7 avril 2024
Ouvrir nos portes
Aujourd’hui, le frère Henri de Longchamp, O.P., nous explique que, même si nous sommes de ceux qui ont cru sans voir, il est facile de faire comme les disciples de Jésus et de s’enfermer sur nous-même par crainte plutôt que d’être des messagers de l’Amour et de la Miséricorde de Dieu pour un auditoire réticent.
LIVRE DES ACTES DES APÔTRES (4, 32-35)
La multitude de ceux qui étaient devenus croyants avait un seul cœur et une seule âme ; et personne ne disait que ses biens lui appartenaient en propre, mais ils avaient tout en commun. C’est avec une grande puissance que les Apôtres rendaient témoignage de la résurrection du Seigneur Jésus, et une grâce abondante reposait sur eux tous.
Aucun d’entre eux n’était dans l’indigence, car tous ceux qui étaient propriétaires de domaines ou de maisons les vendaient, et ils apportaient le montant de la vente pour le déposer aux pieds des Apôtres ; puis on le distribuait en fonction des besoins de chacun.
PREMIÈRE LETTRE DE SAINT JEAN (5, 1-6)
Bien-aimés, celui qui croit que Jésus est le Christ, celui-là est né de Dieu ; celui qui aime le Père qui a engendré aime aussi le Fils qui est né de lui. Voici comment nous reconnaissons que nous aimons les enfants de Dieu : lorsque nous aimons Dieu et que nous accomplissons ses commandements.
Car tel est l’amour de Dieu : garder ses commandements ; et ses commandements ne sont pas un fardeau, puisque tout être qui est né de Dieu est vainqueur du monde. Or la victoire remportée sur le monde, c’est notre foi. Qui donc est vainqueur du monde ? N’est-ce pas celui qui croit que Jésus est le Fils de Dieu ?
C’est lui, Jésus Christ, qui est venu par l’eau et par le sang : non pas seulement avec l’eau, mais avec l’eau et avec le sang. Et celui qui rend témoignage, c’est l’Esprit, car l’Esprit est la vérité.
ÉVANGILE DE JÉSUS CHRIST SELON SAINT JEAN (20, 19-31)
C’était après la mort de Jésus. Le soir venu, en ce premier jour de la semaine, alors que les portes du lieu où se trouvaient les disciples étaient verrouillées par crainte des Juifs, Jésus vint, et il était là au milieu d’eux. Il leur dit : « La paix soit avec vous ! » Après cette parole, il leur montra ses mains et son côté. Les disciples furent remplis de joie en voyant le Seigneur.
Jésus leur dit de nouveau : « La paix soit avec vous ! De même que le Père m’a envoyé, moi aussi, je vous envoie. » Ayant ainsi parlé, il souffla sur eux et il leur dit : « Recevez l’Esprit Saint. À qui vous remettrez ses péchés, ils seront remis ; à qui vous maintiendrez ses péchés, ils seront maintenus. »
Or, l’un des Douze, Thomas, appelé Didyme (c’est-à-dire Jumeau), n’était pas avec eux quand Jésus était venu. Les autres disciples lui disaient : « Nous avons vu le Seigneur ! » Mais il leur déclara : « Si je ne vois pas dans ses mains la marque des clous, si je ne mets pas mon doigt dans la marque des clous, si je ne mets pas la main dans son côté, non, je ne croirai pas ! »
Huit jours plus tard, les disciples se trouvaient de nouveau dans la maison, et Thomas était avec eux. Jésus vient, alors que les portes étaient verrouillées, et il était là au milieu d’eux. Il dit : « La paix soit avec vous ! » Puis il dit à Thomas : « Avance ton doigt ici, et vois mes mains ; avance ta main, et mets-la dans mon côté : cesse d’être incrédule, sois croyant. » Alors Thomas lui dit : « Mon Seigneur et mon Dieu ! » Jésus lui dit : « Parce que tu m’as vu, tu crois. Heureux ceux qui croient sans avoir vu. »
Il y a encore beaucoup d’autres signes que Jésus a faits en présence des disciples et qui ne sont pas écrits dans ce livre. Mais ceux-là ont été écrits pour que vous croyiez que Jésus est le Christ, le Fils de Dieu, et pour qu’en croyant, vous ayez la vie en son nom.
Homélie
Nous sommes habitués à nous protéger en utilisant des cadenas : nos portes de maison avec un ou des cadenas très résistants ; nos portes de voiture avec des cadenas électroniques ; nos portes avant ou de garage avec des lumières très éclairantes ; nos portes de gym ou de casier d’école et tant d’autres usages.
Le récit de l’Évangile est le cœur de notre foi chrétienne ; je nous invite à le redécouvrir. Le matin de Pâques, Marie de Magdala, Pierre et Jean ont vu un tombeau vide. Jean dit qu’il a vu et cru et que Marie a eu une apparition de Jésus Ressuscité au jardin. Ont-ils réussi à convaincre les autres disciples ? Il semblerait que non. De toute façon, les disciples semblent avoir une autre préoccupation, un souci plus pressant : assurer leur propre sécurité. Ils ont peur de leurs coreligionnaires : si on a tué Jésus, pourquoi ne tuerait-on pas aussi ses disciples ? Alors ils ne quittent plus la maison qu’ils occupent. Et non seulement ils ne la quittent plus, mais ils s’y enferment. Les disciples de Jésus ont verrouillé la porte du lieu où ils se trouvaient par peur des Juifs comme des citoyens le font aujourd’hui dans plusieurs pays en situation de conflit ou de guerre. Actuellement, que feriez-vous comme chrétiens au Nigéria ?
Dans ce lieu où on ne peut les rejoindre, Jésus Ressuscité apparaît une seconde fois à ceux qui avaient été là à sa première apparition et il leur montra ses mains et son côté, ce qui les remplit de joie, car le Ressuscité est le même que le crucifié. Thomas avait été absent peut-être parce qu’il était allé chercher de la nourriture pour le groupe ; Judas était mort et un autre devait s’en occuper. Lorsque ses compagnons lui annoncèrent que le Seigneur est venu, il n’a pas cru. Réaliste, il voulait toucher les plaies. C’est huit jours plus tard que Jésus vint à nouveau. À l’invitation de Jésus de toucher ses plaies, Thomas n’y touche pas. Il avait vu le Ressuscité et il a cru. Il est devenu un croyant.
Thomas le retardataire, ce n’est pas à lui qu’on fera croire ce qu’il n’a pas vu. Ce qu’il a vu, c’est Jésus crucifié et enfermé dans un tombeau. Pour répondre à sa demande, Jésus déverrouille les cœurs de ceux qui étaient tenaillés par la peur et Il invite Thomas à s’approcher et à toucher ses plaies. Mais ce dernier n’en a pas eu de besoin. Il va même plus loin que ses amis, car il a été le premier à reconnaître en Jésus « Mon Seigneur et mon Dieu ». C’est la parole de Jésus qui provoque la profession de foi de l’incrédule. Comme Thomas, personne parmi nous n’a vu le Ressuscité ; nous faisons partie de ceux qui ne recherchent pas de preuves de la résurrection, nous faisons partie de ceux qui n’ont pas vu mais qui ont cru.
Comme Jésus Christ a pu rejoindre les disciples dans leur maison verrouillée, il peut nous rejoindre dans tous nos enfermements. L’apparition de Jésus Ressuscité fait accéder les disciples à la liberté. En disant « La paix soit avec vous ! » à ses disciples, le Fils de Dieu affirme que sa vie, son message, sa mort et sa résurrection sont le signe de la paix et de l’amour réconciliés entre Dieu et nous, entre nous et Dieu.
Le danger est toujours actuel : comment affronter les moqueries d’un monde qui se croit intelligent, d’un monde qui attaque Dieu, l’Église, les chrétiens, les paroisses ? Nous voyons bien qu’il n’est pas facile de vivre sa foi dans le monde d’aujourd’hui, comme au Nigéria. La tentation est grande de se replier dans des ghettos et de rester entre nous. C’est ainsi qu’on essaie de tenir devant l’orage. Nous nous trouvons vite désemparés dans ce monde étranger au message de la foi. Nous pourrions penser que dans cet océan d’indifférence, il n’y a plus rien à faire.
À Pâques et aujourd’hui, le Christ nous rejoint pour nous libérer de cette peur. Par « la Paix soit avec vous », Il ne blâme pas les Apôtres de ce qu’ils ont fait, de leurs mouvements de « sauve-qui-peut ». Son pardon est contenu lorsque Jésus leur fait la grâce de leur apparaître. Cette paix du Christ, le chrétien en est porteur pour ses frères. Nous sommes appelés à devenir des porteurs d’amour. Tout chrétien est sujet de la miséricorde de Dieu, ce que nous nous rappelons en ce dimanche de la Divine Miséricorde. Comme le dit Dieu par le prophète Isaïe : (1 : 18) « Même si vos péchés sont rouges comme l’écarlate, ils deviendront blancs comme neige. » Quelle confiance de Dieu en nous pour partager le pardon et l’eucharistie avec amour à nos frères et sœurs !
Fr. Henri de Longchamp, O.P.
PRIÈRE
Dieu d’éternelle miséricorde,
chaque année, par les célébrations pascales,
tu ranimes la foi du peuple qui t’est consacré :
fais grandir le don de ta grâce,
afin que tous comprennent vraiment quel baptême les a purifiés,
quel Esprit les a fait renaître, et quel sang les a rachetés.
Par Jésus Christ, ton Fils, notre Seigneur,
lui qui vit et règne avec toi
dans l’unité du Saint-Esprit,
Dieu, pour les siècles des siècles.
∞ Amen.