Homélie, mardi, 2e semaine de l’Avent

12 décembre 2023

Notre-Dame de Guadalupe

Aujourd’hui, alors que la première lecture du jour nous parle du désir humain d’obtenir des signes de Dieu, le frère Jean-Louis Larochelle, O.P., raconte l’histoire des apparitions à saint Juan Diego par la Vierge Marie de Guadalupe, signes de Dieu pour les Amériques.
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Homélie

Dans leurs démarches de foi, que de chrétiens et chrétiennes prient pour obtenir un signe du Seigneur. Ils le font quand ils ne savent pas quelle décision prendre face à un choix difficile. Ils le font parce qu’ils craignent de ne pas être fidèles au Christ quand ils se fient à leurs seules ressources. Pour trouver la lumière, ils comptent alors sur un signe ou des signes venant de Dieu. Une telle attente de signes divins est très ancienne. Le prophète Isaïe, au VIIIe siècle avant Jésus-Christ, rapporte le refus du roi Acaz de demander un signe de soutien au Seigneur alors qu’il est menacé militairement par deux rois de royaumes voisins. Or, malgré son refus de mettre Dieu à l’épreuve, le prophète lui annonce qu’il recevra un signe lui permettant d’avoir foi en l’avenir de son peuple. Il lui dit : « Le Seigneur lui-même vous donnera un signe : Voici que la jeune fille est enceinte, elle enfantera un fils, (…), car Dieu est avec nous ».

Le message du prophète était clair : Dieu sait prendre l’initiative de donner des signes qui annoncent son soutien et sa protection. Nous savons d’ailleurs que, dans l’histoire du peuple juif comme dans celle du christianisme, il y a eu des signes importants, par exemple des figures de prophètes ou de saints et de saintes qui ont marqué leurs époques. Il y a eu des événements qui ont été interprétés comme des signes venant de Dieu, par exemple les interventions politiques de Constantin, au IVe siècle, en faveur du christianisme.

Aujourd’hui, alors même que nous faisons mémoire de l’apparition de la bienheureuse Vierge Marie de Guadalupe en 1531, à Tepeyac, près de Mexico, nous pouvons très bien penser que Dieu a, à cette occasion, offert un signe bouleversant non seulement à la jeune Église catholique en terre mexicaine mais aussi aux populations autochtones qui n’avaient pas encore rencontré le Christ. Entre le 9 décembre et le 12 décembre 1531, la Vierge Marie apparaît à trois reprises à Juan Diego (maintenant reconnu comme saint). Elle envoie ce dernier en mission auprès de l’évêque de Mexico, Mgr Zumarraga, pour qu’il lui demande de bâtir une église à l’endroit même où a eu lieu l’apparition. L’évêque n’a pas cru Juan Diego lors de sa première visite. Il a exigé de recevoir un signe convaincant. Pour répondre à cette demande, la Vierge Marie a invité Juan Diego à aller cueillir des roses, en plein hiver, sur la montagne, et à les apporter à l’évêque. Or, quand Juan Diego a ouvert son manteau pour offrir les roses à l’évêque, ce dernier a eu la surprise de voir, sur le vêtement du messager, une image lumineuse de la Vierge Marie. Il en a été bouleversé. Et pas seulement lui, car cette image imprimée sur le vêtement de Juan Diego n’a pas cessé depuis d’être un mystère. Les scientifiques qui ont fait l’analyse de cette pièce au cours des dernières décennies ne sont pas parvenus à expliquer l’origine des couleurs et pas davantage sa résistance au temps.

Cet événement a eu des suites. L’évêque Zumarraga a fait construire, en 1533, l’église demandée par la Vierge. Mais au signe apporté par Juan Diego, s’en est ajouté un autre encore plus impressionnant : c’est celui de la conversion, entre 1532 et 1537, de huit (8) millions d’autochtones de l’Amérique centrale. Notons que la ferveur religieuse est toujours là. Le Sanctuaire de Notre-Dame de Guadalupe accueille, depuis des années, entre 10 et 20 millions de pèlerins annuellement. Ces faits, comme le remarquent beaucoup d’observateurs, renvoient à des interventions qui dépassent les capacités humaines. Elles sont de Dieu et de la Vierge Marie. Pour la plupart des croyants et croyantes, les apparitions de la Vierge de Guadalupe et ses suites constituent des signes de Dieu. Ils sont là pour nous rappeler sa présence au cœur de notre histoire. Ils sont là aussi pour nous inviter à mettre notre confiance en lui, en particulier lorsque notre espérance est secouée par la malice humaine. Que Dieu nous rende donc capables de lire les signes qu’il nous donne pour nous guider jusqu’à son Royaume !

Fr. Jean-Louis Larochelle, O.P.

 

PRIÈRE

Dieu, Père des miséricordes,
tu as placé ton peuple sous le patronage particulier
de la Mère très sainte de ton Fils :
accorde à tous ceux qui invoquent Notre-Dame de Guadalupe
de travailler avec une foi plus vive
au développement des peuples,
en prenant les chemins de la justice et de la paix.
Par Jésus Christ, ton Fils, notre Seigneur,
qui vit et règne avec toi
dans l’unité du Saint-Esprit,
Dieu, pour les siècles des siècles.

∞ Amen.