Homélie, mardi, 22ème semaine du Temps Ordinaire

5 septembre 2023

Libération et espérance

En cette journée internationale de la charité, le frère André Descôteaux, O.P., adoucit le discours apocalyptique de Paul en nous rappelant que la Fin des Temps ne sera que la manifestation totale de ce qui est déjà arrivé : la victoire de l’amour sur les forces du mal.
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Homélie

Le début de la première lecture peut susciter de la frayeur. À un moment complètement inattendu, « la catastrophe s’abattra ». Personne n’y échappera. Saint Paul reprend le langage apocalyptique de la fin des temps. Cependant, comme tout bon prédicateur d’autrefois, après avoir saisi ses auditeurs par la peur, saint Paul conclut par des paroles pleines d’espérance. Non seulement nous sommes des « fils et des filles de la lumière », mais Dieu « ne nous a pas destinés à subir la colère, mais à entrer dans la possession du salut par notre Seigneur Jésus Christ ». Ainsi nous invite-t-il à nous réconforter les uns les autres. Je répète : « Dieu ne nous a pas destinés à subir la colère, mais à entrer dans la possession du salut par notre Seigneur Jésus Christ ». Nous sommes appelés au salut! Le Christ est venu pour sauver l’ensemble de l’humanité.

Nous voyons dans l’Évangile une illustration de ce salut apporté par le Christ Jésus. Jésus est confronté à un esprit impur qui possède un homme. Ce dernier sait exactement qui est Jésus. Il sait ce qui l’attend d’où sa question : « Es-tu venu pour nous perdre? »

Il a exactement compris. Le Christ n’est pas venu pour nous châtier, mais pour détruire en nous toutes les forces du mal qui nous oppriment et qui nous empêchent de nous réaliser. Il nous rend libres, lui, qui a autorité sur tous les esprits impurs.

Dans saint Jean, Jésus dit « je suis venu pour que les hommes aient la vie et la vie en plénitude », mais cette vie pour être réelle, pour être bien vivante en nous, si je puis dire, doit vaincre des obstacles, dont le mal, le péché et la mort.

Un jour, le Seigneur a vaincu tous ces obstacles par un acte qui semblait être un acte d’impuissance, un acte où il semblait être à la merci de toutes les forces du mal, mais c’était pour mieux les vaincre. Selon une très ancienne interprétation de la mort du Christ, le démon aurait été dupé par Jésus. Le prenant pour un être humain comme tous les autres, il voulut l’enchaîner dans le monde des ténèbres, mais mal lui en prit. C’est lui, au contraire, qui a été enchaîné par la puissance et la divinité du Christ Jésus. Saint Augustin va jusqu’à affirmer qu’en s’en prenant à Jésus, le démon est semblable à un rat qui s’est laissé prendre par une souricière dans laquelle la chair du Christ a servi d’appât. D’autres pères de l’Église comparent le piège rédempteur à un hameçon auquel se laisse prendre le poisson.

Même si nous ne parlons plus ainsi de la mort du Christ, un point est clair : Satan est vaincu. L’être humain est libre. C’est la toute-puissance de l’amour qui s’est manifestée dans l’impuissance absolue. C’est l’amour qui est devenu le fossoyeur de la force et de la puissance. C’est l’amour qui a pris au piège toutes les forces du mal de sorte que nous pouvons tous et toutes devenir des fils et filles de la lumière. « Il est mort pour nous afin de nous faire vivre avec lui ».

Dans les deux versets de la lettre de Paul que la liturgie n’a pas retenus, Paul demandait aux Thessaloniciens de se revêtir de la cuirasse de la foi et de l’amour ainsi que du casque de l’espérance du salut.

En cette journée universelle de la charité, comme sainte Teresa de Calcutta, à la suite du Seigneur Jésus, revêtons-nous de la cuirasse de l’amour. Sainte Teresa, même si elle disposait de peu de moyens, a montré d’une manière éclatante la force de vie de la charité et de la compassion.

Nous ne sommes pas le Christ, évidemment, avec ses pouvoirs et son autorité sur les forces du mal, mais comme lui nous pouvons par notre présence aux autres, par notre amour, soulager et au moins partager l’espérance et la lumière qui nous habitent.

Que notre participation à cette eucharistie où le Seigneur qui a aimé les siens jusqu’au bout en se livrant à la mort pour que nous vivions de sa vie, nous nourrisse et nous abreuve de son amour et de sa charité pour tout être humain. Amen.

Fr. André Descôteaux, O.P.

 

PRIÈRE

Fais-nous vivre à tout moment, Seigneur,
dans l’amour et le respect de ton saint nom,
toi qui ne cesses jamais de guider ceux que
tu enracines solidement dans ta charité.
Par Jésus Christ, ton Fils, notre Seigneur,
qui vit et règne avec toi
dans l’unité du Saint-Esprit,
Dieu, pour les siècles des siècles.

∞ Amen.