d’avoir foi en Dieu, particulièrement la foi catholique, cette foi qui manquait aux pharisiens et grands prêtres du temps de Jésus.

LIVRE DES ACTES DES APÔTRES (11, 19-26)
En ces jours-là, les frères dispersés par la tourmente qui se produisit lors de l’affaire d’Étienne allèrent jusqu’en Phénicie, puis à Chypre et Antioche, sans annoncer la Parole à personne d’autre qu’aux Juifs. Parmi eux, il y en avait qui étaient originaires de Chypre et de Cyrène, et qui, en arrivant à Antioche, s’adressaient aussi aux gens de langue grecque pour leur annoncer la Bonne Nouvelle : Jésus est le Seigneur. La main du Seigneur était avec eux : un grand nombre de gens devinrent croyants et se tournèrent vers le Seigneur.
La nouvelle parvint aux oreilles de l’Église de Jérusalem, et l’on envoya Barnabé jusqu’à Antioche. À son arrivée, voyant la grâce de Dieu à l’œuvre, il fut dans la joie. Il les exhortait tous à rester d’un cœur ferme attachés au Seigneur. C’était en effet un homme de bien, rempli d’Esprit Saint et de foi. Une foule considérable s’attacha au Seigneur.
Barnabé partit alors à Tarse chercher Saul. L’ayant trouvé, il l’amena à Antioche. Pendant toute une année, ils participèrent aux assemblées de l’Église, ils instruisirent une foule considérable. Et c’est à Antioche que, pour la première fois, les disciples reçurent le nom de « chrétiens ».
ÉVANGILE DE JÉSUS CHRIST SELON SAINT JEAN (10, 22-30)
On célébrait la fête de la dédicace du Temple à Jérusalem. C’était l’hiver. Jésus allait et venait dans le Temple, sous la colonnade de Salomon. Les Juifs firent cercle autour de lui ; ils lui disaient : « Combien de temps vas-tu nous tenir en haleine ? Si c’est toi le Christ, dis-le nous ouvertement ! »
Jésus leur répondit : « Je vous l’ai dit, et vous ne croyez pas. Les œuvres que je fais, moi, au nom de mon Père, voilà ce qui me rend témoignage. Mais vous, vous ne croyez pas, parce que vous n’êtes pas de mes brebis. Mes brebis écoutent ma voix ; moi, je les connais, et elles me suivent. Je leur donne la vie éternelle : jamais elles ne périront, et personne ne les arrachera de ma main.
« Mon Père, qui me les a données, est plus grand que tout, et personne ne peut les arracher de la main du Père. Le Père et moi, nous sommes UN. »
Homélie
Il y aura cinquante-trois ans, en septembre, j’entreprenais un baccalauréat en mathématiques à l’Université de Montréal. Je me revois empruntant le tapis roulant pour monter à l’édifice central où se donnaient mes cours. Ce furent de très belles années où j’ai eu le privilège de nouer de profondes amitiés. C’est pour moi une grâce de pouvoir encore rencontrer ces amis. Parmi eux, quelqu’un de presque aussi grand que moi, à l’époque déjà très engagé socialement, qui se disait communiste et athée. Nous avons eu des discussions qui sont restées dans les annales. Il y a quelques années, je lui ai donné le livre de Jean-Claude Guillebaud ‘Comment je suis redevenu chrétien?’. Je pensais que la démarche de ce journaliste et essayiste engagé aurait pu susciter de l’intérêt chez lui. Un flop monumental. Non seulement il n’avait pas aimé, mais était en profond désaccord avec l’auteur. Je n’ai même pas essayé de répondre. J’étais déçu. Ne vous en faites pas, nous sommes toujours amis.
Aujourd’hui, dans l’Évangile, les Juifs somment Jésus de dévoiler publiquement une fois pour toutes son identité, un peu comme le grand-prêtre, lors de son procès devant les autorités juives qui met en demeure Jésus de confirmer s’il est bien le messie, le Fils de Dieu. Jésus refuse de se soumettre à cette demande pressante. D’une part, il ne s’est jamais caché pour affirmer son rôle, sa mission. Pensons à tous ces ‘Je suis’ qui émaillent l’évangile de Jean. D’autre part, ses interlocuteurs, devant toutes les œuvres qu’il a accomplies, se sont murés dans l’incrédulité. Ce n’est pas le prétendu silence de Jésus qui a voilé son identité, mais leur absence de foi. Il leur est caché parce qu’ils ne veulent pas voir. Ses œuvres manifestent qu’il vient du Père et que lui et le Père sont un, mais c’est la foi qui permet de bien interpréter et de discerner en Jésus qui il est. La clé de lecture de l’œuvre de Jésus est la foi. Et ils ne l’ont pas.
C’est encore la foi qui permet, comme dit Jésus, d’entendre la voix du bon Berger et de le suivre. Ainsi, les croyants reçoivent-ils du Christ la vie éternelle et ne périront jamais, car personne ne pourra les arracher de sa main. Je ne sais pas si vous êtes comme moi, mais, alors que je prends de l’âge, malgré les questions, les doutes, les nuits j’ai l’impression que la foi m’a ouvert un monde inouï dont je perçois toujours davantage la vérité, la cohérence, la beauté, la plénitude, un monde où se révèle un homme que je trouve toujours extraordinaire, tellement étonnant qu’il ne peut être que le visage humain de Dieu sur cette terre! Comme Pierre, je me dis : ‘où irais-je? Tu as les paroles de la vie éternelle!’
Pourquoi est-ce ainsi? Est-ce parce que, enfant, je suis tombé dans la marmite de la foi? Je ne sais pas, mais il y a toutes ces personnes qui n’ont pas hérité la foi de leurs familles et qui découvrent le Christ. Je pense à plusieurs de nos baptisés et confirmés de l’Aurore pascale au fil des années. Tout cela est bien mystérieux.
Denis Moreau, dans son ouvrage, ‘Comment peut-on être catholique?’, conclut ‘oui, plus le temps passe et plus je me dis que c’est un bonheur d’avoir la foi catholique, qu’elle n’est pas un embêtement de plus dans l’existence, mais une puissance qui contribue à l’améliorer’ (Conclusion). Si elle est don, Moreau insiste sur le fait qu’il faut nourrir sa foi. ‘Ma foi catholique, je l’alimente, je l’entretiens, j’en prends soin comme de ce que je possède de plus précieux dans ma vie, avec l’amour que je porte à mon épouse.’ Il conclut en citant le philosophe Spinoza : tout ce qui est précieux est difficile autant que rare. ‘Oui, j’ai de la chance. Mais, à vue humaine, un peu de mérite aussi!’
Rendons grâce à Dieu d’être de ces hommes et de ces femmes qui croient que Jésus de Nazareth est ressuscité d’entre les morts et qu’il est le Christ, le Seigneur et le Fils de Dieu. Nous sommes appelés depuis les tout débuts, comme le soulignait la première lecture, des chrétiens. Nous croyons que notre vie reçoit un sens nouveau de notre foi en lui. Cherchons donc à faire de nos vies un témoignage et surtout pas un contre-témoignage pour que tous nos amis et proches puissent un jour expérimenter la joie de reconnaître le Christ Jésus. Amen.
Fr. André Descôteaux, O.P.
PRIÈRE
Dieu tout-puissant,
nous t’en prions :
alors que nous célébrons le mystère
de la résurrection du Seigneur,
accorde-nous d’accueillir la joie de notre rédemption.
Lui qui vit et règne avec toi,
dans l’unité du Saint-Esprit,
Dieu, pour les siècles des siècles.
∞ Amen.