Homélie, lundi, 4ème semaine du Temps Pascal

Dans la vie de l’Église, il y a des circonstances qui amènent spontanément les chrétiens et chrétiennes à implorer l’Esprit Saint. Il s’agit le plus souvent de situations à risque dans lesquelles il importe de prendre des décisions éclairées. C’est ainsi que nous voyons des assemblées épiscopales, des chapitres de communautés religieuses, des comités diocésains commencer par célébrer une Messe de l’Esprit Saint avant de s’engager dans l’élaboration de décisions qui détermineront les orientations à privilégier dans leurs missions respectives. À noter ici que les personnes impliquées dans l’analyse des informations colligées ont habituellement conscience des dangers qui peuvent menacer leur mission. Ils craignent souvent de se tromper, de retenir des solutions malencontreuses. C’est ce qu’exprimait bien, au XIXe siècle, une prière à l’Esprit Saint du cardinal John Henry Newman. Je cite :

« Conduis-moi, douce Lumière, à travers les ténèbres
qui m’encerclent.
Conduis-moi, Toi, toujours plus avant!
La nuit est d’encre et je suis loin de ma maison.
Conduis-moi, Toi, toujours plus avant.
(…).
Si longtemps ta puissance m’a béni,
sûrement elle saura encore me conduire plus avant
par la lande et le marécage, sur le rocher abrupt et le flot du torrent jusqu’à ce que la nuit s’en soit allée…
Conduis-moi, douce Lumière ».

Quelle confiance se dégage de cette prière! Même au plus profond de la nuit, elle laisse entendre que l’Esprit Saint va permettre d’aller vers l’avenir avec confiance, de dépasser les peurs et les obstacles pour finalement parvenir à la lumière du Soleil levant. Derrière cette confiance, on sent bien l’assurance d’avoir été envoyé dans le monde par le Christ Jésus et de pouvoir pleinement compter sur son soutien. C’est ce que rendent les paroles de l’évangile du jour : « Comme tu m’as envoyé dans le monde, ainsi je les ai envoyés dans le monde. (…). Je leur ai donné la gloire que tu m’as donnée, pour qu’ils soient un comme nous sommes un, moi en eux et toi en moi. » (Jn 17, 18.22-23a)

Oui, comme les générations précédentes de chrétiens et de chrétiennes, nous sommes aujourd’hui envoyés dans le monde. Nous y avons une mission à remplir, celle du témoignage et de l’évangélisation. Sauf que les traits de cette mission en devenir ne sont pas tracés à l’avance. À cause de bouleversements socioreligieux et politiques souvent imprévisibles, cette mission doit s’adapter à des contextes différents les uns des autres. Pour être féconde, elle doit prendre des visages qui reflètent le mieux possible l’Évangile. Et c’est dans les choix à faire que nous sentons nos faiblesses et nos fragilités. Comment alors ne pas reconnaître notre besoin pressant de compter sur le soutien mystérieux de l’Esprit Saint? Comment ne pas avouer, humblement, que nous avons besoin de Lui pour relever les défis rencontrés? C’est dans cette logique que le pape François, dans son intervention du 23 mai 2021, soulignait que l’Esprit avait changé le cœur et élargi les yeux des apôtres. En effet, disait-il, « Il les a rendus capables de communiquer à tous les grandes œuvres de Dieu, sans limites, en dépassant les frontières culturelles et religieuses à l’intérieur desquelles ils avaient l’habitude de penser et de vivre ».

Sachons donc, à notre tour, compter sur l’Esprit Saint pour savoir adapter notre présence chrétienne selon les mentalités et les besoins particuliers des populations avec lesquelles nous partageons la vie!

Fr. Jean-Louis Larochelle, O.P.

PRIÈRE

Tu nous as réunis, Seigneur,
pour que nous cherchions ensemble ta volonté;
mets en nous le désir de ce qui est vrai,
tiens-nous dans ta lumière,
garde-nous dans un esprit de paix;
et quand nous aurons vu ce que tu demandes,
aide-nous à l’accomplir d’un même cœur.
Par Jésus Christ, ton Fils, notre Seigneur,
qui vit et règne avec toi
dans l’unité du Saint-Esprit,
Dieu, pour les siècles des siècles.

∞ Amen.