Homélie, samedi, 32ème semaine du Temps Ordinaire

18 novembre 2023

Premiers pas dans la foi

Aujourd’hui, le frère Henri de Longchamp, O.P., nous explique le changement de paradigme qui s’opère dans la foi de Pierre lorsqu’il marche sur l’eau en comparant cet événement aux premiers pas d’un petit enfant.
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Homélie

Aucun d’entre nous ne se souvient aujourd’hui de ce qui a dû être l’une des plus grandes réussites de sa vie : nos premiers pas. Depuis, la plupart d’entre vous avez revécu la même expérience avec vos propres enfants. Les yeux d’une mère maintiennent en l’air son enfant qui tente de faire ses premiers pas chancelants. Ses bras tendus l’encouragent, prêts à le rattraper lorsqu’il tombera. Et c’est ce qui arrive.

Mais le monde de ce bébé ne sera plus jamais le même. Son premier idéal est né. Il ne se contentera plus jamais de tâtonner à quatre pattes dans ce monde sûr de pieds de table. Il a gravi la montagne et il a vu la terre promise. Un monde vertical aux horizons illimités.

Je me souviens d’un événement similaire, mais moins important, le jour où j’ai appris à nager sur le dos. En tenant mon corps raide avec les bras tendus et en prenant une profonde respiration, je me suis allongé sur l’eau. Mon père me tenait avec sa main forte sous mon dos. Lentement, il l’a retirée. Je me suis enfoncé un instant dans l’eau, puis j’ai refait surface et je suis resté à flot. J’avais maîtrisé ma peur. Ce fut un moment inoubliable. Depuis, lorsque je nage sur le dos, je ne sais pas toujours avec certitude où je vais, mais mon regard est fermement fixé sur le ciel.

Les pas hésitants de saint Pierre sur l’eau imitent si bien la première tentative d’un bébé pour marcher debout. De tous les apôtres, l’impulsivité de Pierre est semblable à celle d’un enfant, si ce n’est qu’elle est parfois infantile. Voyant Jésus marcher sur l’eau, il s’écrie, comme le font les enfants : « Laisse-moi essayer moi aussi ». Jésus lui dit : « Viens », comme le feraient des parents indulgents.

Un pied en avant, il teste l’eau, solide comme le sol. Les yeux fixés sur Jésus, il commence à marcher en apesanteur. Jusqu’à ce qu’il réalise l’énormité de son acte de courage. En regardant vers le bas, il voit les eaux balayées par le vent tourbillonner autour de ses pieds et il commence à s’enfoncer. Jésus lui tend aussitôt la main et le retient. « Homme de peu de foi, dit-il, pourquoi as-tu douté ? »

Premiers pas, première chute. Mais il n’y a plus de retour en arrière possible. Il avait fait ses premiers pas dans le monde de la foi où tout était possible. Nous aussi, nous sommes appelés à ce monde de la foi. L’Évangile nous dit : « Soyez parfaits comme votre Père céleste est parfait ». Les exigences qu’il pose semblent impossibles, ses idéaux inatteignables. Pris dans notre vie quotidienne, nous sommes invités à regarder vers des choses plus élevées. 

Comme l’enfant à quatre pattes sur le sol de la cuisine, nous sommes encouragés à nous lever et à essayer de marcher. « Viens », nous appelle Jésus comme Pierre dans la barque. Et lorsque nous commençons à couler, il nous tend la main et nous retient, « Hommes de peu de foi, pourquoi avez-vous douté ? »

Permettez-moi de terminer par le moment où j’ai découvert avec mon cœur ce qu’est réellement la foi. Dans la cuisine familiale, le papa a assis son fils de deux ans sur le comptoir ; il me regarde et me fait un clin d’œil. En ouvrant les bras, il dit : « Mathieu, viens ». Le petit enfant savait que son père qui l’aime ne le laisserait jamais tomber et il s’est jeté immédiatement dans les bras de son père. L’amour et la foi combinés nous donnent des ailes.

Frères et sœurs, n’oublions jamais que Celui qui nous appelle à aller à Lui, à sauter dans ses bras, c’est notre Père du ciel qui aime chacun de ses enfants. Le Père de Jésus et Notre Père a foi en chacun de nous, même si les adultes que nous sommes avons le sentiment que nous ne valons pas son amour et sa foi en nous. Et ceci est la Bonne Nouvelle de Notre Seigneur Jésus Christ. Allons !

Fr. Henri de Longchamp, O.P.

 

PRIÈRE

Garde ton Église, Seigneur,
sous la protection des Apôtres Pierre et Paul ;
puisqu’elle reçut par eux la première annonce de l’Évangile,
qu’elle en reçoive, jusqu’à la fin des temps,
la grâce dont elle a besoin pour grandir.
Par Jésus Christ, ton Fils, notre Seigneur,
qui vit et règne avec toi .
dans l’unité du Saint-Esprit,
Dieu, pour les siècles des siècles.

∞ Amen.