18 novembre 2023
Premiers pas dans la foi
LIVRE DES ACTES DES APÔTRES (28, 11-16.30-31)
Après une escale de trois mois à Malte, avec Paul, nous avons repris la mer à bord d’un navire d’Alexandrie, portant comme emblème les Dioscures, et qui avait passé l’hiver dans l’île. Nous avons abordé à Syracuse et nous y sommes restés trois jours. Après avoir levé l’ancre, nous avons atteint Reggio. Le lendemain, est survenu un vent du sud, et en deux jours nous sommes arrivés à Pouzzoles. Nous y avons trouvé des frères qui nous ont invités à passer sept jours chez eux.
Voici comment nous sommes arrivés à Rome. De la ville, les frères, qui avaient entendu parler de nous, sont venus à notre rencontre jusqu’au lieu-dit Forum-d’Appius et à celui des Trois-Tavernes. En les voyant, Paul a rendu grâce à Dieu et repris courage. À notre arrivée à Rome, il a reçu l’autorisation d’habiter en ville avec le soldat qui le gardait.
Paul demeura deux années entières dans le logement qu’il avait loué ; il accueillait tous ceux qui venaient chez lui ; il annonçait le règne de Dieu et il enseignait ce qui concerne le Seigneur Jésus Christ avec une entière assurance et sans obstacle.
ÉVANGILE DE JÉSUS CHRIST SELON SAINT MATTHIEU (14, 22-33)
Aussitôt après avoir nourri la foule dans le désert, Jésus obligea les disciples à monter dans la barque et à le précéder sur l’autre rive, pendant qu’il renverrait les foules. Quand il les eut renvoyées, il gravit la montagne, à l’écart, pour prier. Le soir venu, il était là, seul. La barque était déjà à une bonne distance de la terre, elle était battue par les vagues, car le vent était contraire.
Vers la fin de la nuit, Jésus vint vers eux en marchant sur la mer. En le voyant marcher sur la mer, les disciples furent bouleversés. Ils dirent : « C’est un fantôme. » Pris de peur, ils se mirent à crier. Mais aussitôt Jésus leur parla : « Confiance ! c’est moi ; n’ayez plus peur ! »
Pierre prit alors la parole : « Seigneur, si c’est bien toi, ordonne-moi de venir vers toi sur les eaux. » Jésus lui dit : « Viens ! » Pierre descendit de la barque et marcha sur les eaux pour aller vers Jésus. Mais, voyant la force du vent, il eut peur et, comme il commençait à enfoncer, il cria : « Seigneur, sauve-moi ! » Aussitôt, Jésus étendit la main, le saisit et lui dit : « Homme de peu de foi, pourquoi as-tu douté ? »
Et quand ils furent montés dans la barque, le vent tomba. Alors ceux qui étaient dans la barque se prosternèrent devant lui, et ils lui dirent : « Vraiment, tu es le Fils de Dieu ! »
Homélie
Aucun d’entre nous ne se souvient aujourd’hui de ce qui a dû être l’une des plus grandes réussites de sa vie : nos premiers pas. Depuis, la plupart d’entre vous avez revécu la même expérience avec vos propres enfants. Les yeux d’une mère maintiennent en l’air son enfant qui tente de faire ses premiers pas chancelants. Ses bras tendus l’encouragent, prêts à le rattraper lorsqu’il tombera. Et c’est ce qui arrive.
Mais le monde de ce bébé ne sera plus jamais le même. Son premier idéal est né. Il ne se contentera plus jamais de tâtonner à quatre pattes dans ce monde sûr de pieds de table. Il a gravi la montagne et il a vu la terre promise. Un monde vertical aux horizons illimités.
Je me souviens d’un événement similaire, mais moins important, le jour où j’ai appris à nager sur le dos. En tenant mon corps raide avec les bras tendus et en prenant une profonde respiration, je me suis allongé sur l’eau. Mon père me tenait avec sa main forte sous mon dos. Lentement, il l’a retirée. Je me suis enfoncé un instant dans l’eau, puis j’ai refait surface et je suis resté à flot. J’avais maîtrisé ma peur. Ce fut un moment inoubliable. Depuis, lorsque je nage sur le dos, je ne sais pas toujours avec certitude où je vais, mais mon regard est fermement fixé sur le ciel.
Les pas hésitants de saint Pierre sur l’eau imitent si bien la première tentative d’un bébé pour marcher debout. De tous les apôtres, l’impulsivité de Pierre est semblable à celle d’un enfant, si ce n’est qu’elle est parfois infantile. Voyant Jésus marcher sur l’eau, il s’écrie, comme le font les enfants : « Laisse-moi essayer moi aussi ». Jésus lui dit : « Viens », comme le feraient des parents indulgents.
Un pied en avant, il teste l’eau, solide comme le sol. Les yeux fixés sur Jésus, il commence à marcher en apesanteur. Jusqu’à ce qu’il réalise l’énormité de son acte de courage. En regardant vers le bas, il voit les eaux balayées par le vent tourbillonner autour de ses pieds et il commence à s’enfoncer. Jésus lui tend aussitôt la main et le retient. « Homme de peu de foi, dit-il, pourquoi as-tu douté ? »
Premiers pas, première chute. Mais il n’y a plus de retour en arrière possible. Il avait fait ses premiers pas dans le monde de la foi où tout était possible. Nous aussi, nous sommes appelés à ce monde de la foi. L’Évangile nous dit : « Soyez parfaits comme votre Père céleste est parfait ». Les exigences qu’il pose semblent impossibles, ses idéaux inatteignables. Pris dans notre vie quotidienne, nous sommes invités à regarder vers des choses plus élevées.
Comme l’enfant à quatre pattes sur le sol de la cuisine, nous sommes encouragés à nous lever et à essayer de marcher. « Viens », nous appelle Jésus comme Pierre dans la barque. Et lorsque nous commençons à couler, il nous tend la main et nous retient, « Hommes de peu de foi, pourquoi avez-vous douté ? »
Permettez-moi de terminer par le moment où j’ai découvert avec mon cœur ce qu’est réellement la foi. Dans la cuisine familiale, le papa a assis son fils de deux ans sur le comptoir ; il me regarde et me fait un clin d’œil. En ouvrant les bras, il dit : « Mathieu, viens ». Le petit enfant savait que son père qui l’aime ne le laisserait jamais tomber et il s’est jeté immédiatement dans les bras de son père. L’amour et la foi combinés nous donnent des ailes.
Frères et sœurs, n’oublions jamais que Celui qui nous appelle à aller à Lui, à sauter dans ses bras, c’est notre Père du ciel qui aime chacun de ses enfants. Le Père de Jésus et Notre Père a foi en chacun de nous, même si les adultes que nous sommes avons le sentiment que nous ne valons pas son amour et sa foi en nous. Et ceci est la Bonne Nouvelle de Notre Seigneur Jésus Christ. Allons !
Fr. Henri de Longchamp, O.P.
PRIÈRE
Garde ton Église, Seigneur,
sous la protection des Apôtres Pierre et Paul ;
puisqu’elle reçut par eux la première annonce de l’Évangile,
qu’elle en reçoive, jusqu’à la fin des temps,
la grâce dont elle a besoin pour grandir.
Par Jésus Christ, ton Fils, notre Seigneur,
qui vit et règne avec toi .
dans l’unité du Saint-Esprit,
Dieu, pour les siècles des siècles.
∞ Amen.