Homélie, dimanche, 3e semaine du Temps ordinaire

ll nous arrive de lire des articles sur de jeunes entrepreneurs d’ici ou d’ailleurs qui utilisent leurs talents et leurs connaissances pour créer de nouvelles compagnies, qui les vendent et qui font fortune. Sur un autre plan tout-à-fait différent, après le Pétro-Can sur Côte-des-Neiges, il y a un témoin de Jéhovah qui se tient là, beau temps mauvais temps. Que ce soit pour faire de l’argent ou pour annoncer Dieu, il y a en a toujours qui se déclarent présents. Ce qui est dit aujourd’hui des pêcheurs d’hommes, c’est pour nous tous que cela est dit, pour toi, pour moi. C’est la Bonne Nouvelle de Dieu pour nous tous et toutes aujourd’hui.

Lorsque Jésus appelle ses premiers compagnons, Il les plonge directement dans une logique et une dynamique de travail : « Venez à ma suite. Je vous ferai devenir pêcheurs d’hommes ». Et pour ces pêcheurs, la réalité de la mer et de ses tempêtes, les aléas de la météo, les jours avec ou sans poissons, les barques ou les filets à entretenir et à réparer, c’est terriblement concret. Ils n’échapperont pas à leur condition, aux efforts quotidiens, ni aux joies et aux malheurs de leur travail. Simon, André, Jacques et Jean, les quatre premiers disciples suivent Jésus de Nazareth parce qu’ils l’ont entendu faire retentir la Bonne Nouvelle de Dieu.

Jésus fait deux constats : « Les temps sont accomplis ». « Le règne de Dieu est tout proche ». Nous ne sommes plus seuls. En Jésus, Dieu s’est approché de sa créature et s’en fait solidaire. Jésus lance aussi deux exhortations : « Se convertir ». « Croire » à cet Évangile, cette Bonne Nouvelle de Dieu pour les hommes d’aujourd’hui. C’est là que réside sans doute le secret de ces appels lancés au bord de la mer de Galilée : en associant Dieu aux hommes et Jésus à ses disciples. Tous ensemble sont unis et partagent la mission universelle du Salut de Dieu pour tous. C’est aujourd’hui le temps de l’homme, et c’est ce qui, sans doute, habite les cœurs de ces quatre pêcheurs devenus « utiles » à Dieu, « utiles » à leurs frères. Ils sauront chaque matin pourquoi ils se lèvent, et chaque soir ce qu’il y a à faire.

Il arrive aussi qu’on nous approche parce qu’on a remarqué un talent spécial chez nous. Dans l’Évangile de Marc, Jean le Baptiste a désigné Jésus et Jésus a désigné des pêcheurs rencontrés le long du bord du lac de Galilée. Jésus se déplace le long du lac, il rencontre des dizaines de pêcheurs et choisit finalement Simon, André, Jacques et Jean. Il les appelle à devenir des pêcheurs d’hommes. Ils n’ont aucune expérience pertinente et aucune formation pour ce travail. Ce sont des travailleurs ordinaires, des hommes de bien. Leur CV serait télégraphique : « J’ai grandi ici ; je pêche. »

Lorsque Jésus a appelé des collaborateurs, que ce soit les disciples, la Samaritaine, Nicodème ou d’autres, il a reconnu leurs compétences et il leur a parlé dans leur propre langue. Pourrais-je réfléchir à la manière dont Jésus me parlerait lorsque j’écoute son invitation à le suivre ? L’histoire des convertis ou des saints en est un bel exemple. Un chrétien, une chrétienne est une personne qui a une relation personnelle avec Jésus. L’invitation faite à Pierre, André, Jacques et Jean est une invitation à une telle relation. « Suivez-moi » : soyez avec moi, apprenez à me connaître, profitez de mon amitié. Mais aussi, partagez ma mission. « Je vous ferai pêcheurs d’hommes » : vous enseignerez et prêcherez, vous soignerez et servirez, comme je le fais. Quelle responsabilité ! Mais aussi, quel privilège !

Revenir à Dieu et croire en cet horizon de tous les possibles, dans cette nouvelle barque qui symbolise l’Église, poussés par ce Vent qui n’est autre que le Souffle de Dieu et parfois par la Brise légère de sa Parole, pour « pêcher » des humains. C’est un immense travail, certes, mais c’est aussi une passionnante aventure. « Et aussitôt, ils le suivirent », dit Marc. C’est la mission des chrétiens de toutes confessions. Prions pour que nous y soyons fidèles, convaincus et convaincants.

Fr. Henri de Longchamp, O.P.

PRIÈRE

Dieu éternel et tout-puissant,
toi qui rassembles ce qui est dispersé
et qui gardes ce que tu as rassemblé,
jette un regard de paix sur le troupeau conduit par Fils :
accorde à ceux qu’un même baptême a consacrés
d’être unis dans la plénitude de la foi
et de demeurer en communion par le lien de la charité.
Par Jésus Christ, ton Fils, notre Seigneur,
lui qui vit et règne avec toi
dans l’unité du Saint-Esprit,
Dieu, pour les siècles des siècles.

∞ Amen.