Homélie, vendredi de la 2ème semaine de Pâques

12 avril 2024

Faire avec un peu

Aujourd’hui, le frère Ghislain Paris, o.p., nous explique la multiplication des pains et l’invitation de Jésus à lui laisser travailler avec le petit peu que nous avons.

Faire-avec-un-peu

Homélie

Quand on donne un banquet – pour une vingtaine de personnes – pour une centaine de personnes, on sait ce qu’il y a faire : d’abord un menu, ensuite une liste des invités, le nombre de convives, un budget ajusté pour le menu et le nombre de personnes, on va charger le prix nécessaire et puis aussi qui va faire le service. Et s’il y a des surplus du repas, des restes on va les distribuer aux invités qui en veulent – ou les partager avec les plus pauvres. Pour que rien ne se perde!

Jésus aussi sait ce qu’il y a à faire, comment s’y prendre pour donner à manger à 5000 hommes. Cette foule le sait parce qu’il a donné un signe : guérir les gens malades, soigner les maladies. Il est assis avec ses disciples sur la montagne. Ils l’accompagnent. Il lève les yeux, pour montrer qu’il voit plus loin, il prend de l’altitude. Il veut donner aux foules une nouvelle sorte de signes, leur faire découvrir une autre dimension de ce qui l’habite, le fait vivre.

Jésus sait donc ce qu’il veut faire, il veut partager sa démarche avec ses disciples, il fait passer un test à Philippe : « Comment s’y prendre pour nourrir tout le monde? ». Ça se pourrait que Jésus nous fasse passer un test dans nos projets de pastorales : « Comment nourrir tant de monde qui cherche? »

Philippe a le réflexe de regarder tout de suite le plan économique, comme nous aussi! Pas assez d’argent, 200 jours de salaire et ce serait juste un peu, pas assez. Nous aussi, « on n’a plus d’argent », on est trop vieux, pas assez de jeunes. Et on pense à gagner la loto, de l’argent ou des vocations en masse.

Jésus invite à regarder à l’intérieur de la foule, dans le groupe qui le suit. Pas ailleurs, pas à l’extérieur. Il y a là un jeune garçon, anonyme, pauvre avec cinq pains d’orge et deux poissons, pas de bonne qualité… « Qu’est-ce que cela pour tout le monde? », déclare André, le frère de Simon Pierre.

Jésus va faire avec ce peu. Il veut faire avec notre peu. Il fait asseoir tout le monde. Il prend toute la réserve du jeune garçon; il lui prend tout et lui perd tout. Jésus rend grâce, retourne à la source de tout : tous les biens, tous les dons, qui nous sommes. Et il distribue. Un don multiplié et partagé par 5,000 convives. Quand on est en lien vivant avec le Père, quand on reçoit de quelqu’un qui donne, qui se donne, le mouvement naturel c’est d’entrer dans cette danse du don. Les gens aussi sont prêts à donner à leur tour. Les disciples ont le rôle de ramasser les morceaux qui restent du don, de recueillir et de rassembler afin de faire communauté., de nourrir autrement que la faim physique, autrement que le rassasiement matériel… afin que rien ne se perd!

Des gens repus, rassasiés ont de la misère à changer de niveau, à bien interpréter les signes. Les gens d’alors n’ont pas réussi, ils voulaient en rester au rôle de pourvoyeur, à un rôle politique du roi, capable de faire prospérer un pays, Ce n’était pas évident encore de croire. Que c’est Lui Jésus le pain de vie. Et Jésus voit bien cette confusion à venir. Il se retire seul, prend du recul; sauront-ils découvrir un jour sa vraie identité? Il va continuer à y travailler.

Savons-nous interpréter les signes qu’il nous donne encore? Nous qui sommes ses disciples. Nous qui voulons contribuer à distribuer ses sagesses. Nous qui allons partager ce pain de vie ce matin? Amen!

Fr. Ghislain Paris, O.P.

PRIÈRE

Seigneur Dieu,
espérance et lumière des cœurs droits,
nous t’en supplions humblement :
accorde-nous de t’offrir une prière digne de toi
et de toujours te glorifier par le service de la louange.
Par Jésus Christ, ton Fils, notre Seigneur,
lui qui vit et règne avec toi
dans l’unité du Saint-Esprit,
Dieu, pour les siècles des siècles.

∞ Amen.