Homélie, samedi, 7ème semaine du Temps Pascal

27 mai 2023

Toi, suis-moi !

Aujourd’hui, le frère Jean-Louis Larochelle, O.P., nous explique que le propos central de l’évangile du jour est la diversité des parcours de tous les disciples et qu’il ne sert à rien de se comparer, car seul compte l’amour de Jésus et du prochain.
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Homélie

« M’aimes-tu? » Cette question, Jésus l’a posée à Pierre à trois reprises. C’était le cœur du récit évangélique d’hier. Aujourd’hui, nous venons d’entendre l’ordre que Jésus a ensuite donnée à Pierre : « Toi, suis-moi » (Jn 21,22). Mais Pierre était bien conscient de ne pas être le seul à être invité à suivre Jésus. En voyant le disciple Jean qui marchait à leur suite, il posa la question : « Et lui, Seigneur, que lui arrivera-t-il? »

De fait, cette question déborde la manifestation d’une curiosité passagère. Car Jean avait déjà un statut particulier au sein du cercle des apôtres : il était celui que Jésus aimait, il était celui qui avait précédé Pierre au tombeau, il était celui qui, du bateau de pêche, avait reconnu Jésus ressuscité sur le rivage. Dès lors, il n’y avait rien de surprenant que Pierre ait été intéressé par le destin réservé à Jean.

La réponse énigmatique de Jésus – « Si je veux qu’il demeure jusqu’à ce que je vienne, que t’importe? Toi, suis-moi » (Jn21, 22) – laissait entendre que les deux connaîtraient des destins différents, que les deux emprunteraient des chemins différents pour annoncer l’Évangile. À la base, ce qui comptait, c’était l’attachement profond à Jésus lui-même. Grâce à cet attachement, les deux deviendraient capables de relever les défis liés à la mission qu’il leur avait confiée.

Ce matin, nous ne pouvons pas, en tant que disciples de Jésus, entendre ce récit sans nous rappeler que nous avons eu, nous aussi, à répondre à l’invitation pressante adressée à Pierre : « Toi, suis-moi! » Nous l’avons fait parce que nous nous sommes sentis capables de dire : « oui, je t’aime, Seigneur ». Bien sûr, nos réponses, selon les moments de nos vies et les lieux de nos engagements, ont sans doute changé de ton et d’intensité. Nous n’avons pas nécessairement toujours été des héros, des témoins à imiter. Tout comme les apôtres, nous sommes passés par de grands élans de générosité pour ensuite faire l’expérience de leurs faiblesses et de leurs incohérences. Pourtant, nous sommes toujours là, habités par la volonté de manifester l’œuvre de Dieu dans l’histoire. Signe évident que l’Esprit du Seigneur nous a accompagnés et soutenus.

Par ailleurs, il faut bien reconnaître que nous avons suivi le Christ Jésus en empruntant des chemins différents. Tout comme l’ont fait Pierre, Jean, Paul et les autres apôtres. Malgré cette diversité, nos chemins devaient tous conduire à un engagement au service du Royaume de Dieu. Cette diversité de vocations, pourrait-on dire, est très bien illustrée par la liste des collaborateurs et collaboratrices sur lesquels l’apôtre Paul s’est appuyé pour répandre la Bonne Nouvelle. Du côté des femmes, pensons à Lydia, Damaris, Persis, Priscille, Phébée, Évodia, Nymphée (et j’en passe). Du côté des hommes, tout un réseau là aussi : Timothée, Marc, Silas, Barnabé, Tite, Luc, Apollos, Sylvain, Philémon… Toutes ces personnes ont répondu au Christ Jésus : « oui, je t’aime » pour ensuite accueillir sa parole : « Toi, suis-moi. » Tous ces croyants et croyantes ont cherché à servir l’Évangile dans différentes communautés chrétiennes dispersées autour de la Méditerranée. Ils ont offert leurs charismes, leurs réseaux de relations, leurs compétences diversifiées pour assurer la continuité de l’œuvre de Jésus, dans l’espace et dans le temps.

Fr. Jean-Louis Larochelle, O.P.

 

PRIÈRE

Dieu tout-puissant,
nous te prions au terme de ces fêtes pascales :
que, par ta grâce,
elles imprègnent nos actes et notre vie.
Par Jésus le Christ, ton Fils, notre Seigneur.
lui qui vit et règne avec toi
dans l’unité du Saint-Esprit,
Dieu, pour les siècles des siècles.

∞ Amen.