Homélie, vendredi, 33ème semaine du Temps Ordinaire

24 novembre 2023

Au cœur des vies

Aujourd’hui, le frère Yvon Pomerleau, O.P., nous explique l’importance centrale du Temple de Jérusalem pour les juifs ainsi que pour Jésus lui-même qui ira jusqu’à s’identifier au Temple.
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Homélie

Pour le peuple juif, la ville de Jérusalem et son temple occupent une place prépondérante. Les deux réalités sont d’ailleurs inséparables. Le temple est le centre d’attraction de la ville. C’est là que se déroulent les grands gestes religieux qui structurent la foi juive. Le temple est le lieu par excellence du séjour divin. C’est la maison de Dieu. Dieu y fait demeurer son nom ou sa gloire. C’est le lieu de la rencontre entre la divinité et ses fidèles. Dans le livre du Deutéronome (12 : 5), il est écrit que « c’est seulement au lieu choisi par Yahvé votre Dieu (…) pour y placer son nom et l’y faire habiter, que vous viendrez le chercher ». C’est aussi le lieu privilégié de la célébration liturgique par la prière et les sacrifices. Les nombreuses mentions du temple dans les psaumes témoignent de ce rôle joué par le temple. « En Juda Dieu est connu, en Israël grand est son nom, sa tente s’est fixée en Salem et sa demeure en Sion » (Ps.76 : 3). « Rassasions-nous des biens de ta maison, des choses saintes de ton Temple (Ps.65 : 3). « Heureux les habitants de ta maison, ils te louent sans cesse (Ps. 84 : 5). Aujourd’hui encore, chaque jour des Juifs par centaines se retrouvent au pied d’un mur de l’ancien temple, le Mur dit des Lamentations, pour y prier.

Jésus a été depuis son enfance et tout au long de sa vie un Juif pratiquant. Vous connaissez tous cet épisode de la fugue de Jésus raconté par Luc au début de son évangile. L’évangéliste mentionne d’abord que « ses parents se rendaient chaque année à Jérusalem pour la fête de la Pâque. Et lorsqu’il eût douze ans, ils y montèrent comme c’était la coutume pour la fête ». Après avoir perdu l’enfant pendant quelques jours, ils le trouvent dans le temple au milieu des docteurs. À la question de ses parents qui l’interrogent sur le pourquoi d’un tel comportement, il répondra : « Ne saviez-vous pas que je dois être dans la maison de mon Père? ». Le même évangéliste Luc nous dit dans un verset de l’évangile d’aujourd’hui qu’« il était journellement à enseigner dans le Temple ». Jésus ne se contentera pas de se définir comme un pèlerin du Temple. Dans son enseignement, il s’identifiera lui-même au Temple quand il dira « Détruisez ce temple et en trois jours je le rebâtirai » (Jean 2 : 19). En Matthieu 21 : 42, en se référant à un passage des Psaumes, il se présentera comme la pierre angulaire de la construction.

Pour nous chrétiens, le temple de Jérusalem est remplacé par l’Église du Christ qui est à la fois temple matériel et divin. Nos églises de pierre sont appelées tout comme le temple de Jérusalem à être un lieu de rassemblement communautaire pour la profession de foi dans la liturgie eucharistique. Elles sont un lieu de rencontre avec Dieu qui se rend présent par la parole et le pain partagés. Une autre tradition relie nos églises au temple de Jérusalem : elles doivent être un lieu d’asile et de protection. Dans ses lettres aux Corinthiens, saint Paul identifiera la communauté ecclésiale au Temple. Il affirmera que « c’est nous qui sommes le temple du Dieu vivant ».

Puissions-nous faire nôtre cette parole du psaume que nous avions comme antienne d’ouverture : « Un jour passé dans ta maison en vaut pour moi plus que mille » (Ps. 83 : 11) !

Fr. Yvon Pomerleau, O.P.

 

PRIÈRE

Seigneur Dieu, source et origine de toute paternité,
tu as donné aux saints martyrs André et ses compagnons
la grâce d’être fidèles à la croix de ton Fils
jusqu’à l’effusion de leur sang ;
accorde-nous, par leur intercession,
de propager ton amour parmi nos frères,
afin de pouvoir être appelés enfants de Dieu et de l’être vraiment.
Par Jésus Christ, ton Fils, notre Seigneur,
qui vit et règne avec toi dans l’unité du Saint-Esprit,
Dieu, pour les siècles des siècles.

∞ Amen.