Homélie, jeudi, 3e semaine du Carême

7 mars 2024

Les signes de son Règne

Aujourd’hui, Gustavo Adolfo Garay Ortega nous explique comment Jésus force ses ennemis à faire preuve de logique et comment il ramène l’amour et l’aide de ceux qui sont dans le besoin au centre du message que portent ses actions.
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Commentaire

Le texte de l’évangile d’aujourd’hui nous présente une situation très controversée : Jésus libère une personne muette d’un démon et « lorsque le démon fut sorti, le muet se mit à parler ». C’est tout un événement ! D’un côté, il y a l’étonnement des gens qui, sans nécessairement adhérer complètement au message de Jésus, sont dans l’admiration. De l’autre côté, on trouve des personnes perplexes, certaines avec des questionnements sur l’identité de Jésus.

C’est un scénario plein de tension. Jésus interpelle énormément ; personne n’échappe à l’envie ou au besoin d’interpréter ce qu’il accomplit. En effet, face à l’incertitude, l’être humain cherche une explication qui le rassure. C’est le cas de ceux et celles qui demandent un signe venant du ciel ou qui tirent très rapidement des conclusions sur ce que Jésus vient de réaliser.

Face aux interprétations et aux questionnements, Jésus nous invite à réfléchir un peu plus profondément et à ne pas nous laisser emporter par les impressions de surface. Ceux qui sont contre Jésus affirment très rapidement que le pouvoir de Jésus d’expulser les démons provient de Béelzéboul. Il démontre, cependant, que cette façon de penser se contredit elle-même : c’est impossible, nous fait comprendre Jésus, que le prince des démons se retourne contre un autre démon. Quel sens y a-t-il à effacer le mal par l’origine même qui l’a créé ? Autrement dit, pourquoi Satan se détruirait-il lui-même ?

Ensuite, Jésus explique la vraie raison et l’origine de son pouvoir. Sa force et ses actions proviennent de Dieu : « c’est par le doigt de Dieu que j’expulse les démons, c’est donc que le règne est venu jusqu’à vous » (Lc 11, 20). Sa façon d’agir en faveur des victimes est la preuve que le Règne de Dieu est arrivé en sa personne, afin d’établir une nouvelle société où le mal n’a pas le dernier mot. Jésus profite de cette situation controversée pour parler du Règne de Dieu, le noyau de sa prédication. Le Dieu de Jésus est tout le contraire de ce Béelzéboul et de tout ce qui cause le mal.

Il est venu pour établir ce merveilleux projet de Dieu pour l’humanité : le Règne de Dieu. La société de son temps, tout comme la nôtre, peut nous sembler tellement têtue. Comment arriver à détruire les inégalités causées par l’argent, les différences physiques, les croyances ? L’évangéliste Luc ne nous donne pas la réponse à cette question dans ce passage. Néanmoins, Jésus nous donne de l’espoir, car il nous démontre qu’il est le plus fort de par l’amour de Dieu qu’il apporte, plus fort même que la mort. Il est venu pour rétablir le lien d’amour entre Dieu et la société. Le muet, cet exclu à qui Jésus rend la parole, en est la preuve, car il peut maintenant réintégrer la société.

Jour après jour, beaucoup de signes nous parlent de Dieu, de sa présence auprès de nous. Un grand nombre de personnes en rendent témoignage. Pensons à toutes les occasions où nous avons trouvé une main ou un regard rempli de tendresse, à ces moments où nous étions submergés par la douleur et où soudainement une parole, une présence miséricordieuse nous a soutenus, à ses personnes engagées dans la justice sociale, aux actions en faveur de l’environnement et aux artisans de paix.

Ces temps-ci, particulièrement, avec les horreurs de la guerre en Ukraine, en Palestine et en Israël, au Burkina Faso, en Somalie, au Soudan, au Yémen, au Myanmar, au Niger, en Syrie et dans d’autres pays qui m’échappent, nous sommes témoins de la générosité d’un nombre immense de personnes, croyantes ou pas, qui sont prêtes à accueillir fraternellement des réfugiés, qui ont fait un don humanitaire, qui prient pour les victimes, et même pour les agresseurs. Voilà le temps présent du Règne de Dieu ; le temps où Dieu habite en nous et où Il se fait présent à travers nous ; le temps où le pauvre trouve sa dignité, le malade est consolé, l’exclu est accompagné ; le temps où les petits moments, les petits détails deviennent la chaîne d’une espérance sans limites et sans fin.

Parfois, ce n’est pas évident de rester ouvert aux changements. Plein de questionnements émergent probablement sur nos accomplissements ou sur ce qui nous manque pour réussir au travail ou à l’école. Que faire ? Nous sommes arrivés à la pause scolaire de l’hiver, au milieu du carême justement. Que ce temps soit rempli de moments pour travailler ensemble et prier davantage les uns pour les autres. Évitons d’être dispersés. Restons unis, vivons dans la résilience. C’est là le signe de la force de l’amour de Dieu et que son Règne est venu jusqu’à nous.

Gustavo Adolfo Garay Ortega

 

PRIÈRE

Nous t’en supplions, Seigneur souverain :
à mesure qu’approche le jour où nous fêterons notre salut,
accorde-nous une plus grande générosité
pour nous préparer à célébrer le mystère pascal.
Par Jésus Christ, ton Fils, notre Seigneur,
lui qui vit et règne avec toi
dans l’unité du Saint-Esprit,
Dieu, pour les siècles des siècles.

∞ Amen.