8 janvier 2024
Baptême dans l'Esprit

PREMIÈRE LETTRE DE SAINT JEAN (5, 1-9)
Bien-aimés, celui qui croit que Jésus est le Christ, celui-là est né de Dieu ; celui qui aime le Père qui a engendré aime aussi le Fils qui est né de lui. Voici comment nous reconnaissons que nous aimons les enfants de Dieu : lorsque nous aimons Dieu et que nous accomplissons ses commandements. Car tel est l’amour de Dieu : garder ses commandements ; et ses commandements ne sont pas un fardeau, puisque tout être qui est né de Dieu est vainqueur du monde.
Or la victoire remportée sur le monde, c’est notre foi. Qui donc est vainqueur du monde ? N’est-ce pas celui qui croit que Jésus est le Fils de Dieu ? C’est lui, Jésus Christ, qui est venu par l’eau et par le sang : non pas seulement avec l’eau, mais avec l’eau et avec le sang. Et celui qui rend témoignage, c’est l’Esprit, car l’Esprit est la vérité. En effet, ils sont trois qui rendent témoignage, l’Esprit, l’eau et le sang, et les trois n’en font qu’un.
Nous acceptons bien le témoignage des hommes ; or, le témoignage de Dieu a plus de valeur, puisque le témoignage de Dieu, c’est celui qu’il rend à son Fils.
ÉVANGILE DE JÉSUS CHRIST SELON SAINT MARC (1, 7-11)
En ce temps-là, Jean le Baptiste proclamait : « Voici venir derrière moi celui qui est plus fort que moi ; je ne suis pas digne de m’abaisser pour défaire la courroie de ses sandales. Moi, je vous ai baptisés avec de l’eau ; lui vous baptisera dans l’Esprit Saint. »
En ces jours-là, Jésus vint de Nazareth, ville de Galilée, et il fut baptisé par Jean dans le Jourdain. Et aussitôt, en remontant de l’eau, il vit les cieux se déchirer et l’Esprit descendre sur lui comme une colombe. Il y eut une voix venant des cieux : « Tu es mon Fils bien-aimé ; en toi, je trouve ma joie. »
Homélie
L’évangéliste Marc nous surprend aujourd’hui, comme il a surpris sans doute toutes les personnes qui ont lu son évangile : il passe sous silence non seulement la naissance de Jésus mais la vie que ce dernier a menée avant de commencer sa mission. C’est une trentaine d’années qui sont ainsi escamotées du parcours de Jésus. Aux yeux de l’évangéliste, l’essentiel à retenir pour les croyants, c’était l’entrée en mission de Jésus, c’était l’événement où il fut pleinement reconnu pour ce qu’il était vraiment. Cet événement marquant, c’est son baptême où Dieu a dévoilé l’identité mystérieuse de son fils Jésus. Ne lit-on pas dans le récit : ‘ Il y eut une voix venant des cieux : « Tu es mon Fils bien-aimé; en toi, je trouve ma joie »’. Immédiatement après cette reconnaissance divine, Jésus va vivre sa mise à l’épreuve dans le désert pour ensuite venir choisir ses premiers disciples. La mission de Jésus est alors clairement amorcée, la Bonne Nouvelle peut être annoncée.
Les apôtres reprendront le rituel du baptême. Mais ils le feront à la lumière de leur rencontre avec le Christ ressuscité, le matin de Pâques. Ils ne feront pas que répéter le baptême de conversion de Jean le Baptiste. C’est l’intervention de l’Esprit Saint qu’ils proclameront dans le baptême célébré au nom du Père, du Fils et de l’Esprit. Saint Paul, par exemple, insistera énormément sur l’originalité du baptême célébré dans la foi au Christ. Lui et les autres apôtres évangéliseront avec la conviction fondamentale que le baptême unit au Christ mort et ressuscité et donne l’Esprit Saint. C’est dire que les croyants et croyantes qui se font baptiser participent déjà réellement à la vie céleste du Christ ressuscité même si cette vie demeure « cachée avec le Christ en Dieu ». (Col. 3,3)
Une telle vision des effets du baptême dépasse l’entendement. On n’est plus ici dans l’ordre de ce qui est observable directement ou de ce qui est mesurable. Seule la foi au Dieu de Jésus-Christ permet d’accueillir cette vision mystique de l’entrée dans la communion avec Dieu. Quelle affirmation énorme en effet : le baptême, en instaurant une communion de vie avec le Christ, rend toute personne baptisée capable de chercher à imiter Dieu lui-même, à le suivre dans la voie de l’amour et à partager son intimité pour la vie éternelle. Et cela, parce que cette personne est habitée par l’Esprit Saint. Nous pouvons alors parler d’une nouvelle naissance qui, elle, mène à une pleine communion avec Dieu.
Ce que la célébration d’aujourd’hui veut rappeler, c’est que le baptême dans l’Esprit nous rend capables, petit à petit, de penser comme Jésus, de servir comme lui, de prier comme lui. Bref, parce que baignés dans l’Esprit de Jésus, il est possible, diront les premiers catéchètes, de renaître humainement et spirituellement.
Ce matin, nous sommes donc invités à accueillir cette révélation de la force transformatrice que contient mystérieusement le baptême célébré dans la foi au Christ Jésus. Sachons en rendre grâce!
Fr. Jean-Louis Larochelle, O.P.
PRIÈRE
Dieu éternel et tout-puissant,
quand le Christ fut baptisé dans le Jourdain,
et que l’Esprit Saint descendit sur lui,
tu l’as manifesté solennellement comme ton Fils bien-aimé ;
accorde à tes enfants d’adoption,
qui ont reçu la nouvelle naissance de l’eau et de l’Esprit,
d’être toujours fidèles à ce qui te plaît.
Par Jésus Christ, ton Fils, notre Seigneur,
lui qui vit et règne avec toi dans l’unité du Saint-Esprit,
Dieu, pour les siècles des siècles.
∞ Amen.