Homélie, lundi, 9ème semaine du Temps Ordinaire

5 juin 2023

Dieu aura le dernier mot !

Aujourd’hui, le frère Jean-Louis Larochelle, O.P., nous explique que la parabole dans l’évangile du jour est un appel à la confiance, à croire que le plan de Dieu manifesté par Jésus signifie que le Bien triomphe, ultimement et toujours.
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Homélie

L’histoire du salut, comme l’ont observé bien des baptisés au long des siècles, est remplie de déchirements. D’une part des incompréhensions mutuelles, des conflits dans les relations familiales et collectives, du mépris à l’endroit des étrangers, mais, en même temps, des mouvements profonds de solidarité, de soif de paix et de justice, de recherche spirituelle. Ce constat, les chrétiens et chrétiennes l’ont fait non seulement en lisant attentivement le parcours historique du peuple hébreu mais aussi en relevant les fluctuations historiques qu’a connues le christianisme depuis ses origines. Ils ont eu le sentiment que Dieu connaissait régulièrement des échecs, que son plan de salut était mal accueilli. En effet, la réception de la Bonne Nouvelle a fort souvent été marquée par l’indifférence ou par une résistance explicite. Derrière ces types de réaction, fallait-il voir un simple aveuglement spirituel attribuable à la culture des populations rejointes? Fallait-il y lire, plus profondément, un refus plus ou moins prononcé de collaborer avec le plan de Dieu?

Avec la parabole des vignerons meurtriers, nous avons une illustration de cette dynamique déroutante rencontrée au cœur de l’histoire humaine. Jésus s’y présente sous les traits du fils bien-aimé que le maître de la vigne, Dieu lui-même, envoie vers les vignerons, bref vers les chefs spirituels d’Israël. D’ailleurs ces chefs spirituels comprirent immédiatement que cette parabole de Jésus les visait explicitement. Leur aveuglement et leur méchanceté étaient dévoilés. Mais le message important que Jésus voulait faire saisir, à la fois aux autorités et à ses disciples, c’est que le plan de Dieu se réaliserait en dépit de ceux qui allaient tuer le fils bien-aimé. N’a-t-il pas dit : « N’avez-vous pas lu ce passage de l’Écriture? La pierre qu’ont rejetée les bâtisseurs est devenue la pierre d’angle : c’est là l’œuvre du Seigneur, la merveille devant nos yeux! » (Mc 12, 10-11)

Jésus annonce donc la venue d’autres bâtisseurs malgré la volonté destructrice des docteurs de la Loi et des scribes. Ces futurs bâtisseurs remplaceront les vignerons meurtriers. Pour Jésus, ce sont ses disciples immédiats ainsi que ceux qui allaient les suivre qui prendraient en charge le Royaume de Dieu. C’est là d’ailleurs une conviction que l’on retrouve dans le discours missionnaire du milieu du 1er siècle (cf. Ac 13,46; 18,6). Ainsi sera réalisé, malgré les tensions et les persécutions, le plan du salut du Seigneur. Les forces du bien et de la vie l’emporteront. Dieu aura le dernier mot.

Cet appel à la confiance en Dieu est très important dans le contexte actuel. Partout, du moins dans le monde occidental, on parle non seulement de la crise religieuse qui atteint de plein fouet les communautés chrétiennes mais de la menace de voir ces communautés disparaître dans de grandes zones géographiques. C’est là le discours que tiennent des analystes du monde religieux dans certains pays d’Europe ainsi qu’au Québec et au Canada. Malgré une telle vision apocalyptique de l’avenir, des chrétiens et chrétiennes continuent d’affirmer que le christianisme saura renaître là même où il est présentement menacé d’extinction. Ils tablent, pour parler de la sorte, sur les manifestations discrètes mais nombreuses de créativité évangélisatrice présentement observables sur le terrain, chez nous et ailleurs. Le salut de Dieu ne cesse pas de se manifester, disent-ils. Les pousses nouvelles observées stimulent leur espérance. Dans leur foi, ils s’appuient explicitement sur la parole de Jésus : « La pierre qu’ont rejetée les bâtisseurs est devenue la pierre d’angle : c’est là l’œuvre du Seigneur, la merveille devant nos yeux! » Puissions-nous faire nôtre cette parole!

Fr. Jean-Louis Larochelle, O.P.

 

PRIÈRE

Que ton saint martyr Boniface intercède pour nous Seigneur :
donne-nous de garder fermement et de professer sans crainte,
par toute notre vie,
la foi qu’il a enseignée par sa parole
et qu’il a scellée de son propre sang.
Par Jésus Christ, ton Fils, notre Seigneur,
qui vit et règne avec toi
dans l’unité du Saint-Esprit,
Dieu, pour les siècles des siècles.

∞ Amen.