Homélie, vendredi, 9ème semaine du Temps Ordinaire

9 juin 2023

Qui donc est-il?

Aujourd’hui, le frère Jean-Louis Larochelle, O.P., nous invite à nous rappeler que, pour faire le saut de foi que constitue accueil de Jésus comme Fils de Dieu, les catéchètes, les missionnaires et les chrétiens dans leurs quotidiens ne sont pas livrés à eux-mêmes : la conversion est tout d’abord don de Dieu.
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Homélie

Le passage de l’évangile du jour nous renvoie à la question de l’identité de Jésus. Cette question, non seulement les scribes se la posaient, mais les disciples faisaient de même. Car il y avait, chez Jésus, un mystère difficile à percer, un mystère quasi insondable. Les gens qui l’entendaient parler et qui le voyaient opérer des miracles étaient le plus souvent déstabilisés. Qui était-il, au juste, cet homme de Galilée, ce prédicateur hors-norme et ce guérisseur? Ce qui ne facilitait pas leur quête d’une réponse précise, c’était les propos déroutants qu’il tenait : ne revendiquait-il pas une autorité de nature divine? D’ailleurs, dans ses échanges avec les scribes, ne rappelle-t-il pas ici que le Messie est beaucoup plus qu’un descendant de David, qu’il ne se réduit pas à une filiation royale terrestre? Et quand Pierre, se faisant le porte-parole des disciples pour répondre à la question posée par Jésus: « Qui suis-je aux yeux des gens? », il répond : « C’est toi le Christ, le Fils du Dieu vivant. » (Mt 16, 15) Mais, notons-le, Jésus ajoute immédiatement : « Heureux es-tu, Simon, (…), parce que ce ne sont pas la chair et le sang qui t’ont révélé cela, mais mon Père qui est dans les cieux. » (Mt 16, 17)

Cette réponse de Jésus est fort importante à retenir. D’autant plus que nous sommes pressés de témoigner de notre foi au Christ dans une société de moins en moins ouverte à la transcendance. Autrement dit, évangéliser ne se limite pas à faire des propositions rationnelles aux personnes éloignées de l’univers de la foi. L’accueil du Christ ressuscité, du Christ vivant, exige un saut qualitatif qui dépasse l’univers de l’observable et du mesurable. La conversion souhaitée repose nécessairement sur la grâce de Dieu. Le Jésus historique, la majorité des gens d’aujourd’hui le reconnaissent. Cette reconnaissance repose sur des faits observés dans l’histoire. Mais dépasser cet horizon semble maintenant très difficile pour une portion importante de la population occidentale. De fait, l’identité véritable du Christ Jésus est peu reconnue. La réaction souvent entendue l’exprime bien : « C’est trop beau pour être vrai ». Pour cette raison, toutes les communautés chrétiennes qui tiennent à proposer le Christ Jésus comme celui qui mène à une communion intime et définitive avec Dieu doivent être conscientes des résistances prévisibles. Ces résistances sont à la fois culturelles et personnelles. D’où l’importance, pour les communautés chrétiennes, de reconnaître que l’entrée dans l’univers de la foi repose non pas seulement sur un long cheminement rationnel d’ordre catéchétique, mais très largement sur un don gracieux de Dieu. La véritable identité de Jésus ne peut donc être reconnue que dans la foi. C’est ce qu’a expérimenté l’apôtre Pierre, c’est ce que nous expérimentons présentement et c’est ce que devront vivre les hommes et les femmes qui se laisseront interpeller par le mystère du Christ Jésus. Ici, toujours retourner à la parole de Jésus : « …Ce ne sont pas la chair et le sang qui t’ont révélé cela, mais mon Père qui est dans les cieux ».

Fr. Jean-Louis Larochelle, O.P.

 

PRIÈRE

Tu as voulu, Seigneur Dieu,
que par la grâce de l’adoption filiale,
nous devenions des enfants de lumière ;
ne permets pas que nous soyons enveloppés
des ténèbres de l’erreur,
mais accorde-nous d’être toujours rayonnants
dans la splendeur de la vérité.
Par Jésus Christ, ton Fils, notre Seigneur,
qui vit et règne avec toi
dans l’unité du Saint-Esprit,
Dieu, pour les siècles des siècles.

∞ Amen.