Homélie, mercredi, 1ère semaine de l’Avent

6 décembre 2023

J'ai pitié de cette foule

Aujourd’hui, dans son homélie, le frère Gustave Nsengiyumva, O.P., met de l’avant la compassion de Jésus envers ceux qui cherchent Dieu et le fait qu’il a besoin de ces disciples pour nourrir les foules.
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Homélie

« Je suis saisi de compassion pour cette foule, car depuis trois jours déjà ils restent auprès de moi, et n’ont rien à manger. » ‘‘J’ai pitié de cette foule’’, nous dit Jésus. Devant les foules, le Fils de Dieu n’est donc ni indifférent, ni apathique, ni ‘‘tanné’’ de leurs problèmes; il est plein de compassion. Les yeux d’amour de Jésus voient très clairement au-delà des besoins des malades, il voit un autre besoin encore plus grand que leurs maladies physiques.

En effet, dans la foule qui est venue l’écouter, il y a une faim de la parole et de la présence de Dieu. C’est surtout cette faim dont Jésus a pitié. Ce que Jésus fera maintenant sera un signe de ce qu’il veut faire pour satisfaire cette faim. Remarquons que Jésus a commencé par s’assoir pour enseigner, et qu’il était assis sur une montagne. Comment ne pas y voir une allusion au fait qu’il est le nouveau Moïse qui apporte la Parole de Dieu, qui est la Parole de Dieu pour reprendre l’évangile de Jean.

Jésus commence alors par affronter la ‘‘faim matérielle’’ en fournissant une nourriture qui ne s’épuise pas. Encore une fois, nous voilà renvoyés à Moïse dans le désert qui avait obtenu la manne, une nourriture venue du ciel, pour le peuple qui souffrait de la faim. Jésus est celui qui va apporter la vraie nourriture venue du ciel dont les sept pains et les poissons ne sont qu’une image. Ce sera une nourriture abondante comme l’indiquent les sept corbeilles de restes.

On le voit, la compassion de Jésus revient fréquemment dans les évangiles. Il est souvent remué jusqu’aux entrailles devant la misère humaine. Ce cœur humain, compatissant, empathique de Jésus, il veut le communiquer à ses disciples. C’est ainsi qu’il les met à contribution encore aujourd’hui pour qu’ils apprennent que le vrai miracle, c’est peut-être autant la multiplication des pains que le fait de partager le pain. En tout cas, des exégètes sérieux se sont aventurés dans cette thèse qui n’est pas dénuée d’intérêt.

Pour terminer, comment ne pas lire dans ce récit de la multiplication des pains, une image de l’Eucharistie où nous aussi nous rompons le Pain! Car le geste de Jésus en quatre étapes nous est familier, et l’on ne peut s’y méprendre. Jésus prend le pain, il rend grâce, il rompt le pain, il le donne aux disciples. C’est un geste liturgique qui sera repris à la dernière Cène pour l’institution de l’Eucharistie. Même le mot Eucharistie est employé ici et signifie rendre grâce. Ce qui est encore plus intéressant ici, c’est qu’à la dernière Cène, c’est Jésus qui distribue le pain, alors qu’ici, Jésus fait faire la distribution par les disciples, chose qu’il continue à faire dans l’Église.

Oui, cela peut parfois nous paraître paradoxal, mais Jésus a besoin de nous : pour preuve, ces sept pains et ces quelques petits poissons dont il se servira pour nourrir une grande foule. Prions pour obtenir la grâce de méditer souvent à quel point Jésus s’appuie sur nous, et la valeur que possède à Ses yeux tout ce que nous faisons, pour aussi peu que ce soit. Alors, nous lui montrerons chaque fois mieux notre plus entière reconnaissance en collaborant à son œuvre de compassion et de miséricorde en faveur des affamés de sa Parole et de Son Pain de vie.

Fr. Gustave Nsengiyumva, O.P.

 

PRIÈRE

Prépare nos cœurs, Seigneur notre Dieu,
par ta puissance divine,
pour qu’à la venue du Christ, ton Fils,
nous soyons trouvés dignes de prendre part
au banquet de la vie éternelle
et de recevoir, de sa main, la nourriture du ciel.
Lui qui vit et règne avec toi dans l’unité du Saint-Esprit,
Dieu, pour les siècles des siècles.

∞ Amen.